Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Montrer le chemin »

Le sélectionn­eur Olivier Krumbholz a convoqué 21 joueuses hier à la Maison du handball à Créteil. Le but : préparer l’Euro qui se tiendra uniquement au Danemark, après le retrait de la Norvège

- PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT BELTRAN

Certains l’appellent le sorcier lorrain, d’autres coach « K ». Quand le bateau des Bleues tanguait, les taulières l’ont rappelé à la barre en 2016. Bien lui en a pris de relever le défi. Olivier Krumbholz les a embarquées sur le toit du monde et de l’Europe en 2017 et 2018. Surfant sur le courant olympique de leur médaille d’argent glanée à Rio. Avec sa première longue traversée en bleu (1998-2013), il compte une flotte de dix podiums. Qu’importe. Il veut replonger dans le bain de l’Euro féminin. La Norvège s’est désistée. Il voguera, porté par le chant de ses sirènes, jusqu’au Danemark pour défendre son vaisseau tricolore du 3 au 20 décembre. Titre en vue ?

Vous deviez disputer la Golden League en Norvège pour finir la préparatio­n de l’Euro. Comment comptez-vous réorganise­r cette dernière semaine de travail ?

On a l’immense chance d’avoir la Maison du handball (). Cela nous donne une solution de repli de grande qualité pour travailler. Vous savez, en toute chose, malheur est bon. L’équipe de France féminine, comme les clubs, joue de plus en plus et s’entraîne de moins en moins à cause de la crise sanitaire. Alors oui, nous allons être privés de matchs de préparatio­n. Mais d’un autre côté, on va avoir plus d’entraîneme­nts et moins de déplacemen­ts.

Vous optez pour la liste prévue pour le Golden League ?

Oui, mais en convoquant deux joueuses supplément­aires : Déborah Lassource, demi-centre de Paris , et Blandine Dancette, ailière droite de Nantes. Une décision prise à la suite de la blessure d’Allison (Pineau, ndlr) mais aussi due à la période particuliè­re.

« Une bonne claque sur laquelle on peut paradoxale­ment peutêtre construire quelque chose. »

Voilà votre réaction juste après votre éliminatio­n au mondial . Avez-vous aujourd’hui le sentiment que cette désillusio­n pourrait vous servir ?

Ce serait bien. Même si ce mondial semble loin maintenant. Le débriefer n’a plus de sens mais s’en servir pour rebondir a beaucoup de sens. Et puis expliquer ce qu’il nous est arrivé ne reste pas toujours évident. Parfois, la situation s’avère suffisamme­nt complexe, avec des causes multifacto­rielles, au point que l’on ne voit pas clairement un ou deux problèmes. Mais au niveau du staff, on a beaucoup travaillé sur cette compétitio­n, dans tous les secteurs. Ce qui nous a amené à envisager plusieurs propositio­ns liées au jeu et aux entraîneme­nts afin de nous relancer vers les sommets.

Justement, vous retrouvez des certitudes au niveau du jeu ?

Si l’on parle de la qualité et de l’efficacité, je dirai que cela s’avère mitigé. Mais s’il s’agit de la marche à suivre sur ce qu’il demeure nécessaire d’entreprend­re pour y arriver, je dirai oui. Il me reste par moments à persuader les joueuses que le chemin est celui-là.

Avec le premier confinemen­t, vous n’avez pas vu vos joueuses pendant dix mois. Une éternité...

Une période forcément frustrante, difficile. Notre programme n’a pas pu être mis en place malgré nos propositio­ns de reprendre fin juin. On s’est retrouvé en situation de blocage avec les clubs et je le regrette. Mais nous sommes tous logés quasiment à la même enseigne. Tous contraints de se réadapter et faire des efforts. On a gardé le contact avec nos joueuses au travers des visioconfé­rences et le partage d’informatio­ns avec les clubs fonctionne bien. On s’est aussi appuyé sur la vidéo pour garder un suivi en regardant beaucoup de rencontres de Ligue des champions et de championna­t. Sans oublier le contact humain hyper important avec cette belle histoire qui nous lie depuis . Parce qu’il est vrai qu’énormément de choses se jouent dans les têtes. Et là, peutêtre encore plus. Surtout pour se remettre dans une dynamique de très haute compétitio­n avec une concurrenc­e extrême.

Depuis votre retour sur le banc de l’équipe de France en , votre manière de coacher a-t-elle changé ?

Bien sûr. J’ai évolué. Les joueuses et les systèmes ont changé. Sans me renier, je reste en mouvement, adaptatif. Sachant que si vous ne faites que vous adapter, vous n’existez plus. Il faut aussi avoir des certitudes et montrer le chemin. Et quand ça se passe mal, comme à Kumamoto (mondial  au Japon), on doit se demander si nous ne sommes pas allés trop loin dans le coaching participat­if. Et si, par conséquent, il ne faut pas remettre un petit peu d’autorité dans le groupe. Une question à laquelle j’ai apporté une réponse.

L’absence d’Allison Pineau, due à une double fracture du nez, demi-centre emblématiq­ue des Bleues, s’avère-t-elle préjudicia­ble ? On aurait préféré partir au Danemark avec Allison. D’autant plus qu’elle détenait un rôle intéressan­t dans son club (Podgorica, au Monténégro) en jouant beaucoup en Ligue des champions. Mais ça fait tellement partie de la vie d’une équipe... Malheureus­ement, on a quasiment jamais toutes nos forces en présence au même moment. En revanche, le handball français a la chance d’avoir suffisamme­nt de richesses, de solutions, avec d’autres joueuses qui vont exprimer d’autres qualités. Parce que l’on ne remplacera pas celles d’Allison. Mais la nature a horreur du vide et certaines vont tenter de s’engouffrer dans la brèche.

‘‘ Sans me renier, je reste en mouvement”

Siraba Dembélé-Pavlovic, votre capitaine, évoluait encore à Toulon/Saint-Cyr l’an passé. Quel rôle a-t-elle au sein de l’équipe ? Il s’agit d’une joueuse dotée d’une déterminat­ion sans faille. Elle a fait énormément d’efforts pour revenir après la naissance de ses jumeaux l’an passé. Siraba a retrouvé une très grande partie de ses qualités et détient une place majeure dans cette équipe. Avec une forte présence charismati­que.

‘‘ Toulon/SaintCyr monte en puissance”

Quel regard portez-vous sur les Varoises emmenées par Laurent Puigségur, ex-sélectionn­eur des U ? Incontesta­blement, il y a du mieux. On sent que l’équipe monte en puissance. Je connais bien Laurent, qui est un bon entraîneur avec beaucoup d’expérience du haut niveau et un excellent contact avec les joueuses. Il a tous les atouts pour réussir et tirer la quintessen­ce de son collectif. 1. Écrin du handball français, inauguré en janvier 2019 à Créteil, dédié à la performanc­e de haut niveau des équipes de l’élite.

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(Photo AFP)

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