Ce ne sera pas comme avant
Voit-on le bout du tunnel ? On l’entrevoit, en tout cas, au moment où les courbes de contamination, le nombre quotidien d’hospitalisations et le degré de combativité du virus semblent le démontrer. Une chose est certaine : la France ne sortira pas du deuxième confinement comme elle est sortie du premier : convaincue que la vie pouvait reprendre « comme avant ». Non, ce ne sera pas comme avant et il ne sera sûrement pas question, dans les propos que tiendra le chef de l’Etat mardi, de sonner la fin de l’alerte, mais bien plutôt de savoir comment on pourra éviter qu’une troisième vague succède à la seconde. Personne ne pourra, dès le er décembre, baisser la garde, même si les fêtes de fin d’année arrivent et qu’on a envie d’embrasser la famille, même si l’autorisation de voyager est accordée, même si chacun de nous a envie de se réveiller après ce cauchemar. Il sera plutôt question d’une sortie progressive du confinement, en continuant ces fameux gestes-barrière, qui, sans qu’on l’ait voulu, ont changé plus qu’on ne le croit les rapports sociaux. L’intervention du Président mardi tient une nouvelle fois à un exercice d’équilibre. Ne pas mettre l’économie française à l’arrêt, tout en combattant l’épidémie, plus facile à dire qu’à faire. Les divergences, somme toute naturelles, n’ont pas cessé, lors de chacun de ces fameux conseils de défense, entre les membres du gouvernement. Cela n’a rien d’anormal sans doute : on comprend que les points de vue soient différents entre le Premier ministre et son ministre de la Santé, Olivier Véran, partisans de mesures drastiques pour enrayer l’épidémie, et le ministre de l’Économie et de finances, Bruno Le Maire, qui a plaidé, sans cesse, en faveur de l’ouverture des petits commerces, baptisé, on ne sait trop pourquoi ni par qui, « non-essentiels ». Dans ce combat, Bruno Le Maire est finalement sorti vainqueur en obtenant après des efforts, qu’on imagine le report d’une semaine du Black Friday, et surtout en recueillant l’accord d’Amazon France, ce qui n’a pas dû être une mince affaire. Et puis, l’espoir d’un vaccin, fabriqué à toute allure à travers le monde.
Prudence, prudence, certes. Pourtant, l’enjeu est capital : à dix-huit mois de la présidentielle, on ne pardonnerait pas à Emmanuel Macron de rater l’organisation de la vaccination à l’échelle nationale. A lui, mardi de donner des raisons d’espérer l’existence, l’efficacité d’un ou de plusieurs vaccins, c’est la clef.
« A dix-huit mois de la présidentielle, on ne pardonnerait pas à Emmanuel Macron de rater l’organisation de la vaccination à l’échelle nationale. »