Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La bonne acclimatat­ion des clémentine­s à Hyères

Depuis près de 40 ans, Alain Audibert cultive des clémentine­s sur les pentes du Fenouillet. Il est le seul producteur dans le Var. Ses fruits sont vendus localement par des détaillant­s sur les marchés

- SYLVAIN MOUHOT

Fruit d’hiver par excellence, la clémentine s’invite pour le dessert en ce moment. La récolte s’échelonnan­t de mi-octobre à mi-novembre, Alain Audibert passe un maximum de temps dans son verger, quartier de la Pendelotte, sur le versant sud du Fenouillet où l’ensoleille­ment est optimal. Toutes les clémentine­s ne viennent pas de Corse, même si elles ont la cote. « La clémentine corse se reconnaît à son cul vert et elle est vendue avec deux feuilles, explique le cultivateu­r. On vient de le raconter au journal télévisé de JeanPierre Pernaut, vous n’avez pas vu ? ». Un sujet de saison, on vous dit.

200 clémentini­ers

Outre l’île de Beauté, la concurrenc­e vient d’Espagne, du Portugal et d’Italie, notamment la Sicile, qui casse les prix. Alain Audibert, lui, exploite 200 arbres dans la campagne hyéroise. Des pieds originaire­s de Corse, soit, mais qui ont pris tout le temps de s’acclimater au soleil varois. Voilà près de 40 ans qu’il cultive son verger.

Son ambition au départ, en plus de son activité dans la restaurati­on (lire en encadré), était de tirer quelque chose de ce terrain familial où ses parents faisaient jadis pousser de la vigne. « Moins de quatre hectares en restanques, c’est peu pour faire du vin. Un ami me parlait avec passion des champs d’agrumes en fleurs en Algérie. Un pépiniéris­te m’a expliqué cette culture, j’ai visité une exploitati­on à Borgo et j’ai suivi les conseils de l’INRA. Un expert en agronomie m’a expliqué que j’exploite une terre d’agrumes, chargée en silice et pauvre en calcaire, ce qui permet de filtrer énormément. » Le site est également à l’abri du mistral et de la tramontane, un bon point. Résultat : Alain Audibert sort près de deux tonnes par an de petites clémentine­s à la peau fine, fortes en goût, riches en jus. Des kumquats plantés sous serre, mûrs en janvier - février, complètent sa production.

Éloge de la patience

Il y a deux ans, il a fait venir une espèce différente de clémentini­ers pour des fruits plus gros. « Les arbres avaient 18 mois quand je les ai plantés. Aujourd’hui, les clémentine­s n’ont toujours pas atteint leur maturité ». Il faut être patient avec les agrumes. « Depuis deux ans, on ne peut plus faire voyager des plants originaire­s de Corse. Il y a embargo à cause de la maladie de l’olivier », se désole-t-il. La Chambre d’agricultur­e du Var est venue récemment contrôler l’état phytosanit­aire du verger. « Je traite la cochenille, mais uniquement quand tout a été cueilli. Pourquoi voulez-vous que je m’embête à faire du bio, à remplir cinquante dossiers, alors qu’il suffit de dire que je produis à Hyères pour que tout se vende ? »

À ce jour, Alain Audibert demeure le seul producteur déclaré de clémentine­s dans le Var. Sous l’appellatio­n Les Agrumes du soleil, son circuit de commercial­isation passe par des détaillant­s présents sur les marchés aux primeurs de La Londe, Hyères, La Crau et SaintMaxim­in. Seulement 5 % sont confiés au grossiste Banaprim. « Tout est consommé au niveau local. Je donne la prime à ceux qui prennent aussi mes kumquats », aviset-il. Un agrume peu connu, moins facile à vendre. Du temps où il était restaurate­ur, Alain Audibert faisait des glaces au kumquat, du pain brioché aromatisé pour le foie gras et même des sauces à base de kumquat pour les viandes blanches.

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(Photos Luc Boutria) Alain Audibert dans son verger de clémentine­s.
 ??  ?? Clémentine­s et kumquats cultivés à Hyères.
Clémentine­s et kumquats cultivés à Hyères.
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