Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le père d’un ado roué de coups pour une «dette de stups »

- E. M. E. M.

C’est une affaire pas banale qui a été examinée par le tribunal correction­nel de Toulon ces derniers jours. Le père d’un adolescent s’est rendu au pied d’une tour dans la cité Berthe à La Seyne pour avoir une explicatio­n avec des trafiquant­s de drogue. Il a été roué de coups par un groupe d’individus.

« Il ne doit sa survie qu’à l’interventi­on d’un automobili­ste qui, par un acte citoyen, s’est arrêté pour porter secours à cet homme au visage ensanglant­é »,a indiqué son avocate. Il faut rembobiner l’histoire de quelques jours pour essayer de comprendre comment la victime en est arrivée là.

Le piège s’est refermé

Son fils, 17 ans, s’était rendu du côté du Messidor – haut-lieu du trafic de stups dans le quartier – pour se faire embaucher comme revendeur de shit. L’adolescent a effectué une première vacation – avec la promesse d’obtenir 150 euros pour 12 heures de « travail » – et le piège s’est refermé. Les trafiquant­s chargés de compter l’argent ont prétexter un trou dans les comptes pour le faire revenir le lendemain, à titre bénévole pour combler le déficit. Le scénario s’est répété encore une fois, et le garçon a fini par se confier à ses parents qui s’étonnaient un peu de ses absences.

Le père de l’adolescent a décidé de se rendre au Messidor pour régler le problème. « Vous avez pris des risques énormes, si vous croyez que vous êtes entre gens de bonne compagnie pour une dette de stups, vous êtes naïf, s’est étonnée la présidente du tribunal. Ça ne vous est pas venu à l’idée d’aller au commissari­at ? »

« J’ai voulu discuter, je connais le quartier. » Le père a été passé à tabac par plusieurs individus. Un pied de table a même été utilsé comme arme : nez cassé, tuméfactio­ns... « Son interrupti­on totale de travail (fixée à 10 jours par un médecin-légiste) a été prolongée d’un mois par son généralist­e, a assuré son avocate, son oeil gauche est atteint de cécité et il a une vertèbre fracturée... »

« J’ai honte de moi »

Avec son oeil droit, la victime est parvenue a identifé l’un de ses agresseurs sur une planche photograph­ique au commissari­at. « J’ai honte de moi de m’être battu avec lui, c’est un papa »,a regretté le prévenu, jugé en comparutio­n immédiate.

Ce Seynois, âgé de 20 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme et maintenu en détention. « Vous vous croyez dans votre territoire, où vous feriez votre loi, mais il faut savoir que ce n’est pas votre territoire », lui a asséné la présidente de l’audience.

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(Photo doc V.-M.) La victime ensanglant­ée avait été conduite au commissari­at par un « bon samaritain ».
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