Aux assises, les témoins ajoutent du doute au chaos
Les amis d’Ichem Guerriche ont défilé à la barre hier, sans parvenir à apporter une version claire des évènements ayant mené au décès du Fréjusien
De mémoire de sapeur-pompier, Erwan H. n’a que rarement vu ça. « Une intervention de la sorte, ça marque, ça choque. Ce que j’ai vu, c’est pas beau...» Et pour cause, lorsqu’il découvre Ichem Guerriche au sol sur le parking de la discothèque Le Colisée à Saint-Raphaël le 29 août 2015, il voit une victime au « visage déformé, avec un trou dans la tête ». Mort par asphyxie, étouffé par son propre sang après un grave traumatisme facial, le Fréjusien a été lynché.
« Je ne l’ai jamais touché »
Mais dans le marasme d’une fin de nuit chaotique, où les blessés à des degrés divers sont nombreux – onze ont comptabilisé les policiers – difficile de savoir qui a fait quoi. Et si les accusés Fahd Aachemi Raouafi, Mehdi Ben Makken et Jérôme Mughisa ont reconnu une altercation avec Ichem Guerriche et ses amis, ils ont nié une nouvelle fois avoir frappé la victime. « Je ne l’ai jamais touché », a ainsi répété Mehdi Ben Makken, avouant tout de même avoir donné un coup de poing à quelqu’un ce jour-là, mais sans pouvoir identifier quiconque. La cour d’assises du Var, qui cherche à savoir depuis lundi qui a pu porter les coups mortels à Ichem Guerriche, espérait s’approcher hier de la vérité grâce à l’audition de huit témoins
Une enquête sur les liens entre police et population
Rendez-vous est donné sur le site « eqp.fr » pour participer à une enquête sur la qualité du lien entre la population et les forces de sécurité intérieures. « L’amélioration de la qualité du lien entre la population et les policiers constitue un objectif stratégique de la direction générale de la police nationale, indique la direction départementale de la sécurité publique. [Cette étude] constituera l’un des outils d’évaluation et d’aide au management des services, dans le cadre de la politique de la sécurité quotidienne et du programme transparence de l’État. » Cette enquête, qui porte également sur la gendarmerie, est réalisée par une équipe de chercheurs de l’université de Savoie. Anonymat garanti. directs. Peine perdue, les amis de la victime ne sont pas parvenus à fournir une version claire des évènements. Certains assurant même une chose puis son contraire durant leur déposition, selon qu’ils s’adressaient au président Guissart ou aux avocats de la défense. Tout en se contredisant par rapport à leurs auditions devant les policiers... « J’ai vu six ou sept personnes frapper Ichem », affirmait ainsi Marouan D. aux enquêteurs en 2015. « J’ai vu de loin des gens s’en prendre à lui, précise-t-il aujourd’hui. Quand je suis monté au parking, il n’y avait plus personne. » Mis devant ses contradictions, il lâche : « Je n’ai vu personne frapper Ichem ! J’ai vu du mouvement, et en m’approchant j’ai vu qu’il était au sol...» Pour sa défense, la cohue qui régnait depuis plusieurs minutes déjà – lui-même ayant été « gazé » par les vigiles de la discothèque – peut expliquer en partie ses hésitations.
Des coups de partout
« C’était un vrai carnage, il y avait du monde au sol de partout », précise Thomas B., l’un des premiers à porter secours à Ichem. « Après votre arrivée auprès de lui, et durant la deuxième rixe, des coups lui ont-ils été portés au sol ? », questionne la défense. « Sûrement. J’ai vu des coups portés de partout. » Problème pour l’accusation, à ce moment-là, les trois accusés affirment avoir déjà quitté la scène de crime. Seul Thibault B., présent lors de l’altercation initiale, puis revenu sur le parking alors qu’Ichem Guerriche était déjà au sol, affirme que son ami n’a pas été frappé par la suite. Du moins en est-il sûr, jusqu’à ce qu’il se fasse prendre à partie lors de la deuxième bagarre. « Je ne pouvais pas me défendre et regarder Ichem. Ça frappait dans tous les sens... Je ne me souviens plus de l’ordre des choses. Il se passait trop de trucs, il fallait voir ça...» La cour devra attendre demain et la déposition de Fabien S., présent lors de l’agression et lui-même victime, pour y voir peut-être plus clair.
Laura C., qui avait disparu vendredi à Aups, a été retrouvée « saine et sauve », a annoncé la gendarmerie du Var. L’adolescente âgée de ans avait fait l’objet d’un appel à témoins largement relayé par les médias locaux et sur les réseaux sociaux (nos éditions du novembre). La gendarmerie n’a pas précisé les conditions dans lesquelles la jeune fille a été retrouvée. L’avis de recherche évoquait une fugue après la sortie du collège d’Aups.