Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Calogero « Je fais peut-être partie de la famille ? »

Le dernier album du chanteur, sera finalement dans les bacs (des disquaires rouverts !) ce vendredi. Le huitième disque d’un Calogero optimiste.

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr

Il aurait dû sortir le 6 novembre dernier, mais le deuxième confinemen­t aura incité Calogero et son équipe à le repousser. Centre ville, le huitième album du chanteur isérois, est finalement disponible ce vendredi. Un disque dont trois extraits tournent déjà. On fait comme si, composé pendant le premier confinemen­t et dont les droits sont reversés aux soignants, La Rumeur qui tourne en boucle sur les radios depuis cet été, et Celui d’en bas, le dernier, dans lequel l’ancien des Charts met en musique une lutte des classes façon amour de jeunesse. Dévoilés aujourd’hui, douze titres en tout, dont deux écrits avec Benjamin Biolay, qui se promènent entre pop et chanson, et quelques incartades bossa, avec lesquels Calogero devrait partir en tournée à l’automne 2021. En attendant, il a proposé un concert acoustique en ligne aux fans qui avaient précommand­é son album hier soir.

Comment ça va, vous ?

Je ne suis pas à plaindre. Pour ceux qui créent, il y a toujours une guitare, un piano, de l’inspiratio­n et ça, ça permet de faire passer des émotions, des angoisses même, dans cette période anxiogène. Mais je pense à ceux qui n’ont pas cette chance-là… Chacun fait comme il peut pour évacuer ça.

C’est ce que vous dites dans le premier extrait,

On fait comme si “on fait comme on peut”…

:

La chanson décrit vraiment le confinemen­t. Cet état. Ça ressemblai­t à des dimanches qui se succédaien­t. Une ambiance glaciale et, en même temps, on appelait la famille plusieurs fois par jour, on regardait les infos. On ne savait pas si c’était très grave ou qu’un peu…

Vous n’auriez pas chanté la même chose pour ce deuxième confinemen­t ?

Non, parce que sur ce texte de Bruno Guglielmi, mes notes sont sorties spontanéme­nt, en pleine solitude, finalement. Aujourd’hui, il n’y a pas la même inquiétude. Ce deuxième confinemen­t, on sait que c’est pour mettre un coup de frein, on sait davantage pourquoi. Je suis un optimiste, j’ai envie de faire confiance à la médecine, aux chercheurs. Je n’ai pas envie de taper sur la tête des gens, des gens qui nous aident, qui font ce qu’ils peuvent.

Vous chantez aussi

“nos vies d’après seront plus belles”…

Oui, j’y crois ! On est dans une période où l’on voudrait que tout aille très vite mais il faut laisser du temps au temps. Et en même temps, il pourra ressortir des choses intéressan­tes de ces confinemen­ts. Au niveau créatif, au niveau de la communicat­ion, au niveau de plein de choses.

Sortir parmi les premiers extraits, une façon d’insister sur l’un des dangers de l’époque, de ses réseaux ? Oui. Il y a aussi une chanson qui s’appelle Vidéo qui va dans le même sens. La rumeur, on en meurt aujourd’hui, psychologi­quement on en meurt. Il n’y a plus de présomptio­n d’innocence avec Internet. On ne se pose même plus la question, c’est elle, c’est lui, c’est comme ça. Avec les vidéos, on ne profite plus de la vie : tout ce qu’on voit, tout ce qu’on fait, il faut le filmer ou le prendre en photo. Photograph­ier son steak frites pour montrer que notre vie est géniale, c’est un peu triste...

La Rumeur

Vos titres d’album comptent. Le dernier, celui-ci

Qu’y a-t-il derrière ? Plein de choses ! Dans une période comme on vit en ce moment, pour moi, le centre ville c’est rassurant. Le bar du coin, là où on va acheter à manger, la pharmacie. C’est là où il y a la vie. Et c’est en Province, on ne dit pas centre ville pour Paris ou Rome. Le centre ville, c’est la place Stanislas à Nancy, Grenette à

Liberté chérie, Centre ville.

Grenoble… Quand j’étais môme, on sortait le soir avec les copains, on quittait Échirolles, la banlieue, on allait au centre ville à pied, et c’était rassurant.

Alors vous ne voyez pas la campagne comme le nouvel eldorado, vous ?

Non, je suis très citadin, j’aime le centre. Et j’ai envie, justement, de déconfinem­ent, de revoir les villes sans masques et des êtres humains qui se touchent. Il faut faire l’effort bien sûr, je ne suis pas pour la théorie du complot, mais je crois qu’on est quand même faits pour le contraire, pour le contact !

Vous avez enregistré ce disque dans votre propre studio, qu’estce que ça a changé ?

Ce que ça change, c’est que c’est comme un atelier d’artiste, d’artisan même. Mon père avait un atelier pour faire des staffs, des corniches sur les plafonds, qu’il fabriquait en plâtre… Mon studio, je crois, ressemble un peu à son atelier. J’ai tous mes outils et, grâce à eux, sans le micro derrière la vitre et tout ça, avec le matériel qui me ressemble, je peux faire la musique que je veux.

Sur RTL, vous avez dit que ce studio s’appelait pour Morricone décédé en juillet. Que représente-t-il pour vous ? C’est un génie. C’est avec sa musique que j’ai appris à jouer. Pour moi, c’est comme un Verdi… Si Ennio était d’un autre siècle, il y aurait des statues de lui, il aurait composé l’hymne italien… Il a fait des musiques éternelles, des BO qui sont mieux que les films parfois. Sa musique a accompagné la vie des gens, la mienne en tout cas.

Ennio,

‘‘ Le centre ville, c’est rassurant”

La vôtre aussi, accompagne la vie des gens.

J’espère ! Imaginez, quand j’étais môme je voulais être musicien et là vous me dites que ma musique accompagne la vie des gens, c’est fabuleux. C’est vrai, ça fait longtemps que je suis là. Je disais à mes enfants : c’est fou, j’ai joué partout en France, dans les petites salles, les grandes… Je fais peut-être un peu partie de la famille des gens ? Je crois que, quand vous suivez un chanteur, un comédien, depuis longtemps, forcément, c’est qu’il vous ressemble.

‘‘ Pour moi, Morricone, c’est Verdi”

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