AU REVOIR «DOMI»
Le Toulonnais s’est donné la mort hier. Il avait 48 ans Sous le choc, le monde du rugby salue une légende
Ce 31 octobre 1999, Christophe Dominici est passé du statut d’international à star du rugby français. Le temps d’un déboulé dans son couloir pour ravir à la barbe de deux All Blacks le ballon pour envoyer la France en finale de la coupe du monde. L’éclair de génie d’un petit homme qui a défié tout au long de sa carrière les lois de la gravité rugbystique. Un moustique face à des bourdons, mais à la voracité incommensurable. Sa réponse à une plaie à jamais restée ouverte. Celle de la disparition de sa soeur dans un accident de voiture alors qu’il n’avait que 14 ans. « En un éclair, je suis devenu un fils unique. Et je me suis replié sur moi-même comme on se protège tant bien que mal d’un passage à tabac au fond d’une ruelle écoeurante », écrira-t-il quelques années plus tard dans son autobiographie, Bleu à l’âme.
Le minot de Solliès-Pont a alors flirté avec les démons avant de trouver la lumière au bout d’un couloir moite de rugby. L’ovale pour toute rédemption. La rage chevillée au corps. À Toulon, on l’a vu se faire remettre une épaule déboîtée sur le bord de la touche et repartir au combat. Sans flancher. Dominici, exaltant feu follet, homme entier et attachant à la fragilité si palpable.
La rupture avec son ancienne épouse le plongea dans la dépression. « Quand je me revois dans cette chambre d’hôpital, je me dis que la vie peut basculer d’un côté comme de l’autre... », racontait-il. Elle a finalement basculé hier, depuis le toit d’un bâtiment désaffecté de St-Cloud.
À la lueur du rachat du club de Béziers, avorté cet été, et des coups qu’il a ensuite pris, Domi a de nouveau sombré. Sans espoir qu’il se relève.