MONTRONS L’EXEMPLE !
Face à la pénurie de sang, on a testé la seule solution Donner son sang, ce n‘est pas si terrible
Il y a quelques jours, nous faisions état de la baisse du nombre de donneurs et de la crainte affichée par l’Établissement français du sang d’une pénurie. En effet, le premier confinement a vu le nombre de donneurs diminuer de % au printemps dernier en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Et si le manque de sang, fréquent dans la région qui figure parmi les plus mauvais élèves en la matière, est généralement compensé par les autres régions, celles-ci ne peuvent actuellement pas subvenir aux besoins locaux. Aujourd’hui, la région Paca compte dix jours de réserves de sang, là où il lui en faudrait treize. Et l’Établissement français du sang craint que la situation se détériore avec ce second confinement. Comme le sang artificiel conçu par des chercheurs japonais, dont les essais réalisés sur des lapins se sont certes révélés concluants, mais n’est pas près d’être utilisable sur des humains, l’EFS lance, une nouvelle fois, un appel aux dons.
Alors, pour rassurer ceux qui donneraient volontiers, mais craignent la Covid-; pour convaincre ceux qui voudraient bien, mais ont peur du prélèvement; pour inciter ceux qui y pensent… et puis oublient, on vous raconte, étape après étape, comment ça se passe. De l’arrivée à la Maison du don à la collation offerte après le prélèvement, on a testé pour vous le don du sang. Et alerte « divulgâchis » : ce n’est pas si terrible!
Le rendez-vous au bout du fil
Tout commence par un coup de fil. Parce que depuis la première vague de Covid-19, le premier confinement, c’en est fini du temps où on se présentait simplement pour un don de sang. Distanciation physique oblige, le nombre de donneurs présents en même temps est limité : trois maximum, en plus des donneurs de plasma et de plaquettes.
Il y a quelques jours, j’ai donc appelé la Maison du don de Toulon, à l’hôpital Sainte-Musse. Signe que les dons sont en baisse, on me donne rapidement un rendez-vous pour le lundi suivant.
Une appli pour ne pas en perdre une goutte
J’ai ainsi quelques jours pour faire un tour sur l’appli Don de sang, disponible sur Apple et Android. Là, je vérifie que je n’ai aucune contre-indication pour le prélèvement : par les temps qui courent, autant ne pas se déplacer pour rien. Je clique sur « Puis-je donner » et constate que je remplis les critères : je pèse plus de 50 kg, je suis majeure – et j’ai moins de 65 ans, l’âge pour un premier don ; 70 ans si on l’a déjà fait –, je n’ai aucune maladie chronique et pas eu d’infection récemment, pas de tatouage ni de piercing fait dernièrement, ni de passage chez le dentiste.
Le jour J, bienveillance et Covid free
Le lundi suivant, je me présente à la Maison du don, sûre de pouvoir donner, mais pas tout à fait sereine : les aiguilles et moi, on n’est pas hypercopine. Mais c’est avec un air amical et un grand sourire caché derrière son masque que Fabienne m’accueille.
Elle m’indique le pupitre installé à l’entrée : non seulement, je dois me désinfecter les mains, mais, si je porte mon masque depuis plusieurs heures, Fabienne m’invite à le troquer contre un de ceux mis à disposition. Si j’étais soucieuse de recevoir la Covid en échange de mon sang, me voilà rassurée.
Je m’installe au bureau d’accueil, à bonne distance de la secrétaire qui reprend mon identité, me tend le document que je vais devoir remplir.
Les antécédents de santé passés au peigne fin
Je patiente en complétant le questionnaire. « N’hésitez pas à prendre une bouteille d’eau », me lance Fabienne, sincèrement soucieuse de mon bien-être, me rappelant que les études montrent une meilleure récupération des donneurs lorsqu’ils ont bu un demi-litre d’eau avant le prélèvement. Mes antécédents familiaux passés aux cribles avec mon petit crayon estampillé « Don du sang », c’est Céline qui m’invite à rentrer dans un bureau fermé afin de préserver la confidentialité des prochains échanges.
