« Rendez-nous la messe »
Des centaines de catholiques à Toulon, Draguignan et partout en France ont manifesté hier pour demander la levée de l'interdiction des messes en public imposée par le gouvernement
« Rendez-nous la messe » : hier soir, à Toulon, comme à Draguignan (1), de nombreuses familles se sont rassemblées pour défendre « la liberté de culte ». Ils étaient plus de 250 devant la cathédrale à Toulon à l’appel de l’association familiale catholique (AFC) et d’un groupe de fidèles dont Pierre de La Taille, bénévole engagé au bar associatif Le Graal, à l’origine d’un mouvement sur les réseaux sociaux « Nous voulons la messe à Toulon. »
« La messe à la télé ? Un déchirement »
À l’unisson, les chrétiens tenaient une bougie à la main pour éclairer le chemin de l’espérance vers un retour rapide des messes publiques non autorisées en France pour des raisons sanitaires. Cette interdiction de se rassembler dans les églises, et cette privation de « la communion eucharistique si chère aux fidèles » sont très mal vécues après un premier confinement où « ce fut un déchirement d’assister à la messe de Pâques devant la télévision » se remémorait, hier soir, émue, une fidèle. « C’est un besoin vital pour nous que la messe soit célébrée. Cette communion dont nous sommes privés, c’est comme si nous ne pouvions pas voir, confiait Nicolas, ce père de famille. Hier soir, les fidèles avaient le sens de la formule pour expliquer leur ressenti : « C’est un peu comme si à quelqu’un qui avait faim, on lui proposait de regarder Top Chef à la télé pour se rassasier. »« D’autant que les mesures de précautions sanitaires sont tout à fait applicables et appliquées dans les églises. Pourquoi avons-nous cette différence de traitement avec le monde du transport, des entreprises, des grandes enseignes alimentaires ? C’est là où c’est difficile quand ce n’est pas objectif. » Et de là à évoquer la « dictature sanitaire », il n’y a qu’un pas, très vite franchi. « Le gouvernement pour qui ce besoin spirituel n’entre pas dans les activités essentielles n’a pas compris que ce n’est pas pareil entre prier dans une église et aller recevoir un sacrement. Nous ne revendiquons pas un droit individuel ou communautaire dont le refus ferait de nous des victimes », insistait Agnès Rémy, présidente de l’AFC de Toulon, fédérant près de 400 familles. Pour nous les catholiques, la religion est incarnée. Nous la vivons à la fois dans notre âme et dans notre corps. Nous avons besoin de cette incarnation et de pouvoir célébrer le culte. » Pour l’AFC, il s’agit là « d’un besoin essentiel des familles et de nourrir leur vie de foi et de prières en participant à l’eucharistie et en rejoignant la communauté. »
« Ne pas faire une norme de l’interdiction »
Soucieuse « d’assurer la défense des intérêts spirituels des familles et d’exercer devant toutes les juridictions toute action de justice », la Confédération nationale des AFC avec la Conférence des évêques de France avaient engagé un recours en référé, depuis débouté, pour demander l’autorisation du culte public. « Notre crainte est que cette interdiction d’exercer librement le culte ne devienne la norme à chaque épisode de la crise sanitaire. Et cela nous le voulons pas ! » 1-Reportage à lire sur varmatin.com