L’Oreille qui gratte ans de rock et d’amitié
Lancée en 1995 par deux copains vençois, Simon Pégurier et Benoît Belasco, l’émission de radio reste fidèle à sa ligne : de l’acoustique, de l’indé, du local. Et célèbre son quart de siècle dans un contexte disons... frustrant.
En fait, L’Oreille qui gratte, c’est une histoire d’amitié et de passion, avec un petit côté activiste aussi ! » Plein d’envie et d’enthousiasme, malgré le contexte sanitaire qui contrecarre sévèrement ses plans en cette année anniversaire (lire ci-contre), Simon Pégurier ne se lasse pas de raconter cette histoire. Celle de
L’Oreille qui gratte. L’émission de radio indépendante qu’il a lancée au milieu des années 90 avec son pote Benoît Belasco et qui, vingt-cinq ans plus tard, continue de fédérer tout ce que la scène locale compte de talents.
« Avec Benoît, on partage la même passion pour la musique depuis gamins. Dans la cour du collège La Sine, à Vence, on parlait disques, c’était notre vie. Plus tard à Nice, lui à la fac de Sciences, moi à la fac de Lettres, on organisait des concerts dans les foyers... On était branchés shoegaze et groupe locaux, et on était frustrés de ne pas entendre ça à la radio. »
Bénévoles et passionnés
Et ainsi débarque L’Oreille qui gratte. Un jour d’octobre 1995, autour d’un disque de Sonic Youth et d’un autre du Velvet Underground, les deux copains vont se faire animateurs et donner leur première émission. D’abord hébergée par Clin d’oeil FM, radio étudiante de Valbonne - Sophia Antipolis, avant de migrer, deux ans plus tard, sur la radio grassoise Agora FM devenue depuis Agora Côte d’Azur. Que de la programmation musicale au départ, et puis très vite, des invités et une session en acoustique qui vont devenir la marque de fabrique de L’Oreille qui gratte.
« En 1998, on a reçu Les Orteils Bleus, un groupe d’ici dans l’esprit des VRP : concert improvisé dans le studio, génial ! Ça a donné le concept de l’émission ensuite, un artiste local en interview et des titres en acoustique. Vingt-cinq ans après, ça n’a pas changé ! »
Et en vingt-cinq ans, l’équipe autour de Simon et Benoît s’est étoffée. Une quinzaine de personnes sont arrivées, sont reparties. Ont donné la patte à droite, à gauche, « tous ont reboosté le projet, chaque fois, ont apporté leur envie, leur savoir-faire » .Aujourd’hui, autour des deux copains d’origine, il y a Gilbert Taurel (alias Gil Tau), Noël Noël (c’est son vrai nom) et Sandra Cillo (la petite dernière). Ils sont travailleur social, prof, salarié ou retraité, mais ne comptent pas leurs heures pour faire vivre l’émission et, au-delà, la vie culturelle azuréenne – avec des concerts en temps normal –, l’animation des réseaux sociaux et de la web radio de l’émission, lancée il y a huit ans. « On n’est pas payés, on n’a pas de subventions, voire même, ça nous coûte de l’argent, mais on est passionnés », souligne Simon.
Pas près d’arrêter
Leur récompense, dit-il, c’est « tous les souvenirs de rencontres, tous les groupes, les artistes d’ici avec qui on a échangé » . Et des petits plaisirs aussi. Un jeune qui finit sur une radio populaire, un tube déniché avant tout le monde. «OnareçuHyphen Hyphen, M83, c’est drôle de les voir évoluer ensuite, c’est super. Je me souviens aussi qu’on avait reçu la chanteuse Camille, avant qu’elle ne perce, parce qu’elle était venue dormir chez des amis au col de Vence... Ou qu’on avait diffusé Respire, de Mickey 3D, avant tout le monde ! »
Et pour la suite ? «Le concept de l’émission ne devrait pas changer, on n’est pas près d’arrêter, c’est notre récréation. Le reste, ça dépend des talents des uns et des autres, les concerts par exemple, c’est vraiment le nez de dénicheur de Noël Noël... Donc demain sera fait des rencontres qui se feront ! »
L’Oreillequigratte. Tous les mardis de 19 h à 21 h sur Agora Côte d’Azur (94.0 / 94.1), rediffusions pendant le confinement. Et webradio 24 h/24 sur loreillequigratte.com.
‘‘ La récompense, c’est les rencontres”