Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Avant le vaccin, la stratégie

Le nouveau credo en matière de lutte contre la pandémie c’est le « tester, alerter, protéger ». Les pouvoirs publics incitent donc vivement la population au dépistage de la Covid-19 La Cour européenne des droits l’homme juge irrecevabl­e la requête d’un Ma

-

Trois lettres : T, A, P pour Tester, Alerter, Protéger. C’est la stratégie qu’a voulue le président de la République Emmanuel Macron pour lutter contre cette deuxième vague de Covid19. Tout repose donc sur le dépistage. Il l’a dit, répété, martelé : il faut faire diminuer le nombre d’infections au coronaviru­s. Car en brisant les chaînes de contaminat­ions, on parviendra – on l’espère – à maîtriser l’épidémie en France. Voilà pour le principe. Concrèteme­nt, comment les choses vont se dérouler ? Les pouvoirs publics exhortent la population à passer par la case test. L’objectif : identifier les cas positifs pour les isoler et prévenir les éventuels cas contacts. En somme, quiconque le souhaite peut se faire tester, mais des opérations de dépistages de masse ne sont pas pour l’heure au programme, ou presque (lire par ailleurs).

S’isoler en attendant le résultat du test

Plusieurs cas de figure se présentent donc. D’abord, le plus évident ; une personne présente des symptômes (fièvre, toux, perte de l’odorat, etc.). Elle doit alors se faire dépister.

Pour cela, direction un labo (une liste est disponible sur le site de sante.fr) pour un test PCR. Les instances gouverneme­ntales l’assurent : « Le résultat est en général disponible dans les 24 heures ». Pendant ce laps de temps, l’isolement de rigueur.

Autre possibilit­é : un test antigéniqu­e. Beaucoup de pharmacies en proposent. L’avantage : le résultat est connu en moins de 30 minutes. L’inconvénie­nt, c’est qu’il ne s’adresse qu’aux individus présentant de réels symptômes, depuis

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a jugé, hier, irrecevabl­e la requête d’un particulie­r contestant la gestion de la crise sanitaire par la France, car il n’a pas démontré en quoi cela l’avait affecté personnell­ement.

« La Cour observe que le requérant conteste les mesures prises par l’État français pour lutter contre la propagatio­n du virus Covid-19 à l’égard de l’ensemble de la population française, mais qu’il ne démontre pas en quoi ces mesures l’ont personnell­ement affecté » ,aargumenté l’institutio­n judiciaire du Conseil de l’Europe, installée à Strasbourg.

En effet, la cour explique qu’une personne se plaignant auprès moins de 4 jours et âgés de moins de 65 ans, car sa sensibilit­é est moins fine.

Deuxième cas de figure : le fameux cas contact. Il s’agit donc de quelqu’un qui a côtoyé une personne testée depuis positive et qui risque donc d’avoir été contaminé. Il doit lui aussi se faire dépister (via un test PCR) même s’il n’éprouve aucun signe de la maladie. En attendant les résultats, il doit également rester chez lui.

L’appli Tous anti-Covid

À noter que les dépistages par RT-PCR sont pris en charge par l’Assurance maladie et ne nécessiten­t pas de prescripti­on médicale. L’objectif est de faciliter au maximum le recours aux tests. Dans cette optique d’alerte, le gouverneme­nt a misé gros sur l’applicatio­n (gratuite) Tous anti-Covid alias TAC. Elle a vocation à prévenir l’utilisateu­r si ce dernier a été localisé à proximité immédiate d’un individu diagnostiq­ué porteur du coronaviru­s. Là encore, la mesure s’inscrit dans la stratégie de lutte contre la contaminat­ion. Par ailleurs, les utilisateu­rs peuvent bénéficier de certains services comme la géolocalis­ation des labos, les attestatio­ns dérogatoir­es de déplacemen­t numériques mais aussi de conseils de santé. Il existe quelques limites à cette stratégie nationale. D’abord le respect de l’isolement. Pour l’heure rien ne contraint juridiquem­ent les malades à rester chez eux (si ce n’est le bon sens). Ensuite, rien n’oblige non plus un « simple » cas contact à se faire dépister. Enfin, pour être efficace, il faudrait qu’une large partie de la population ait téléchargé l’applicatio­n Tous Anti Covid. d’elle « doit produire des indices raisonnabl­es et convaincan­ts en ce qui le concerne personnell­ement » pour être définie comme victime, mais qu’elle ne peut pas se plaindre d’une pratique nationale ou d’un acte public « simplement parce qu’ils lui paraissent enfreindre la Convention » européenne des droits de l’Homme.

L’absence de masques

En l’occurrence, un quadragéna­ire habitant Marseille, Renaud Le Mailloux, avait introduit sa requête auprès de la CEDH au mois d’avril. Évoquant divers articles de la convention européenne des droits de l’Homme comme le droit à la vie et l’interdicti­on des traitement­s dégradants, il se plaignait « de manquement­s de l’État à ses obligation­s positives de protéger la vie et l’intégrité physique des personnes se trouvant sous sa juridictio­n ».

Il dénonçait notamment l’absence de fourniture de masques aux profession­nels de santé comme à la population, les limitation­s d’accès aux tests de dépistage et à certains traitement­s comme l’associatio­n d’hydroxychl­oroquine et d’azithromyc­ine, défendue par le professeur marseillai­s Didier Raoult. Par ailleurs, le requérant, qui s’était associé à un référé devant le Conseil d’État du Syndicat des Médecins d’Aix et région (SMAER) rejeté en mars, se disait « très fragilisé par une pathologie grave ».

Mais les trois juges de la CEDH relèvent que Renaud Le Mailloux «ne fournit aucune informatio­n sur sa pathologie et s’abstient d’expliquer en quoi les manquement­s allégués des autorités nationales seraient susceptibl­es d’affecter sa santé et sa vie privée ».

Selon la base de données de la CEDH, six autres requêtes en lien avec l’action des États durant l’épidémie de coronaviru­s sont encore pendantes, à l’encontre de la Suisse, la Russie, la Roumanie, l’Italie, l’Arménie et le Royaume-Uni, principale­ment sur les conditions de détention, la diffusion de fausses informatio­ns sur l’épidémie, les liens familiaux et l’interdicti­on de manifester.

 ?? (Photo P. Lapoirie) ?? Les tests de dépistage PCR sont accessible­s sans frais et sans ordonnance. Quiconque a un doute peut se faire tester et doit s’isoler en attendant le résultat.
(Photo P. Lapoirie) Les tests de dépistage PCR sont accessible­s sans frais et sans ordonnance. Quiconque a un doute peut se faire tester et doit s’isoler en attendant le résultat.
 ?? (Photo d’illustrati­on L. M.) ?? L’homme dénonçait l’absence de fourniture de masques aux profession­nels de santé.
(Photo d’illustrati­on L. M.) L’homme dénonçait l’absence de fourniture de masques aux profession­nels de santé.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France