D’Antipolis à Antibes
Cité antique de premier plan, Antibes a su, au fil du temps, séduire nombre de peuplades aussi bien que des évêques, des seigneurs, des rois et des artistes de renom.
S’il est une ville qui donne le ton à la Côte d’Azur, c’est bien cette commune double, à la fois sage et dissipée, qui fut longtemps la plus importante métropole du littoral entre Marseille et l’Italie.
Si au fil des siècles, Antibes a porté divers patronymes tels Antipolis et Civitas Antipolitana avant J.C ; Antibolensis en 964 ; Antibuli d’après le cartulaire de Lérins en 1016 ; Antipolim en 1173 ou Antibol, Antibo et Antiboul en provençal ancien entre le XIIe et le XVIe siècle, on ne sait pas exactement quand elle est devenue seulement Antibes. Peut-être dès le XIIIe siècle lors de la construction de la ville médiévale ou plus tard lors du rattachement de la Provence à la France en 1481 ? Mais débutons par ses origines !
Création d’un comptoir important
Le site, qui abrite aujourd’hui les deux entités Antibes et Juan-les-Pins, était initialement occupé par les Décéates et les Oxybiens, deux tribus Ligures antagonistes. Au Ve siècle avant JC, les Grecs qui étaient établis à Massilia (Marseille) vont s’y installer et fonder un comptoir commercial qu’ils baptisent Antipolis – soit la terre d’en face (lire encadré).
Située sur le parcours des grandes routes maritimes et sur la voie terrestre qui relie Rome à l’Espagne, Antipolis est souvent assiégée par les tribus primitives. Pour assurer sa défense, elle fait appel à Rome qui voit l’occasion d’investir « légitimement » cette place commerciale stratégique.
En 48 av J.C., après les nombreuses interventions des Romains, Antipolis accepte la domination romaine de son plein gré. Rome va alors ériger ce petit village en Municipe - cité sous la dépendance. Baptisée Civitas Antipolitana, la petite cité va rapidement se doter de théâtre, amphithéâtre, agora, thermes, aqueducs, arcs de triomphe... et devenir un important comptoir maritime où transitent de nombreux navires marchands.
En 442, la cité prospère devient siège de l’évêché. Du VIe au Xe siècle, le comptoir vit au rythme des invasions barbares et raids sarrasins.
Reconstruite par Vauban
Aussi, les habitants renforcent les défenses de la ville en édifiant les premières murailles dites de « l’an Mille ». Puis, au gré des différents souverains et du départ de l’évêché en 1244, la ville connaît des fortunes diverses. Il faut attendre le rattachement de la Provence à la France en 1481, pour que, devenue Antibes, la ville retrouve sa superbe.
Mais, lorsque débute une longue période de conflits, Antibes, positionnée à la croisée des hostilités entre le royaume, le comté de Nice et les États de Savoie, est plusieurs fois mise à sac. Reconstruite par Vauban en 1680 qui en redessine les fortifications, la ville n’en a pas fini avec les guerres entre souverains. Malgré les tourments, Antibes résiste et la révolution y fut plutôt sereine. En 1815, elle refuse de s’allier à Napoléon et par une ordonnance de Louis XVIII en 1816, elle récupère son titre de « bonne ville du royaume de France » et fait alors ajouter à ses armoiries, enregistrées depuis 1698, la devise suivante : Fidei servandae exemplum – modèle de servante fidèle.
Lors du rattachement du Comté de Nice à la France en 1860 et la création du département des Alpes-Maritimes, la ville vit une véritable mutation. Entre la fin du XIXe et le début XXe siècle, l’essor touristique de la Côte d’Azur, la venue de personnalités étrangères et d’artistes qui la font rayonner et son unification avec le quartier de Juan-les-Pins, le 12 mars 1882, font de l’antique Antipolis, une station balnéaire moderne où tous les arts ont trouvé leur place.
Son statut de permettait aux habitants de s’autoadministrer.
Remerciements à Renaud Dumenil, responsable communication événementielle, Antibes - Juan-les-Pins et Paule et Jean Trouillot auteur du Guide Historique des communes des Alpes-Maritimes.