Voyage, voyage au... bout de l’envie avec PPDA
Patrick Poivre d’Arvor ne peut pas s’empêcher d’écrire. Il revient avec une déclaration d’amour à sa Bretagne et un roman sur La Fayette. Idéal pour briser le silence.
Il lit. Écrit. Il lit. Écrit. Sans relâche. Vient de dévorer L’Anomalie, roman signé Hervé Le Tellier (Gallimard), où la logique rencontre le magique. Où l’auteur explore cette part de nous-mêmes qui nous échappe. Comme lui échappe au temps qui passe... À 73 ans, Patrick Poivre d’Arvor cultive son franc-parler sans pesticide. Déjà qu’hier le journaliste n’avait pas sa langue dans sa poche, aujourd’hui, à l’image d’un vieux héros, il libère sa parole. «Jen’ai plus rien à perdre, alors je dis ce que je pense. » Encrant des pages. À force d’affection. Les partageant à la pointe de sa plume. Parfois sucrée, parfois salée. Comme dans Unique. Mais pas exclusif en son « fort » intérieur. Là où se mêlent tant de châteaux, du haut desquels il contemple le monde noyé sous les bruyères... « Ce n’est pas parce que je déclare ma flamme à la Bretagne que je la réserve à cette seule Bretagne. Je pense, par exemple, à votre région, le Sud. Quel bonheur. Il faut vraiment que les Français redécouvrent leur pays. Avec envie. Il est tellement beau ! » Las, la parenthèse estivale refermée, les frontières des régions sont désormais verrouillées. Le baguenaudage proscrit. Soumis aux humeurs morbides du virus... « Je n’aime pas cette période très fruste, pour reprendre les mots du Président de la République. J’aurais préféré un couvre-feu adapté plutôt que ce confinement... » Coincée à Paris – « c’était plus civique » – l’éternelle star du JT de TF1 est forcément nostalgique de l’avant Covid. Et même s’il ne présente plus l’info à 20 heures tapantes, rien ne l’empêche de la décrypter. « On se rend compte qu’il y a moins d’acceptation qu’en mars dernier. Les rapports humains deviennent électriques. Il suffit de voir avec les petits commerces. Leur fermeture fera le jeu des géants du Net, comme Amazon. C’est complètement absurde... » Vent debout, l’animateur de Vive les livres ! sur CNews souffle le chaud sur cette crise inédite. Parfois propice au show organisé du petit écran, 24 heures sur 24... « J’aime bien les gens flamboyants. » Pas étonnant qu’il se soit penché, aussi, sur le destin de Gilbert de La Fayette. « Ce roman sort en Poche. Je raconte l’attirance qui existait entre ce héros, ce personnage formidable, et la reine Marie-Antoinette. Une histoire jamais explorée, romancée mais dont les faits sont exacts... » Un général inspirant. Parti défendre l’indépendance américaine. Comme lui pourrait aussi partir, sans fusil mais avec un stylo, trouver un nouvel Eldorado. Ses îles Marquises. Berceau où s’endormir paisiblement sur la chanson des vieux amants... Il y pense tout en se courbant sur une énième perle de son chapelet littéraire. « Je travaille sur un nouveau livre. Je ne peux pas m’en empêcher. Ce sera sur les gens qui ont choisi de s’exiler à l’autre bout du monde. Les Brel, Gauguin, Moitessier, Stevenson, de Kersauson. J’ai de l’admiration pour eux... » Au point de leur emboîter le pas léger ? « Je m’interroge. Il n’est pas trop tard. Vivre à un autre rythme. Apprendre à mieux vivre... » La valise est dans l’entrée. Les clés sur la porte. Mais il y a encore de la lumière dans la cabane. Patrick Poivre d’Arvor n’a pas abouti son voyage immobile. Seulement l’encrier vide, il sera temps de perdre pied. Oser affronter le sens d’une longue traversée. Aussi belle et torturée que le corps de l’île de Sein en pleine tempête...
Il ne sert à rien d’ajouter de l’anxiété à l’anxiété...”
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