Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Personne n’est à l’abri »

Fraîchemen­t installé à la tête du club phare de handball, Emmanuel Murzereau doit faire face à une crise sanitaire et structurel­le sans précédent. Pourtant, ses ambitions restent intactes

- PROPOS RECUEILLIS PAR LAURENT SEGUIN

Une semaine après le cri d’alarme lancé par la Ligue nationale de handball et la Ligue féminine de handball dans une tribune adressée aux pouvoirs publics, et quelques jours après la sortie gouverneme­ntale annonçant un fonds de soutien aux mondes du sport et de la culture, le président du Saint-Raphaël Var HB se confie sur la situation d’un club dont il vient de prendre les rennes. Après trente-trois ans de présidence Krakokwski, Emmanuel Murzereau se trouve face à un défi de taille dans un contexte difficile.

La Ligue nationale de handball a évalué les pertes liées à la Covid à   euros par club pour les structures profession­nelles comme celle que vous dirigez aujourd’hui ? Qu’en est-il au SRVHB ?

On n’a pas encore chiffré les pertes et c’est toujours difficile de donner un chiffre. Il y a différents paramètres. Selon que vous recevez le PSG ou la lanterne rouge, ce n’est pas la même perte en billetteri­e. Maintenant, on a la chance à Saint-Raphaël d’avoir des partenaire­s et des pouvoirs publics qui nous soutiennen­t. Mais jusqu’à quand ? Si la situation devait perdurer, combien de temps pourront-ils nous suivre ?

Car vos partenaire­s souffrent aussi de leur côté…

Oui, et on a essayé de maintenir un lien avec eux en mettant en place des actions spécifique­s pour chacun des partenaire­s.

Lesquelles ?

Je ne peux pas trop m’étendre car c’est une surprise, mais on met quelque chose de spécial pour le match de mercredi (contre Aix, au palais des sports). Ce sera un beau clin d’oeil pour eux et on va recréer les conditions d’un match, même à distance. Et on va faire ça pour chaque match à domicile. On travaille aussi du côté de nos licenciés, privés d’entraîneme­nts et de compétitio­n et auxquels nos joueurs pros proposent des entraîneme­nts par visio.

Vous faites aussi un geste à l’endroit de vos abonnés, privés de matches au palais…

Oui, nous leur offrons un mois d’abonnement à BeIn Sports

(le diffuseur de la LNH) et je pense que c’est une première au niveau national. C’est un geste pour eux. Et ça permet à l’équipe de sentir que tous ces gens sont toujours là pour les suivre.

Ils ne peuvent pas assister aux matches. Quelles sont les pertes au niveau de la billetteri­e pour le SRVHB ?

Entre   et   euros par match. La billetteri­e, c’est à peu près  % de notre budget annuel.

Une perte que vous pensez pouvoir compenser avec quels outils ? L’annonce d’un soutien de l’État a dû vous rassurer...

Il y a eu ces annonces et c’est déjà très bien parce que le sport et la culture sont toujours laissés de côté. On parle aujourd’hui d’une exonératio­n de charges patronales de  %. Mais il faut se méfier des effets d’annonces et comme toujours il faut attendre le décret d’applicatio­n pour savoir quelle aide nous sera véritablem­ent allouée.

Dans une semaine, les élections à la présidence de la Fédération française de handball livreront leur verdict après une campagne mouvementé­e.

Philippe Bana annonce vouloir utiliser cinq millions d’euros du prêt garanti par l’État pour abonder un fonds de compensati­on pour les clubs. Son opposant, Feuillan, a déclaré que c’était « irresponsa­ble ». Des trois candidats, votre préférence va plutôt à Feuillan, Bana ou Girault ?

Honnêtemen­t, je ne veux pas rentrer dans ce débat. On souhaite tous que l’on ait un président bien élu. Quelqu’un qui fasse l’unanimité et qui défende nos intérêts. Et surtout que le lendemain de l’élection, on reparte tous ensemble.

Pour revenir à la Covid, l’effectif profession­nel du SRVHB a enregistré un cas symptomati­que avec Xavier Barachet. Ce cas vous a-t-il inquiété et remis devant la réalité de ce virus ? C’est aujourd’hui le seul cas. Et je n’ai pas de difficulté­s à en parler parce que ce n’est pas une maladie honteuse. J’en parle donc librement, et je pense que malgré toutes les précaution­s que l’on prend et qu’ils prennent, personne n’est à l’abri. On voyait dans certains clubs une hécatombe et on se sentait privilégié­s. Malheureus­ement, l’ennemi peut être partout.

Et il est invisible. L’objectif est de les protéger au maximum.

On essaye d’être le plus prudent possible chaque jour.

Ce virus a entraîné deux reports de matches. Quelles sont les ambitions sportives du SRVHB sur cette saison chaotique ? Maintenir le club dans la première partie de tableau. Huitième voire un peu mieux cette année, ce serait bien (les Raphaëlois occupent aujourd’hui la neuvième place). D’autant qu’il n’y a non plus quatorze, mais seize équipes cette saison.

Une qualificat­ion européenne serait-elle envisageab­le ?

Non, il faut être réaliste, aujourd’hui on n’a pas l’équipe pour viser une place européenne. On aura besoin de se renforcer pour ça. Et puis c’est un championna­t qui est aujourd’hui beaucoup plus ouvert et plus aléatoire avec ce facteur Covid. Entre cinq et huit, ça serait déjà super.

‘‘ On n’a pas l’équipe pour viser une place européenne”

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(Photo Philippe Arnassan)

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