Un vaste trafic de drogue seynois devant le tribunal
Sur fond de lutte entre clans pour contrôler le marché de la drogue dans le quartier Berthe, s’ouvre à Toulon le procès d’un trafic qui a tenu le haut du pavé. Seize prévenus comparaissent
Une audience chargée s’ouvre ce lundi matin, devant le tribunal correctionnel de Toulon, où une quinzaine de prévenus doivent comparaître pour des soupçons de trafic de stupéfiants, d’association de malfaiteurs, et de détention d’armes, dont des armes de guerre. La chambre collégiale spéciale qui se réunit devrait passer plusieurs jours sur le dossier, peut-être toute la semaine.
L’affaire a cela de particulier, qu’elle touche non seulement au milieu de la drogue dans la cité Berthe à La Seyne, mais aussi au bruit des armes qui ont traumatisé tout un quartier, endeuillé une famille. Et son clan, indivisible.
Abandon de charges
Si cette enquête judiciaire s’est ouverte en novembre 2018, il y a pile deux ans, c’est sur la présomption qu’un projet d’assassinat était en train de s’élaborer. Le paradoxe est que la famille qui a payé un lourd tribut à la guerre des gangs, est devenue celle sur qui se sont portés les soupçons. C’est ainsi que cinq membres de la famille Gomis ont été surveillés, trois frères et deux soeurs. Ceux-là mêmes qui avaient perdu un frère, un ami, ou un cousin. Tous tombés sous les balles, dans l’année écoulée (lire ci-contre).
Pour autant, le dossier a évolué avec l’abandon des charges concernant un projet criminel. La découverte de plusieurs armes, dans un appartement nourrice n’ayant pas suffi à le caractériser.
Cette semaine, les débats vont se focaliser sur des soupçons de trafic de drogue, dans lequel tous les protagonistes n’auraient pas la même implication. Mais (presque) tous y auraient apporté un concours, ou en auraient tiré profit, selon la juge d’instruction qui a ordonné le renvoi en audience correctionnelle de seize personnes de 21 ans à 38 ans, dont quatre femmes. L’enquête de la police judiciaire s’est concentrée sur le trafic organisé autour de la tour du Gère, l’une des places fortes du deal à La Seyne, où les locataires ont progressivement déserté les logements, jusqu’à laisser la tour déserte, quasiment dévastée, et aux mains des dealers.
Le trafic se déplace
En février 2019, quand la tour a été définitivement fermée et murée, le trafic s’est déplacé vers un autre immeuble, l’Abricotier 3, où le trafic est redevenu prospère.
Les armes sont considérées comme des attributs devenus incontournables des trafiquants. Et la concurrence entre les points de vente apparaît en filigrane dans le dossier.
De gros moyens d’écoute, de surveillance, géolocalisation et filature ont été déployés par les policiers. Interpellés à partir d’avril 2019, tous les suspects nient vigoureusement leur participation au trafic. Une dizaine d’avocats sont attendus en défense.