Var-Matin (La Seyne / Sanary)

JOURNÉE, AGEN - TOULON, SAMEDI À  H ) Agen, les raisons d’une chute

Rois de l’esprit commando et du maintien depuis trois saisons, les Agenais sont cette année en grande souffrance. Ils n’avaient pourtant jamais aussi bien recruté. Explicatio­ns

-  OLIVIER BOUISSON

Au printemps dernier, rares sont les clubs à avoir profité de la crise sanitaire. Avec ses petits salaires, pris en charge en majeure partie par le chômage partiel, le SU Agen est de ceux-là. À l’intersaiso­n, lorsque le club a annoncé les recrutemen­ts de Camille Gérondeau et Victor Moreaux (Castres), Jean-Marcellin Buttin (Lyon) et Gabriel Ibitoye (Harlequins), star anglaise en devenir, on pouvait légitimeme­nt penser qu’une fois encore, le club lot-et-garonnais laisserait les deux places de cancres du Top 14 à d’autres. Comme il en a pris la bonne habitude depuis sa remontée dans l’élite en 2017. Mais après huit journées de championna­t, les Agenais portent seuls le bonnet d’âne.

Autogestio­n et nouveau staff

La faute à une première partie de championna­t catastroph­ique, avec huit défaites en autant de matchs. Et quatre revers à domicile face à Castres, le Stade Français, Bayonne – un adversaire direct pour le maintien – et Lyon. Alors que les années précédente­s, les Agenais parvenaien­t à faire plier bon nombre de gros chez eux, cette année ça ne passe pas. En conséquenc­e, le staff a été remercié après la lourde défaite à 71 pts à Bordeaux (7e journée). Placés en autogestio­n, les joueurs ont livré une partie pleine d’envie le week-end dernier face à Lyon (16-19). Insuffisan­t pour l’emporter mais assez pour se rassurer. « On va essayer de surfer cette semaine sur cette autogestio­n pour que le staff arrive dans de bonnes conditions après le match de Toulon. Mais j’ai confiance, je sens que quelque chose de bien se passe » ,estime le président, Jean-François Fonteneau. Dès la semaine prochaine, Régis Sonnes prendra les rênes de l’équipe avec ses adjoints, Djalil Narjissi et Sylvain Mirande, tous des anciens joueurs du SUA. Si on peut attendre un effet « électrocho­c » par la suite, la question est de savoir si le squad agenais est suffisamme­nt armé pour sauver sa tête. Et à regarder de plus près l’effectif actuel, on se dit que ça va être compliqué. Première raison : une fuite régulière des talents qui ressemble à une inexorable hémorragie (lire ci-dessous). S’y ajoute la perte successive des deux capitaines, Antoine

Erbani et Antoine Miquel, qui, s’ils n’ont pas percé ailleurs, incarnaien­t à merveille l’esprit commando d’un groupe focalisé sur l’objectif maintien.

Un centre de formation pillé

Pour réussir son entreprise et n’ayant pas l’argent pour rivaliser avec les grosses écuries du Top 14, Agen mise sur sa formation. Ainsi, lors de la saison 2016-17 qui marqua sa remontée dans l’élite, le club s’est vu décerner le prix du meilleur centre de formation du rugby français. Et doubla la mise l’année suivante au nez et à la barbe du Stade toulousain. Logiquemen­t, plusieurs Agenais ont été sacrés champions du monde U20 en 2018 (Laporte) et 2019 (Burin, Maravat, Hocquet). Ce statut de fabrique à champions a appâté les meilleurs recruteurs du Top 14, qui ont attiré dans leurs filets quelques jeunes pépites en leur proposant de doubler leur salaire. À ce jour, le groupe Espoirs du RCT compte l’un de ces

TOP 

journée jeunes talents agenais à fort potentiel : le pilier Eliott Yemsi.

À son tour ?

À l’instar de Bayonne, Brive, Oyonnax, Grenoble ou Perpignan qui font régulièrem­ent le yo-yo entre la Pro D2 et le Top 14, le club qui possède le plus petit budget de l’élite se rapproche fatalement d’une redescente à l’échelon inférieur. Dès cette année ? Samedi, le RCT serait bien inspiré de fournir une partie de la réponse...

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(Photo Luc Boutria) Comme ici en novembre , Agen a toujours donné du fil à retordre au RCT.
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