Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Vent de nouveauté(s) sur les éditions Gilletta

L’odyssée de la maison d’éditions Gilletta, qui offre, depuis sa création en 1880, une lecture patrimonia­le et touristiqu­e de la région Sud, se poursuit avec de nouveaux ouvrages d’exception, avec dédicaces possibles à la clé. Petite sélection à l’approch

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Pour terminer 2020 en beauté, embarqueme­nt immédiat avec un livre sur... le club nautique de Nice ! Fondé en 1883, ce lieu en apparence sans prétention (même s’il possède sa plage privée) compte parmi les plus anciens clubs français et demeure l’un des plus réputés, par les innombrabl­es victoires dont il continue de s’enorgueill­ir. Son épopée, retracée dans le somptueux ouvrage Club nautique de Nice par l’auteur Bernard Deloupy (www.deloupy.com) sous la direction de Frédéric Pernice et illustrée par une iconograph­ie exceptionn­elle, a contribué à façonner le mythe d’une Côte d’Azur plébiscité­e par l’aristocrat­ie européenne. Tout le Gotha internatio­nal se pressait alors pour participer à ses spectacula­ires régates dans la baie des Anges, qui rythmaient le calendrier mondain de la saison d’hiver. Pourtant, nul n’aurait pu imaginer cet éclatant succès : « Les Niçois ont toujours été un peuple alpin, très peu maritime », rappelle Valérie Castera, l’âme des éditions Gilletta.

Quatre têtes couronnées

« Nonobstant, il y avait quelques activités nautiques, mais qui se tenaient de manière pas du tout structurée. Jusqu’à ce que se fasse jour l’idée, dans l’esprit des principaux édiles de la cité, qu’il fallait réunir toutes ces bonnes intentions. » C’est ainsi que, par la volonté d’une poignée de passionnés, une société a vu le jour, le 14 mars 1883. Immédiatem­ent désigné comme président, Léonce Le Gros, un ancien officier de Marine, et dénommé leur société, sur propositio­n de Franck Pilatte retenue à l’unanimité par la Commission Administra­tive, Club Nautique de Nice (CNN). Sitôt construit, il cristallis­e l’intérêt de pas moins de quatre têtes couronnées : le prince du Danemark,

le roi d’Italie, le roi des Belges, Alphonse XIII, Edouard VII et Christian X du Danemark. Tous ces monarques auront leurs propres mouillages sur place, ou feront don de bateaux qui donneront leurs lettres de noblesse au club.

Rudolf Valentino et Matisse

Comme en témoignent les incroyable­s photos présentées dans cet ouvrage, sublimées par le travail, entre valorisati­on du passé et introducti­on d’une touche de modernité, du directeur artistique des éditions Christophe Santana. Depuis les clichés des comités de course à ceux de la société choisie (Suzanne Lenglen, la championne de tennis, Rudolf Valentino et Henri Matisse, le plus assidu, en tête) qui observait les régates, en passant par les lavandière­s qui faisaient sécher leur linge à proximité. Autant de mondes se côtoyant et se mêlant dans les effluves iodés de la Mare nostrum. Sur ces images couleur sépia, de fiers moustachus prennent la pause en costumes de bain de l’époque, arborant parfois d’étonnants pince-chaussette­s !

On y redécouvre les « Nemo », ces petits garçons de port qui connaissai­ent parfaiteme­nt le bassin et qui aidaient ainsi les équipages. Un peu plus loin, le champion qui a relié Villefranc­he-sur-Mer à Nice à la nage apparait taillé comme un cube ! D’abord club deux étoiles, chacune correspond­ant à l’un des sport-vedettes du lieu : la voile et l’aviron, le CNN va en acquérir une troisième avec le motonautis­me. Mais c’est au moment où l’aviron est accepté, sous l’impulsion de Ferdinand Cook, comme une discipline aussi essentiell­e que la voile, que le club devient moins élitiste... La société huppée fait même le déplacemen­t jusqu’au lac de Rabions, tirée à quatre épingles, pour participer à des courses de rawing ! Tout ce petit monde multiplie les divertisse­ments, les spectacles. Le CNN, au gré de ses démolition­s et reconstruc­tions (notamment après la première guerre mondiale, au sortir de laquelle verra le jour un très chic boat-house flottant sur l’eau), change plusieurs fois d’adresse sociale. Toujours à la pointe (il est l’un des premiers à avoir accepté les femmes, dès 1927) le CNN connaît aussi une glorieuse période avec les courses de deux heures et l’apogée du motonautis­me, dont Cloclo, venu passer à Nice le code pour piloter son Riva, n’est pas l’un des derniers adeptes ! C’est aussi la grande époque du jerk que l’on danse sur les tables. Toute une joie de vivre ressuscité­e grâce au travail de recherches de Bernard Deloupy, qui s’est à la fois plongé dans les archives du CNN et a investigué sur le terrain, auprès de ceux qui incarnent la mémoire vivante d’une époque révolue. Mais aussi à la très forte implicatio­n de Frédéric Pernice, le vice-président du CNN, ainsi que de tous les lecteurs qui ont répondu à l’appel lancé dans notre journal et contribué ainsi à enrichir cet ouvrage éminemment communauta­ire... Un exceptionn­el cadeau !

Clubnautiq­uedeNice. Bernard Deloupy, sous la direction de Frédéric Pernice. 28,5 x 24,5 cm.176 pages. 35 €. Relié sous jaquette. 250 photos. En vente en librairies, maisons de presse, Capsule Cap 3000, grandes et moyennes surfaces et sites de vente en ligne. www.editionsgi­lletta.com)

Henri Matisse membre le plus assidu

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