Renseignements contre infos… et vice-versa
Céline est infirmière habilitée aux entretiens, qui sont aussi menés par les médecins de la Maison du don. Pour ça, elle a suivi une formation particulière. « En fait, on revient sur le questionnaire que vous avez rempli, m’explique-telle, en allant plus au fond des choses. » L’infirmière sait par exemple que si j’ai coché la case « oui » à telle ou telle question, il lui faudra en savoir plus avant de m’envoyer en salle de prélèvement.
Elle prend les renseignements in
dispensables, à l’instar de ma tension qu’elle relève toujours dans le respect des gestes barrières. Mais me délivre aussi des informations, notamment un numéro à contacter si quoi que ce soit dans mon état de santé devait m’interpeller dans les deux prochaines semaines. Notamment une infection, de la fièvre ou encore, évidemment, une perte d’odorat ou tout symptôme du coronavirus. « Ça nous permet, s’il y a quoi que ce soit, de bloquer la poche de sang prélevé, qui ne sera ainsi pas transfusé. »
Déclarée « apte au don »
Céline me déclare « apte au service ». Ou tout du moins au don : le moment attendu – et un peu redouté – arrive. Heureusement, même s’il est ici difficile d’échapper à l’aspect médical de l’environnement, l’ambiance reste chaleureuse. Et, dans la salle de prélèvement, Karine, l’infirmière, me reçoit elle aussi avec la plus grande bienveillance. « Ça va bien aujourd’hui ? » Elle m’installe dans un des fauteuils, me fait choisir le bras dans lequel je préfère qu’elle me pique. En cas de premier don, elle réalise un test « hémoglobine pré-don » : « Ça permet de vérifier que le donneur n’est pas anémié. Autrement dit, qu’il a assez de globules rouges », explique l’infirmière. Et donc de ne pas faire le prélèvement pour rien !
Branchement sans pression
Karine désinfecte la pliure de mon coude à grands coups de Bétadine. « Vous n’y êtes pas allergique ? » Moi, je tourne le regard et attends le moment fatidique : je l’ai dit, les aiguilles et moi, on ne fait pas bon ménage. Pourtant, une simple pression plus tard, me voilà « branchée ».
« Le prélèvement dure environ dix minutes », m’indique l’infirmière. Un temps pendant lequel environ 480 grammes de sang vont m’être prélevés. Une quantité habituelle, calculée sur le maximum que peuvent offrir les donneurs les plus chétifs. « Une petite jeune fille de 52 kg, on ne lui prendra même pas ça », précise Karine.
Quant à la petite poche dérivée, elle servira aux analyses indispensables pour que mon sang puisse être transfusé. En cas d’anomalie, je serais évidemment avertie.
Voilà, c’est fini…
La machine se met à biper : le débit n’est pas suffisant, alors Karine me conseille de remuer les doigts. Comme pour faire une pompe. Déjà le prélèvement touche à sa fin. L’infirmière me retire l’aiguille, me fait un pansement, récupère la poche de sang. Et me convie à la traditionnelle collation post-don.
Des pommes pour ne pas tomber dedans
Parce qu’après l’effort – finalement pas si intense –, le réconfort ! Même si le sentiment du devoir accompli fait largement office de récompense, l’encas proposé est particulièrement bienvenu : boissons fraîches ou chaudes, fruits, petits sandwiches ou encore confiseries devraient aider mon volume sanguin à rapidement revenir à la normale. Sans compter qu’il ne faudrait pas que je tourne de l’oeil en quittant la Maison du don. Pas que je me sente faible, au contraire, mais je peux maintenant quitter la Maison du don de Toulon, en toute sécurité, le ticket de bus fourni par l’EFS dans la poche, et retrouver le cours normal de ma vie. En espérant que grâce à ce geste, d’autres puissent aussi poursuivre la leur.