Les dessous du Crazy Horse avec la Niçoise Mika Do
Depuis 2009, la Niçoise a intégré la troupe du célèbre cabaret parisien, le Crazy Horse. Elle revient sur ses premiers pas, ses bonheurs, ses coups de coeur et ses projets. Lumières !
Drôle de monde moderne. Où les camions de dépistage Covid remplacent les food trucks. Où les visages se dissimulent derrière des bouts de tissu. Où le soleil, vert, ne réchauffe plus les âmes, grises... Drôle de monde. Orphelin d’embrassades. Aux grilles de fer tirées sur les petits commerces. Aux rideaux rouges tombés, en pluie de plis, sur nos théâtres, cinés et cabarets. Muets... À moins de se réinventer. De renouer avec la lumière, sous d’autres sphères. Tel est le pari du Crazy Horse. Aux belles en selle, quotidiennement, sur Instagram. Un virage numérique. Homérique. Parfois électrique. Pas pour déplaire à un satané petit ange niçois. Mika Do. Croustillant biscuit scénique. Vedette de l’institution parisienne depuis 2009. Une Mikette – comme on la surnomme au 12 avenue Georges V à Paris – bien dans ses baskets. En dépit d’un confinement envahissant. Limite angoissant... « On traverse une période sombre. Ça fait mal au coeur. Mais je me dis que, comme en amour, ce n’est qu’un break. Que je reviendrai plus forte encore... » Olivia, son prénom à la ville, a vécu tellement de vies qu’elle ne se brisera pas les ailes sur des épines de chagrin. Avec son bataillon de beautés cosmopolites, elle a relevé le défi de l’éternité. Sur les réseaux. Dont elle a été la première ambassadrice et sur lesquels elle reviendra le 17 novembre. « J’ai ouvert les hostilités. Il y avait un mélange de stress et d’émotion... » Là, dans la ouate du saloon vidé de son effervescence, Mika Do a baladé sa parfaite plastique. Faisant visiter le temple de feu Alain Bernardin à un public dématérialisé... « C’était très informatif. Le prochain sera un tuto maquillage. » Une autre corde à son arc d’amazone. Elle a tant bourlingué depuis ses premiers entrechats sur la promenade des Anglais. « J’ai débuté la danse à quatre ans. Du classique. Ensuite, j’ai touché à tout. » À une école de spectacle, sous la coupe d’une ancienne Clodette. « C’est elle qui m’a donné le goût de la scène ! » Pas encore du Crazy. Un reportage télé changera la donne. Comme une révélation. Sans incantation. « Quand j’ai vu ces créatures sublimes, irréelles, j’ai eu le coup de foudre. De coeur. Je me suis dit : ‘‘C’est là que je veux être’’ .» Tenace, soutenue mordicus par ses parents – « nous sommes fusionnels » – l’ado s’est promis d’accéder à l’inaccessible. Step by step... À 18 ans, elle intègre donc la troupe du Sacré Montmartre, à Trans-enProvence.
Elle apprend. Se nourrit des artistes. S’ouvre et se révèle. Toujours avec cette étincelle dans un coin de sa tête... Ce rêve de métamorphose, sous la lune éclairée du western citadin où la femme porte le flingue à la ceinture pailletée, elle l’étreindra enfin, en 2009. À peine ses vingt et une bougies soufflées. Au crépuscule d’un casting impitoyable...
Des débuts pas évidents
« J’étais dans un état de dingue se souvient-elle. À la fois excitée et fébrile. J’avais à peine deux minutes pour convaincre sur une musique inconnue. C’était fou ! » Si fou que Mika Do sera recrutée. Et pourtant, il y avait un minuscule grain de sable dans le chausson. « Je peux l’avouer aujourd’hui : quand je suis passée sous la toise, je n’avais pas la taille requise. Mais j’ai eu ma chance. »
Une semaine après, tout s’est emballé. À l’étoile, Paris. La course au logement. Les répétitions. À en pleurer. « On répétait les chorégraphies de 10 heures à 18 heures. Mon corps avait mal. Les débuts n’ont pas été évidents... » Mais les anciennes lui ont tendu la main. Tenu la main. Solidaires jusqu’à ce que l’aube les emporte. « Et c’est devenu magique. Devant le public, tu oublies tout. Tu es quelqu’un d’autre ! » La crazy girl a tombé le haut. S’est mise à nu. Sans appréhension. Intégrant cette famille avec fierté et dévotion. Consciente d’être un objet du désir. Un fantasme. Une ombre sensuelle à caresser du regard... « On conserve une part de mystère.
Mais on autorise aussi les gens à rentrer un peu dans notre monde. On évolue avec notre temps. Et on se rend compte qu’il y a beaucoup d’amour, de bienveillance... » Une éternité de sentiments pour les filles à la proue de cette immobile caravane d’élégants saltimbanques. Dont elle devra descendre un jour, au ciel bas. «Jenepense pas au dernier show, mais à l’après. Théâtre, cinéma, peu importe. Je m’autorise à y croire... » Àlacomédie. Aux planches. Aux répliques. « Il y a des projets qui se peaufinent. » De l’autre côté du miroir du Crazy Horse. Son refuge. À jamais...
Quand j’ai vu ces créatures sublimes, j’ai eu le coup de foudre...”
‘‘ Devant le public, tu oublies tout. Tu es quelqu’un d’autre”