Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Il insulte et frappe sa compagne enceinte car il ne souhaite pas avoir d’enfant

- V. W.

Alexis respire fort. Soupire. Mal à l’aise, le jeune homme se sait en mauvaise posture à la barre du tribunal correction­nel de Draguignan. « Vu le casier que j’ai, quoi que je dise, ça ne servira à rien...» Pourtant, le président Jean-Louis Galopin veut des explicatio­ns. Pourquoi, le 17 juillet dernier, a-til frappé sa compagne dans leur appartemen­t de Saint-Julien, lui causant quatre jours d’ITT (interrupti­on totale de travail) ?

« Elle m’a annoncé qu’elle était enceinte d’un mois et qu’elle voulait le garder. Mais je sors à peine la tête de l’eau après cinq ans de prison. Et je vais avoir un enfant ? Ce n’est pas possible... Déjà que j’ai eu une enfance de “cassos”, je n’ai pas envie d’en faire un. » Alors Alexis, « tout rouge de colère » a insulté Anouk. Casse son téléphone, la gifle. Heureuseme­nt pour la jeune fille, la mère d’Alexis est présente. Elle saisit son fils, « par les parties génitales » précise le président, permettant à Anouk de se réfugier dans les toilettes. À sa sortie, quelques minutes plus tard, les violences reprennent. Et ne cesse que lorsqu’Anouk parvient à prendre la fuite.

Un récit, et des explicatio­ns, qui font « froid dans le dos » et pas seulement pour la procureure Estelle Bois.

« Je n’avais jamais fait ça avant, tente de se défendre Alexis. Quelques jours avant les faits, j’avais pris un “moulon” à Marseille car il fallait que je récupère de l’argent. Son argent à elle. J’ai eu un traumatism­e crânien et des dents cassés. Et avec ma mère dans l’appartemen­t, qui était venue pour le confinemen­t, ça se passait mal...»

Deux ans d’emprisonne­ment

Voyant son client s’empêtrer dans ses explicatio­ns, son avocat vole à son secours. « Son comporteme­nt est irrationne­l. Et d’ailleurs, il ne se l’explique pas. Des soins seraient plus adaptés qu’un nouveau passage en prison. »

Une prison qu’Alexis connaît bien, après quatorze condamnati­ons depuis 2014, notamment pour vols, outrage ou port d’arme... Devant ce casier surchargé et le profil inquiétant d’Alexis, la procureure requiert deux ans d’emprisonne­ment assorti d’un sursis de six mois.

Ayant une dernière fois la parole, le prévenu s’enfonce un peu plus : « Je ne peux pas avoir d’enfant maintenant. Je rentre dans la vie active, j’ai une maison, un chien. C’est pas possible maintenant. »

Il écope de deux années d’emprisonne­ment, dont un an avec sursis et interdicti­on d’entrer en contact avec la victime par quelque moyen que ce soit. Anouk, elle, a quitté Alexis. Et avorté.

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(Photo L. M.) Les explicatio­ns d’Alexis R. ont donné des frissons à la cour.

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