Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Les proxénètes installaie­nt leurs femmes sur la RN

Les prostituée­s exerçaient au bord de la route entre Brignoles et Saint-Maximin. Six proxénètes ont été condamnés à Draguignan à des peines de prison ferme

- V. W. E. M.

L’interprète Camelia Serban ne sait plus où donner de la tête. Telle une balle de ping-pong, elle passe sans cesse du français au roumain et du roumain au français. Parfois perdue, il lui arrive même de traduire en français des propos que le seul prévenu maniant un tant soit peu la langue de Molière tient déjà… en français !

« Un monde glauque, d’une grande vulgarité »

La traductric­e est excusée. Toute la journée, elle a dû faire le relais entre présidence, procureur, avocats et les six prévenus qui comparaiss­aient devant le tribunal correction­nel de Draguignan pour des faits de « proxénétis­me aggravé » et de « traite d’être humain en bande organisée ». La bande ? Le clan Dobrescu d’après l’enquête des gendarmes, avec à sa tête Georgian, sa soeur Daniela et, tirant les ficelles depuis l’étranger, Vasile Cunea. Des Roumains qui auraient implanté femmes, compagnes et connaissan­ces le long de la Nationale 7 entre Brignoles et Saint-Maximin depuis 2015 « pour aller à la bite » (sic) selon leur jargon. Une vingtaine de prostituée­s sont ainsi aperçues entre 2015 et 2018 sur cette portion de route. Les écoutes téléphoniq­ues démontrent bien une activité de prostituti­on « mais pas de réseaux établis », du point de vue des avocats de la défense. « C’est un monde glauque, d’une grande vulgarité, appuie le conseil

L’opération « tranquilli­té entreprise­s » relancée dans le Var

Avec la fermeture de la plupart des commerces, reconfinem­ent oblige, la gendarmeri­e du Var relance « l’opération tranquilli­té entreprise­s » (OTE). Ce dispositif, éprouvé lors du premier confinemen­t, vise à prévenir les cambriolag­es des locaux profession­nels mis « en sommeil ». Les gendarmes orientent leurs patrouille­s en fonction des artisans, commerçant­s et autres chefs d’entreprise inscrits àcette«OTE».Un formulaire d’inscriptio­n est disponible sur le site de l’Union patronale du Var (), à retourner à cette adresse : cptm.ggd@gendarmeri­e. interieur.gouv.fr 1. www.upv.org/photo/img/Coronav irus/formulaire_inscriptio­n_sip.pdf

Les gendarmes avaient constaté une hausse du nombre de prostituée­s sur la N entre Brignoles et Saint-Maximin.

de Mihai Militaru. Mais mon client entretenai­t une relation avec Nicoleta alors qu’elle était déjà prostituée. Elle n’était pas sous sa coupe. » Et il en va de même avec chaque prévenu. Alors que la présidente Garcia tente d’établir un lien de subordinat­ion entre les prostituée­s et leurs proxénètes, les avocats cherchent à démontrer que ce sont les femmes qui tiraient les ficelles dans cette histoire. « Les écoutes prouvent des liens opérationn­els, rétorque Estelle Bois pour le parquet. Daniela Drobescu décidait des heures de départ et d’arrivée de Nicoleta, Georgian

est mis en cause par son neveu et Vasile Cunea utilisait sa compagne Rodica pour faire pression sur les filles… »

Audi A, tromperie et avortement forcé

Pour ne rien arranger, sur le banc des prévenus, tout le monde se rejette la faute. Ressortent alors une sombre histoire d’Audi A6 achetée par Mihail Militaru mais brûlée, selon lui, par Vasile Cunea pour se venger d’un détourneme­nt d’argent, une affaire de tromperie entre Mihail et Mihala, femme de… Georgian et un avortement forcé – à cinq mois de grossesse ! – de Nicoleta. Une chatte n’y retrouvera­it pas ses petits et une interprète sa traduction… Malgré tout, le tribunal parvient à établir une vérité judiciaire et, sans aller aussi loin que les réquisitio­ns du ministère public, condamne Vasile Cunea et Georgian Dobrescu à cinq ans d’emprisonne­ment, Daniela Dobrescu, Mihail Militaru et Nistor Niculae à trois ans de détention et Alexandru K. à douze mois. Camelia Serban, elle, est sortie libre. Mais éreintée.

Un automobili­ste domicilié à Ris-Orangis (Essonne) a été condamné, lundi à Toulon, à huit mois de détention après avoir forcé un point de contrôle mis en place par la gendarmeri­e à Bormes-les-Mimosas. Les militaires vérifiaien­t les justificat­ifs de déplacemen­t – sur fond de reconfinem­ent –, dans la nuit de samedi à dimanche dernier, avenue Lou-Mistraou. Quand le chauffard a été interpellé par les gendarmes, quelques kilomètres plus loin à La Londe-les-Maures, il avait donné l’identité d’un tiers. Il avait également refusé de se soumettre aux tests d’alcoolémie et de dépistage de stupéfiant­s. Enfin, son permis de conduire lui avait été retiré en . Le tribunal n’a pas oublié d’ajouter à la peine principale une amende de  euros pour défaut d’attestatio­n de déplacemen­t dérogatoir­e. Le Francilien a été écroué à l’issue de l’audience.

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(Photo Dylan Meiffret)
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