Vins de bandol : Louis Perrone, un président fondateur… oublié
Il fut l’un des pionniers de l’appellation et pourtant son nom n’apparaît pas dans cette grande aventure. Sa petite-fille Doris lui redonne la place qu’il mérite dans la conquête de l’AOP
Louis Perrone est arrivé en France en 1898 à l’âge de dix-huit ans, d’un petit village perdu du Piémont situé entre Cunéo et Gênes, avec son frère de quatorze ans et sa cousine de seize ans, afin d’échapper comme beaucoup d’Italiens en cette période à la misère. Ils sont arrivés à pied à Nice, où ils ont effectué des petits boulots pour s’acheter un billet de train pour Marseille.
Leurs moyens financiers ne leur permettant pas d’y parvenir, ils ont dû s’arrêter à Bandol. Ils y furent accueillis par le maire Alfred Vivien, qui les fit travailler dans ses campagnes où ils apprirent à soigner la vigne et l’olivier. Puis il les invita à acquérir une campagne au Castellet, où ils firent souche.
« Défendre le vigneron honnête »
C’est la petite-fille de Louis Perrone, Doris, connue pour son franc-parler, qui raconte cette belle histoire après qu’elle a pu récupérer des documents longtemps… « disparus ». « C’était, dit-elle, un homme curieux de tout, travailleur, d’une grande intelligence. Il s’intégra rapidement et participa à la Grande guerre, même si, père de quatre enfants, il fut envoyé en Corse où il apprit à faire des piqûres, ce qu’il enseigna par la suite à sa fille. »
Louis Perrone fut l’un des tout premiers pionniers de l’appellation, proche d’André Roethlisberger qui comme chacun sait désormais lança la croisade pour obtenir l’appellation auprès du comité national des appellations d’origine (CNAO, ex-Inao). En 1940 il était président du syndicat des anciens Vins de bandol (ainsi que maire du Castellet par intérim) et adressait à ce titre un courrier au président du CNAO lui demandant de prendre en considération la demande du dit syndicat qui « défend le vigneron honnête ». Joignant par ailleurs un historique, un règlement et la liste des membres, précisant s’être conformé à celui de Cassis, dont les terres et le climat marin étaient sensiblement les mêmes.
Travailler pour l’avenir
Dans Le Petit Marseillais du dimanche 16 mai 1943, un long article assez lyrique est consacré au vignoble bandolais : « M. Perrone “dévoué” président accueille en compagnie de M. Roethlisberger, (Repro DR)
“âme de la victoire vinicole du bandolais” et autres personnalités, MM. Barthe du Vignoble de France, Le Roy et Chappaz du CNAO, en leur apportant le “luminaire charmant” des hommages et félicitations. Il faut étendre le cépage mourvèdre même si l’on n’en profite pas, comme les tableaux qui n’acquièrent une grande valeur qu’après la mort du peintre. Les vignerons doivent travailler pour l’avenir des générations. » Des conseils qui ont été bien suivis !