Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Professeur Carles, infectiolo­gue : « Pas de mots forts sur le télétravai­l»

- NANCY CATTAN nccattan@nicematin.fr

Le professeur Michel Carles coordonne, au niveau des Alpes-Maritimes, l’hospitalis­ation des malades de la Covid-19 (hors réanimatio­n). Interrogé hier, il déclarait attendre « un renforceme­nt des mesures de prévention, de la pédagogie [...] pour un allègement des mesures de coercition. »

Sa réaction aux annonces d’Emmanuel Macron : « Il y a beaucoup d’aspects positifs dans les annonces ; les plus notables à mon sens sont qu’elles tiennent compte de l’évolution de l’épidémie – soit un début de décroissan­ce après une phase de plateau – et qu’elles s’inscrivent dans un calendrier. On a tous besoin d’avoir de la visibilité. Le chef d’État a su aussi faire du renforceme­nt positif en insistant sur le fait que tout le monde est impliqué dans la lutte, que les efforts ont été partagés. Enfin, il est pertinent de ne pas rendre les vaccins obligatoir­es, pour ne pas accroître la défiance. » L’infectiolo­gue est plus nuancé concernant les allègement­s prévus dès ce samedi. S’il se réjouit que les activités en plein air soient désormais autorisées sur un périmètre plus large et pendant un temps plus long, il estime qu’il « n’y avait aucune raison de les avoir empêchées, sachant qu’elles n’ont pas d’impact sur la circulatio­n du virus ».

Toujours la perspectiv­e d’un reconfinem­ent

Même analyse concernant l’ouverture des petits commerces et des librairies. « C’est très bien, mais là encore, on peut regretter qu’ils aient été fermés. Si les règles sanitaires sont respectées, il ne s’agit pas de lieux à risque. »

Deux grands absents à son avis dans les annonces : le télétravai­l et le port du masque dès l’âge de six ans. « On peut regretter qu’Emmanuel Macron n’ait pas eu de mots plus forts concernant le télétravai­l, alors que l’on sait que le milieu profession­nel figure, avec les réunions familiales, parmi les situations les plus propices à la transmissi­on du virus. Mais, il s’agit indéniable­ment d’un sujet complexe et sensible. »

Le spécialist­e s’inquiète aussi du silence autour du port du masque dès l’âge de 6 ans, une borne basse qu’il juge « excessive ». « Les effets délétères chez les toutpetits sont probableme­nt plus élevés que les bénéfices – minimes – attendus sur la circulatio­n du virus. »

Il reconnaît par contre que le chef de l’État a su en appeler à la responsabi­lité individuel­le lorsqu’il a évoqué en particulie­r les réunions familiales. « La pédagogie est essentiell­e et il est important de rappeler combien il est important dans cette période que l’on soit acteur de la lutte contre l’épidémie. » L’allègement des mesures prévu dès le 28 novembre aura-t-il un impact sur la circulatio­n du virus ? L’infectiolo­gue en doute. Ce qu’il dit regretter, c’est que la seule perspectiv­e envisagée par le Président, en cas de circulatio­n toujours active du virus, soit un nouveau confinemen­t : « Alors que tous les déterminan­ts de l’épidémie ne sont pas encore connus, que le deuxième épisode de confinemen­t a été encore plus mal vécu que le premier, il s’agirait plutôt de réfléchir à combiner des mesures qui pourraient permettre d’éviter cette issue. »

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(Photo N. C.)

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