Tchelidze : le petit dernier
Dernier minot sorti du centre de formation du RCT, Luka Tchelidze vient d’enchaîner quatre feuilles de matches « à la pile ». Patrice Collazo le confirme : « Il est entré dans la rotation »
La mêlée, c’est son dada. Et il couve ses piliers comme s’ils s’agissaient de ses poulains. Alors forcément, Patrice Collazo a apprécié l’entrée en jeu du jeune Géorgien Luka Tchelidze à la 61e minute face à Pau quand Florian Fresia s’est blessé. Et il l’a fait savoir dans la foulée en conférence de presse : « Emerick Setiano a fait 70 minutes très solides, Luka Tchelidze rentre à gauche alors que c’est un droitier et il est performant », a ainsi insisté le coach toulonnais, quitte à en rajouter un peu. Car à la vérité, le petit dernier sorti du centre de formation du RCT ne découvrait pas vraiment le poste de pilier gauche (lire ci-contre).
Mais Patrice, qui sait faire preuve de sévérité, comme cet été lorsqu’il est passé par son aîné, Beka Gigashvili, pour faire savoir au minot qu’il n’était pas dans les clous d’une préparation digne de ce nom, ne manque jamais une occasion de les flatter quand ils répondent à ses exigences.
Et le petit (1,81 m pour 120 kg), repéré par Laurent Emmanuelli dans les sélections de jeunes géorgiens, n’a pas failli ! Débarqué l’été 2018 à Toulon, il va piano mais sano. Champion de France avec les espoirs, Luka Tchelidze a fait ses premiers pasenTop14à19ans,enfévrier dernier à La Rochelle (1 minute de jeu). Puis il a joué en mars à Mayol face au Stade français (5 minutes...), juste avant l’arrêt des compétitions. Depuis son retour en forme, il vient d’enchaîner quatre feuilles de matches (Castres, Agen, Bayonne, Pau) pour un total de 38 minutes de jeu...
Le chemin parcouru
Forcément, le jeune homme né à Tbilissi est heureux. Il mesure déjà le chemin parcouru depuis son arrivée au RCT en 2018 : « Quand je suis venu ici, il y a trois ans maintenant, c’était un peu dur. Ce n’est pas évident de quitter sa famille à 17 ans. Mais Mamuka Gorgodze m’a pris sous son aile et tout s’est bien passé. Aujourd’hui, je vis seul mais j’ai plein d’amis » ,se souvient le pilier issu des rangs des Lelos Saracens. « C’est là que j’ai commencé à jouer au rugby à l’âge de 14 ans. » Et c’est de là que part aussi la voie royale qui envoie les Géorgiens, principalement les avants, à la conquête de la planète ovale et notamment du Top 14. Lui aussi aime les voyages et rêve de faire carrière évidemment. « Ensuite, j’aimerais bien être coach. Mais si je ne suis pas bon, il faudra que fasse autre chose. On verra », explique-t-il simplement en évitant de trop se projeter. Il est vrai que le présent est radieux depuis qu’il a renoué avec la compétition au plus haut niveau : « J’étais très stressé pour mon premier match contre Castres après six mois d’arrêt. Mais là, ça va beaucoup mieux... » Désormais très proche de Beka Gigashvili qu’il a pris pour modèle presque « naturellement », et revenu à niveau physiquement, Luka peut envisager de rejouer régulièrement. Et ce, d’autant qu’il est parfaitement polyvalent, ce qui lui offre deux fois plus de chances d’entrer dans la rotation à gauche ou à droite. A-t-il d’ailleurs une préférence ? « Oui, maintenant, je préfère jouer à droite, mais cela ne me pose pas de problème d’évoluer à gauche si on me le demande. » Compte tenu de la blessure de Florian Fresia, de l’absence de Beka Gigashvili dimanche et surtout de sa bonne rentrée face à Pau, il pourrait donc enchaîner une cinquième feuille de match consécutive au Stade français.
Dans le doute, il s’y est préparé : « C’est une très grosse équipe qui sort de deux ou trois grosses prestations. Je me souviens combien on avait eu du mal à les battre l’an dernier pour ma première à Mayol (19-18). Mais dans tous les cas, on va faire notre maximum pour ramener un résultat », assure le petit dernier.