Le rêve de Karine, chimiste convertie au cosmétique bio
Karine Chettouh, diplômée en chimie organique, s’est lancée dans le pari fou de créer de produits de beauté bio dans son village de coeur et malgré un contexte peu favorable
« On n’invente rien.
On ré-invente », explique modestement Karine Chettouh, créatrice de cosmétiques. Forte de plus de vingt ans d’expérience dans la parapharmacie, cette diplômée d’une licence de chimie organique s’est lancée dans la création de produits de beauté et de bien-être bio à Cogolin.
Pour vivre son rêve, elle plaque tout en 2014, laisse derrière elle les contraintes de la vie parisienne et s’installe sous la douce lumière du Sud.
Cogolin, un choix naturel
« Cela faisait longtemps que je souhaitais développer
mes propres produits cosmétiques personnalisés. J’avais déjà conçu une première gamme en 2005, à une époque où le bio n’était pas à la mode. La chimie et le bio, c’est pourtant très complémentaire », soulignet-elle.
Pour son nouveau départ, Karine choisit Cogolin : « Le choix s’est imposé naturellement. J’y ai toute ma famille : mes parents et ma soeur jumelle, qui y tient un
restaurant. »
De chez elle, cette maman de deux filles travaille à monter une nouvelle gamme de produits sous la marque Biosis (signifiant vie en grec) laquelle sort en 2017.
Après avoir exercé ses activités au Polo Club de Gassin, où elle a pu se créer un réseau de clientèle, une opportunité s’ouvre. Qu’elle saisit : « On m’a conseillé de déposer un dossier à la mairie de Cogolin, ce que j’ai fait fin 2019 et qui a été accepté en février 2020. »
La fringante quinqua aura sa place dans la galerie Raimu, mais c’était sans compter sur le... confinement. « Les grilles de la galerie étant fermées, je n’ai pas pu avancer sur les travaux dans le local. Dès le début du déconfinement, il a fallu faire très vite et j’ai ouvert le 5 juin. Ça n’a pas été facile mais je souhaite vraiment aujourd’hui vivre de ma passion, entourée de ma famille. Et, de toute façon, ce n’est pas dans ma nature de baisser les bras. » Ce nouveau départ comporte de nombreuses singularités. Et la première est de s’inspirer, entre autres, des ressources locales (lire encadré).
Bientôt un labo ?
Thym, romarin, sauge, sarriette... Karine Chettouh est en effet tombée très tôt dans la reconnaissance des végétaux et leurs principes
actifs : « Avec un oncle et une tante qui se promenaient souvent dans la forêt et dans la nature, j’ai appris beaucoup de choses grâce à eux sur les plantes mais aussi sur les fleurs comestibles et les champignons. C’était très instructif de les regarder observer la nature en détail.»
Autre challenge, se concentrer sur les notes olfactives : « Elles sont souvent négligées. D’ailleurs, dans les crèmes sur mesure, je consacre une part importante de mon travail à m’adapter la personnalité de chacun et chacune. Pour cela, je prends le temps de discuter. »
Concernant les préparations à froid, toutes les crèmes peuvent être fabriquées localement. Formulation, décoction, extraction, macération, stérilisation, assemblage et mise en conditionnement... du 100 % cogolinois. Avec ce second confinement, il a fallu, à nouveau, s’adapter : accueil du public en visioconférence, télétravail, mise en place du click and collect pour les jus detox et survitaminés... Les diagnostics de peau se font par écran interposé : le digital prend le pas sur le contact direct mais qu’importe, l’essentiel est de se lever pour un métier satisfaisant.
Sans compter le cadre, qui l’inspire : « J’aime beaucoup cette galerie Raimu. C’est vrai que le confinement a réduit l’animation mais, en temps normal, c’est encore plus agréable de travailler
ici. Cet endroit a du cachet. » Le prochain objectif de la créatrice est de s’équiper, dès que les ressources financières le permettront, de son propre laboratoire pour ses préparations à chaud (actuellement fabriquées en Auvergne) et de ne proposer que du 100% local.