« Il faut plafonner la fortune des riches à ou M€»
Anton Malafeev est Russe. Il habite Antibes. Il vit en France depuis une vingtaine d’années après une vie au coeur de l’ex-URSS. Actuellement enseignant à Skema Business School Sophia en éthique sociale, il vient d’autoéditer un ouvrage intitulé La Psychologie des (nouveaux) riches.
« Je n’ai pas voulu romancer ce que j’ai vécu. J’ai écrit ce que j’ai vu. J’ai mis sur papier une réalité qui est aux antipodes de ce que vit la majeure partie d’entre nous. » Ce qu’il a vécu ? À son arrivée en France, un concours de circonstances le conduit à devenir chauffeur pour familles de luxe, aux desiderata exubérants. Plusieurs anecdotes constituent la première partie de son ouvrage. « Tout est vrai. Chaque ligne. Cela plante le décor pour comprendre mon analyse en seconde partie. »
Redistribuer ou arrêter
Il distingue les riches des nouveaux riches, les premiers étant ceux dont la fortune est générationnelle, les autres ceux qui ne naissent pas riches mais le deviennent en un temps record. « Certains deviennent multimillionnaires en deux ou trois ans grâce aux technologies et leur comportement face à cet afflux de richesses est hallucinant ! » Anton Malafeev explique que l’économie est un vase communicant, que s’il y a plus de riches alors il y aura plus de pauvres. Que l’argent est dépensé en tenue intégrale de crocodile, en yacht, en micro-trajet en jet privé... « En grand n’importe quoi. Ce que je propose, poursuit-il, c’est de changer de paradigme. Plafonner les richesses à 5 ou 10 millions d’euros par famille. Cela suffit largement pour bien vivre, s’inscrire dans le grand luxe et la volupté et même se payer tous les excès .»
Voter une loi
Arrivé au dit plafond, ce qu’il préconise c’est soit d’arrêter (de boursicoter, de construire, de racheter des sociétés...) soit de continuer mais en redistribuant les revenus de ses activités à des causes nobles (environnementales, médicales, économiques...). Loufoque ? « C’est un autre modèle, rien de plus, soutient-il. Et c’est parfaitement possible et plausible. » Ah. Et comment faire ? « Aujourd’hui, on ne peut contraindre personne à le faire, répond Anton Malafeev. Mais il suffirait de faire voter une loi et ce, dans plusieurs pays européens de façon simultanée. Aujourd’hui, quelle réponse a-t-on apportée à la crise économique induite par la crise sanitaire ? Et de manière générale, aux inégalités grandissantes ? Des taxes et des prêts. Mais rien sur le fond .»
L’auteur présume que d’ici deux ou trois générations, son modèle rentrera dans les moeurs. « N’assimilez pas ceci à du communisme, prévient-il, qui est un modèle économique utopique parce que basé sur l’égalité des gens. Or, on n’est pas tous égaux, ni intellectuellement, ni physiquement. Le communisme ça ne marche pas et on l’a bien vu. Le capitalisme non plus. Il ne régule plus rien et tout est basé sur la technique du crédit. On vit tous à crédit.
Les États, les gens. Il n’y a plus de limites. La nature humaine ne s’adapte pas au capitalisme. On a toujours envie de plus. Nos seuls garde-fous sont la médecine, la police et la justice .»
Anton Malafeev aimerait rencontrer des politiques pour parler de ce nouveau modèle. Conscient que cela peut prêter à sourire, il se dit prêt à se battre pour en imposer la force et l’intérêt, au nom d’un monde meilleur.