Ventes de sapin de Noël, bienvenue en absurdie
Depuis ce week-end, la vente de sapin est autorisée. Pourtant, dans les commerces varois, les clients ne se bousculent pas. D’autant que les décorations ne sont disponibles qu’en... click and collect
Cléa lâche la main de son papa pour toucher les sapins. Très démonstrative, cette petite tête blonde est aussi soulagée que les professionnels du secteur. Eux, le sont plus intérieurement. Des sapins. À un mois de Noël. Depuis avant-hier, la vente de ces produits jugés donc comme ‘‘essentiels’’ a été autorisée par décret. Mais autant dire que ce n’était pas le gros engouement, hier, pour s’en procurer. Moins que pour la Play Station 5, sortie cette semaine en ligne… Pourtant, dans une majorité des commerces de l’Est-Var, ces arbres sont déjà alignés. En rang, comme à l’armée. Prêts à conquérir les salons.
Dans cette pépinière fréjusienne, Jacqueline a ses habitudes chaque année. « J’ai lu hier qu’ils étaient en vente, alors en revenant des courses, j’ai fait le détour. Ça sera mon occupation pour demain. » Cléa, elle, n’a pu que les toucher. Ses parents, Jérôme et Estelle, étaient surtout venus acheter de la nourriture pour chien.
Les sapins devenus un sujet épineux
D’ordinaire bavards au moment d’évoquer les sapins et les décorations, les employés de cette enseigne bien connue du secteur n’ont pas souhaité trop en parler cette fois, se contentant d’un « c’est assez calme ».
Comme si ce sujet était devenu aussi épineux qu’un sapin. Pour les clients, ce n’est pas le cas. Myriam, 42 ans, « attend que Noël se lance, malgré le climat en France. Pour moi, cette fête, c’est plus les décorations en ville, dans les maisons que les cadeaux ou le repas. » Pas de sapin naturel à acheter pour elle, elle a succombé depuis quatre ans à celui en plastique. Concernant les illuminations urbaines, même si elles sont déjà été installées, il faudra attendre le premier week-end de décembre pour les voir scintiller en ville. Chez Villaverde, autre commerce fréjusien, les sapins ne sont pas encore là. « La livraison est prévue cette semaine, précise Mickaël Voilliot, directeur du magasin. Nous les recevons tous les ans aux alentours du 20 novembre. Le confinement n’a rien changé. À part peutêtre un peu plus de questions des clients pour connaître la date de mise en vente. » Des habitués venus ici pour les produits jugés ‘‘essentiels’’ (animalerie, jardinerie…) mais pas pour les autres (décoration, librairie, jouets…). Ces derniers étant seulement disponibles en click and collect.
Un sapin oui, mais nu et sans les boules
Ce n’est pas pour autant que le magasin n’a pas revêtu ses habits de fêtes. En rouge et blanc.
Jusqu’à, nouveauté cette année, des rubalises aux mêmes couleurs. Les rayons destinés aux fêtes de fins d’année sont garnis mais inaccessibles. Tout est installé mais interdiction de toucher. Comme si le Père Noël avait livré les cadeaux tard le 24 décembre au soir, mais qu’il fallait attendre minuit et le 25 pour les ouvrir...
Chose rare pour être soulignée, les articles de Noël bénéficient déjà d’un rabais de 20 %. Comme un air de début janvier souffle ainsi sur le magasin au moment de limiter les stocks. « Nous avons été incitatifs dès les premiers jours car cette année sera de toute façon moins bonne. Notre saison se joue de fin novembre à mi-décembre. Ensuite le budget des familles est destiné aux cadeaux et à la nourriture », poursuit le responsable. Au Géant Casino de Fréjus, difficile de se croire à un mois du réveillon. Seule une prestataire habillée en violet pour une marque de chocolat, s’époumonant pour nous vendre son calendrier de l’Avent, nous le rappelle. Notre question (« Vendez-vous des décorations de Noël ? ») exaspère une vendeuse. « Non » est sa réponse, avant de soupirer, une fois le dos tourné, en s’adressant à sa collègue : «Ça fait dix fois qu’on me demande ça depuis ce matin ».
Tandis qu’à Gifi, les guirlandes et boules ne sont pas non plus disponibles à la vente directe. Cela n’empêche pas Sandra d’acheter depuis le magasin, sur son smartphone, la décoration dorée qui l’a fait fondre. En temps de Covid, la débrouillardise prévaut.