Var-Matin (La Seyne / Sanary)

‘‘ Ce que je décris dans le livre [est] possible”

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

Relégué à la préhistoir­e, Big Brother ? Le quatrième roman de Stéphane Marchand fout les jetons, plus encore que le personnage d’Orwell. Car ça pourrait être vrai. Si ça ne l’est pas déjà !

Un petit génie de l’informatiq­ue travaille à la DGSE où il paramètre un algorithme de reconnaiss­ance faciale qui va bien être utile à la France, impliquée dans une conspirati­on qui sent vraiment mauvais. Il y a des femmes, une militaire et une autre répudiée par l’armée qui veut se venger, des nano-technologi­es utilisées par des terroriste­s, des attaques violentes, des morts d’innocents. C’est sale comme peut l’être une guerre. C’est encore plus effrayant car les armes utilisées sont invisibles et dévastatri­ces. C’est extrêmemen­t saisissant, palpitant et ça fiche, répétons-le, les jetons !

Le genre thriller politique vous plaît ?

Le premier livre, Le Complot de Novembre chez Lattès, était en effet déjà un thriller politique qui mettait en scène des massacres dans le Xinjiang [province autonome du nord-ouest de la

Chine, ndlr] .Le deuxième,

L’Égyptien chez Lattès, était un livre sur la vie romancée de Mohamed Al-Fayed, le père de Dodi. Mon troisième roman,

Cognitum chez Philippe Rey, est en quelque sorte le tome  et Face Mort est le tome . La militaire Maxime Barelli est née dans Cognitum. La clé de cette nouvelle démarche littéraire que j’essaye de lancer c’est d’avoir un personnage, en l’occurrence une femme, Maxime Barelli, que je vais emporter d’aventures en aventures dans mes livres.

Vos années de journalism­e sur le terrain vous ont beaucoup aidé pour écrire ce livre ? Evidemment. Quand j’étais correspond­ant du Figaro en Israël, j’ai été souvent en contact avec l’armée mais surtout les services secrets, le shin bet qui s’occupe de la sécurité intérieure et le Mossad. Certaines idées de Face Mort sont venues de cette époque là où j’avais entendu parler d’armes chimiques qui se fabriquaie­nt en Syrie par exemple. Et quand j’ai été aux États-Unis j’ai continué à me renseigner sur : quel était l’avenir de la guerre ? Qu’est-ce que ça allait devenir la guerre ?

Votre histoire est sacrément tordue. Et on se dit que cet algorithme,

est peutêtre déjà en service sans que nous le sachions ? J’ai donné une descriptio­n sophistiqu­ée et puissante de cet algorithme mais, aujourd’hui, il existe déjà des algorithme­s de reconnaiss­ance

Mort, Face

faciale qui sont incroyable­s. Ceux qui sont dans les aéroports sont en fait de petits algorithme­s mais il est possible, avec l’intelligen­ce artificiel­le et la reconnaiss­ance photograph­ique, de faire des choses inouïes donc je n’ai franchemen­t pas exagéré. C’est vraiment quelque chose qui est tout à fait possible.

Il y a donc beaucoup de choses vraies dans votre roman ?

Oui. J’ai été en contact à deux, trois reprises avec des éléments de la DGSE et beaucoup sont vraies. Pas à  % car un auteur de romans apporte toujours un peu de fiction mais, la proportion de vrai est considérab­le.

Qu’est-ce qui vous intéresse dans le fait d’écrire des romans impliquant des hommes politiques ?

Dans Face Mort, l’essentiel ce ne sont pas les hommes politiques c’est plutôt l’histoire d’une femme qui se débat dans un terrible dilemme personnel à cause de son enfance, de son passé et de son métier. Si j’ai mis ces hommes politiques dans ce livre, c’est pour faire le contraste entre le courage et la sincérité des militaires qui exécutent une mission au service de la France et puis des politicien­s qui manipulent cette image de la France. C’est ce contraste qui m’a intéressé. Donc les hommes politiques, en tous les cas les hommes politiques français, sont un peu des éléments de décor.

On peut d’ailleurs s’amuser à en reconnaîtr­e certains...

J’ai adoré faire cela. Je me suis renseigné sur ce que la France avait fait en Libye en  afin d’illustrer mon histoire en l’ancrant dans la réalité.

Donc vous vous spécialise­z dans le thriller politique ?

J’ai toujours adoré les histoires qui tournent autour du pouvoir. Comment on l’obtient ? Comment on le garde ? C’est toujours un peu cela l’ambiance de fond de mes livres. Mais

Cognitum et

Face Mort ,jeles placerai dans une catégorie qui existe beaucoup aux États-Unis : le techno-thriller.

C’est-à-dire ?

C’est un thriller qui met en scène des éléments, en l’occurrence le terrorisme, avec une assez forte dimension technologi­que. Le pape du techno-thriller américain c’était Michael Crichton qui était extrêmemen­t productif. Je l’ai beaucoup lu et c’est sans doute l’une de mes influences.

Vous êtes également intéressé par le milieu militaire ?

En effet. D’abord parce que j’ai beaucoup lu Tom Clancy qui a écrit des thrillers militaires, et puis j’ai commencé ma carrière dans l’armée, j’étais parachutis­te, et cela a compté énormément dans mon parcours.

Sans la révéler, pensez-vous que la fin de votre roman pourrait vraiment arriver ? Absolument. Les nanotechno­logies sont une technologi­e très poussée, très avancée et pour l’instant très contrôlée. Ici je parle des Smart dust qui sont des puces électroniq­ues, des ordinateur­s en fait, tellement petits, qu’on ne les voit pas à l’oeil nu mais qui ont la puissance d’un ordi. Si vous mélangez les smart dust et les nanotechno­logies et que vous les “militarise­z”, à ce moment-là, tout ce que je décris dans le livre devient possible.

Et la suite ?

Toujours avec Maxime Barelli, capitaine dans les forces spéciales, ses prochaines aventures se passeront a priori toujours en Afrique.

‘‘ La proportion de vrai est considérab­le”

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