Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Entreprise­s radiées en  : une épidémie sans virus

À Toulon en 2020, le nombre d’entreprise­s radiées par le tribunal de commerce explose. Ça ne reflète cependant absolument pas un effet de la crise sanitaire assure le président du tribunal

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Plus qu’une ambiance ou un ressenti, ce sont les chiffres des greffes des tribunaux de commerce qui peuvent donner une idée du dynamisme économique d’une ville. À l’heure où la crise économique semble aussi menaçante que sa grande soeur sanitaire, une étude vient précisémen­t de paraître pour prendre le pouls de Toulon et de 50 grandes villes françaises.

Un bilan où les statistiqu­es se basent principale­ment sur deux indicateur­s recueillis auprès d’infogreffe : les immatricul­ations et les radiations d’entreprise­s. C’est surtout ce second chiffre qui interpelle en 2020 à Toulon.

De janvier à fin octobre, 408 chefs d’entreprise­s toulonnais ont mis la clé sous la porte. Une hécatombe par rapport aux années précédente­s.

Dans ce sinistre décompte, la capitale du Var figure à la onzième place des grandes villes les plus touchées avec une moyenne de 2,37 radiations pour 1 000 habitants.

L’impact du coronaviru­s bien sûr ? Pas du tout. La crise n’a rien à voir là-dedans assure William Reich, président du tribunal de commerce.

Selon lui, ces chiffres ne traduisent pas une mauvaise santé du tissu économique toulonnais... mais une grande opération de nettoyage réalisée dans les registres du greffe.

« On a voulu épurer le registre du commerce en enlevant les sociétés en sommeil, ou celles qui n’ont pas fait les formalités pour être radiées. Le greffe a fait des relances et radié d’office celles qui ne répondaien­t pas. »

Une explicatio­n qui permet de comprendre pourquoi c’est en janvier et février que l’hémorragie a été la plus violente (tableau ci contre) alors que l’avancée du coronaviru­s n’était évoquée que dans la rubrique internatio­nale des journaux et ne faisait tousser personne dans la rade.

« C’est aussi parce que d’une ville à l’autre, ou plutôt d’un greffe à l’autre, ce type de choix est différent qu’il est en fait impossible de comparer les villes », soupire William Reich, par ailleurs médiateur du comité de pilotage économique de TPM.

Dans la moyenne pour les immatricul­ations

Autre chiffre à retenir, celui des immatricul­ations d’entreprise­s. Là, c’est dans le milieu du peloton que se situe Toulon (32e place sur 50).

D’après les registres, 348 entreprise­s ont été créées à Toulon depuis le début de

TOTAL

-% de créations et +% l’année.

Ça donne une moyenne de 2.02 « naissances » pour 1 000 habitants. Dans ces statistiqu­es, il n’est pas évident non plus de trouver une trace de la pandémie. À part en avril et mai, où la « natalité » a été plus faible (14 et 17 immatricul­ations), les autres mois semblent afficher des chiffres relativeme­nt stables (compris entre 52 en janvier et 29 en juillet). Mais ici encore, William Reich tient à relativise­r la lecture de chiffres. « Le problème qu’on a c’est que depuis 2 ou 3 ans, tout ce qui est autoentrep­reneur rentre au registre du commerce au même niveau que l’entreprise qui a plusieurs salariés. de fermetures par rapport à  Donc ça fausse les chiffres. »

« Sous oxygène »

Comment décrire alors le tissu économique toulonnais après une année éprouvante ?

« Ce qui est significat­if, c’est qu’en moyenne aux audiences du tribunal de commerce, concernant les assignatio­ns de l’Urssaf ou des impôts, en temps normal, on avait 20 ou 25 dossiers par semaine. Et là, depuis plusieurs mois, il n’y a plus que 3 ou 4 dossiers par semaine », glisse le président du tribunal de commerce. Le signe d’une forme olympique ? Pas vraiment. « Ce qui se passe, c’est qu’entre le PGE (prêt garanti par l’État,

Le site Legalstart (spécialisé dans les démarches juridiques des entreprise­s) et l’agence de presse Flash qui cosignent cette étude expliquent avoir récolté et épluché dans les  plus grandes villes françaises les données d’infogreffe concernant les immatricul­ations d’entreprise­s (création) et les radiations (fermetures) tout secteur confondu du er janvier au

 octobre .

ndlr) et les reports de charges, toutes les entreprise­s sont sous oxygène », souffle William Reich.

Une situation qui fait planer des inquiétude­s sur la sortie de crise, lorsque les entreprise­s verront l’heure de rembourser arriver. « S’il n’y a pas, par exemple, un abandon des charges ou des cotisation­s, les défaillanc­es d’entreprise­s vont être très importante­s, redoute le président du tribunal de commerce en croisant les doigts pour que des aménagemen­ts soient proposés d’ici là.

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(Photo doc V.L.P.) William Reich, président du tribunal de commerce de Toulon et médiateur du comité de pilotage économique de TPM.

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