Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Drogue, vengeance et téléphone portable à la maison d’arrêt de Draguignan

- V. W.

Nafsy B. parle à toute vitesse. « J’ai un cerveau, il va à 2000 », s’excuse-t-il presque. Trop vite pour le tribunal qui a du mal à le suivre. « Mais je ne suis pas un enfant. Quand je fais quelque chose, j’assume. Contrairem­ent à d’autres… » Alors, oui, le cannabis retrouvé dans sa cellule de la maison d’arrêt de Draguignan à l’issue de trois fouilles entre le 8 et le 15 juin est bien à lui. Enfin, presque…

« Le soir, j’ai des envies d’évasion »

« Sur les cinquante grammes, il y en a seize qui ne sont pas à moi ! Et jamais je ne revends, c’est juste pour ma consommati­on personnell­e. Car vous comprenez, le soir, j’ai des envies d’évasion. Mais comme je ne vais pas faire venir un hélicoptèr­e, je m’allume un pétard… » Les éléments de téléphones portables, retrouvés dans sa cellule et dans celle concomitan­te, en revanche, ne lui appartienn­ent pas. «Les gars, soyez des grands garçons, parlez… », implore-t-il à ses co-prévenus. Il y a là son compagnon de « chambrée », Tony K., le seul à être assisté d’un avocat, ainsi que leurs « voisins »,

Julien S. et Sami E. – surnommé « Thauvin » Le quatuor, déjà en prison pour des histoires de drogue – sauf Julien S. qui y est pour vol – est poursuivi par le tribunal de Draguignan pour cession et usage de stupéfiant­s dans une enceinte administra­tive, ainsi que pour recel de téléphone portable. Au fil des débats, se dessine une simple histoire de vengeance, entre Julien et Nafsy. Ce dernier aurait été dénoncé aux gardiens car il n’avait pas réglé assez rapidement le paiement d’un téléphone portable… Nafsy, auquel Julien et Sami achetaient par ailleurs de la résine de cannabis… « J’ai l’impression de passer pour Pablo Escobar alors que je ne me suis fait pas un euro dans cette histoire… », souffle le principal mis en cause.

La gouaille ne paie pas

Tony dément lui aussi tenir le rôle de vendeur. « Ila peur de Nafsy, explique Me Sabrina Guers. On a voulu croire à un réseau, mais en fait il n’y a qu’un seul homme à mettre en cause concernant la drogue. Mon client a reconnu le recel de téléphone, et pour cela il a pris vingt jours de mitard ! Il a déjà payé. » Sami et Julien reconnaiss­ent l’usage de stupéfiant­s et le recel des téléphones portables. Nafsy réfute la cession. Mais à croire que ses arguments et sa gouaille n’ont pas convaincu. Le tribunal le condamne à 24 mois d’emprisonne­ment. Tony écope, lui, d’un an supplément­aire. Pour Sami et Julien, la présidente prononce une peine de six mois. Tous, évidemment, sont maintenus en détention.

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