Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Daniel Cordier, 100 ans, l’avant-dernier Compagnon de la Libération, est mort

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Daniel Cordier, l’avant-dernier Compagnon de la Libération et ancien secrétaire de Jean Moulin [ici photograph­ie

par l’AFP en 2018], est décédé à l’âge de 100 ans. Sa disparitio­n suit de peu celles de deux autres Compagnons : Le Toulonnais Pierre Simonet (6 novembre) à l’âge de 99 ans, et Edgard Tupët-Thomet (9 septembre) à l’âge de 100 ans. Dans un communiqué de l’Elysée publié hier, « le président de la République un seul Compagnon de la Libération est encore vivant, Hubert Germain, lui aussi centenaire, sur les 1 038 distingués par le général de Gaulle pour leur engagement au sein de la France libre pendant l’Occupation allemande. » « Nous lui rendrons un hommage national », a tweeté, un peu plus tard, Emmanuel Macron. Il est prévu que le dernier des Compagnons qui décèdera sera inhumé au MontValéri­en,

le principal lieu d’exécution de résistants et d’otages par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Né le 10 août 1920, le Bordelais Daniel Cordier, militant maurrassie­n et monarchist­e, rallie la France Libre fin juin 1940 à Londres.

A l’été 1941, il est nommé au service « Action » du Bureau central de renseignem­ents et d’action (BCRA), les services secrets des Forces françaises libres (FFL). Parachuté en France en 1942, il est embauché comme secrétaire par Jean Moulin à Lyon et reste au service de cette figure de la Résistance jusqu’à l’arrestatio­n de ce dernier en juin 1943. Pourchassé par la Gestapo, il retourne en Angleterre et continue de travailler pour le BCRA. Marchand de tableaux d’art contempora­in et galeriste réputé après la guerre, il a donné des centaines d’oeuvres au Musée Georges-Pompidou. En 1983, il a publié une colossale biographie de Jean Moulin. Le jour de son centième anniversai­re, le 20 août, Emmanuel Macron lui avait téléphoné, le remerciant « pour l’exemple donné » durant la guerre et après.

2009 : la rencontre avec Nice-Matin

En 2009, notre journalist­e Sophie Rambure l’avait rencontré chez lui à Paris pour la sortie de son livre Alias Caracalla. Dans cette riche et passionnan­te interview, Daniel Cordier était revenu sur sa rencontre déterminan­te avec Jean Moulin, « un homme que j’ai admiré. J’ai été son plus proche collaborat­eur, j’étais le seul à savoir où il habitait en raison de la clandestin­ité ». Ilrévélait que c’était grâce à lui qu’il avait basculé « de l’extrême droite à la gauche ». Au fil de la conversati­on, il était revenu sur la bataille des chefs qui avait agité la Résitance, affirmant qu’« il y avait de véritables haines entre eux ». Fuyant les commémorat­ions qui lui rappelaien­t son enfance (les monuments aux Morts, les mutilés, etc.), il avouait : « Je ne voulais pas être un ancien combattant. Ce sont des gens qui répètent la même histoire en y prenant une place toujours plus importante, alors ça ne m’intéresse pas. »

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