Une riche aventure humaine
Dans le camp, « de nombreux membres étaient là en raison de leurs convictions religieuses. Des protestants, des catholiques également, et de nombreux témoins de Jéhovah : eux n’avaient de toute façon pas le choix, leur religion leur interdit de faire la guerre ! Mais la plupart d’entre nous, comme moi, étions tout simplement des pacifistes, opposés farouchement à la guerre » .Ilse trouvait là rassemblées « des idéologies pour certaines déjà anciennes, telle l’anarchie, et pour d’autres novatrices à l’époque. Il y avait par exemple beaucoup d’écologistes. Certains étaient déjà végétariens, et j’ai en mémoire le potager qu’ils entretenaient. »
Dominique Blaise se rappelle de « tentes de toiles dans lesquelles nous dormions à quatre. Les conditions de vie étaient spartiates, et vous connaissez cette plaine : une chaleur accablante en été, mais aussi un froid parfois saisissant les autres saisons, notamment quand le vent souffle… »
Dominique Blaise se souvient avec amusement que, « sachant jouer de la trompette, je sonnais moi-même le lever et le coucher. Mais je déformais l’air militaire, je le jouais jazzy, ou sur trois temps… »
Le camp avait aussi « une tente que l’on avait baptisée, un peu pompeusement, notre “université”. Nombre d’entre nous étions diplômés, étudiants, etc. Nous y donnions des cours les uns les autres à tour de rôle. Et il y était évidemment beaucoup question des théories sur l’objection de conscience, la non-violence, etc. »
Par contre, « nous étions à l’écart, et n’avions que très peu de contacts malheureusement avec la population locale. »
« Certaines familles de membres du camp les avaient suivis et s’étaient installées à Brignoles. Je me souviens de situations cocasses, comme une femme allant accoucher à l’hôpital de Brignoles, qui souhaitait le faire en position accroupie, avec une désinfection uniquement au jus de citron. Les docteurs avaient refusé ; finalement, l’accouchement avait eu lieu de manière classique pour l’époque, et s’était très bien déroulé »