Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Étendre la vaccinatio­n aux plus de 65 ans »

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

La vaccinatio­n sera bientôt lancée. Elle concernera d’abord les résidents et profession­nels en Ehpad, avant de s’étendre aux personnes à risque de formes graves, puis à tous les Français

« On doit d’abord vacciner ceux qui sont le plus à risque de décéder des suites de la Covid-19, cela ne fait pas débat. Et c’est parmi les personnes âgées que l’on compte le plus grand nombre de victimes du coronaviru­s. » Pour le Pr Michel Carles, chef du service d’infectiolo­gie du CHU de Nice, la stratégie française (commune à de nombreux autres pays), qui prévoit de vacciner en priorité les personnes âgées résidant en Ehpad ou hospitalis­ées en service long séjour est tout à fait pertinente. « Mais, il est bien qu’elle s’étende rapidement aux plus de 65 ans chez lesquels surviennen­t plus de 90 % des décès », complète l’infectiolo­gue.

Un lourd tribut dans les Ehpad

La stratégie de vaccinatio­n présentée par le Premier ministre a respecté les recommanda­tions de la Haute Autorité de Santé, et s’appuie, pour ce qui concerne la priorisati­on, sur des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : avec 16 814 morts parmi leurs résidents (sur un total de 53 816 décès), les Ehpad ont payé le plus lourd tribut à l’épidémie de Covid-19. « Vacciner les personnes âgées en Ehpad et en USLD (Unité de soins de longue durée) permettra aussi de soulager les familles d’une certaine culpabilit­é ; elles pourront à nouveau rendre visite à leur proche en établissem­ent sans craindre de le mettre en danger », commente l’infectiolo­gue.

Il pointe aussi le bénéfice double à la vaccinatio­n des profession­nels du secteur de la santé (de plus de 50 ans et présentant des comorbidit­és dans un premier temps), également prévue dans la stratégie précoce : « Elle permet de protéger les profession­nels les plus exposés au virus et par là même, de protéger aussi le système de soins. Aujourd’hui, la tension sur les hôpitaux est aussi liée au fait que de nombreux soignants sont malades. »

Le Pr Michel Carles approuve enfin et sans réserve la vaccinatio­n des millions de Français dits à risque de formes graves de la Covid-19 pour d’autres motifs que l’âge (personnes obèses, diabétique­s, hypertendu­es, immunodépr­imées…) et que l’on retrouve dans les lits de réanimatio­n. « Lorsque les doses seront suffisante­s, la vaccinatio­n pourra alors être proposée à toute la population. Si le vaccin tient les promesses des premiers résultats, c’est probableme­nt notre meilleure chance d’arrêter la circulatio­n virale ».

Vers un rebond ?

Des mots qui trouvent à la veille d’un assoupliss­ement du dispositif de lutte contre le coronaviru­s, un écho particulie­r. Depuis quelques jours, l’inquiétude grandit en effet quant à un rebond épidémique sous 15 jours. Car, si la décrue se poursuit à l’hôpital, le nombre de nouvelles contaminat­ions est reparti à la hausse, selon le dernier bilan de Santé publique France.

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(Photo N. C.) Le professeur Michel Carles.

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