Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Des joueurs s’inquiètent... »

Pour le principal agent de joueurs français, Pascal Forni, le monde du rugby, très affecté par la situation, a matière à s’inquiéter : « Le marché est très calme cette année et cela pourrait durer. »

- PROPOS RECUEILLIS PAR FABRICE MICHELIER

Cette crise va s’inscrire dans le temps”

Principal agent du rugby français, Pascal Forni était monté au créneau lors du premier confinemen­t afin de prévenir des risques pour le milieu du rugby. Alors que les revenus du monde de l’ovalie chutent avec les huis clos, son appel ne semble pas encore avoir été entendu.

Vous étiez pessimiste lors du premier confinemen­t. Et aujourd’hui ?

Je pense qu’aujourd’hui, mes craintes étaient justes. On joue à huis clos, l’impact financier sur les clubs augmente tout simplement.

Vous aviez soumis l’idée à la Ligue de sortir les joueurs chômeurs du salary cap ,afin« d’éviter

des drames ». Votre requête a-t-elle été entendue ?

Pas du tout, et cela a même été grandement refusé. Comme chaque fois, j’ai eu droit au classique : « de quoi tu te mêles ». Certains pensent tout savoir et ont oublié qu’ils vivent aussi sur le dos des joueurs. Ces gens estiment qu’on ne doit pas s’en mêler et que les joueurs n’ont pas à l’ouvrir et ne doivent pas se plaindre.

Quel effet sur les contrats de joueurs ?

Les contrats ne seront pas en augmentati­on cette année. C’est certain. Dans les prochaines semaines et mois, la tendance sera la même. C’est très compliqué pour un club, ou pour une entreprise comme la mienne d’analyser les impacts secondaire­s et suivants. Cette crise va s’inscrire dans le temps. Nous sommes au deuxième confinemen­t, rien n’exclut un troisième. Je pense qu’on ne connaît pas encore les résultats de ce deuxième confinemen­t.

Les prix sont-ils tirés vers le bas?

Les clubs sont assez agressifs sur les contrats, d’autres ne bougent tout simplement pas. Il y a de tout actuelleme­nt. Tout dépend la façon dont sont structurés les clubs.

Les joueurs sont-ils inquiets ?

Les joueurs restent relativeme­nt préservés. Ils se rendent compte qu’il se passe quelque chose sans vraiment le réaliser. Ils vont s’entraîner tous les jours, ils ont une vie au sein des clubs, où ils sont testés, protégés, choyés. Ils ne sentent pas vraiment la différence, ils sont dans une bulle. Certains sont cependant inquiets de la situation et nous appellent. Pas forcément ceux en fin de contrat.

Les clubs ont-ils tendance à se tourner plus vers les jeunes ?

L’équilibre pour le recrutemen­t reste le même, entre les anciens et les jeunes. On prend de l’expérience quand on en a besoin. Ce qui est dur, c’est que ça coûte de l’argent…

L’État a mis en cause la gestion des Ligues et des salaires. Comprenez-vous ? Ce qu’il faut dire, jusqu’à aujourd’hui, le foot et le rugby ont un apport massif pour l’État. Encore aujourd’hui, le chômage partiel ne concerne que très peu le monde pro. Seule la

Pro D. Les grands clubs non. C’est à la marge. L’État ne doit pas oublier que les charges sur les salaires sont payées chaque mois. Le coût social d’un club est élevé. S’il y a  millions donnés pour un salaire, ça coûte le double avec  millions pour l’État. C’est une des premières fois que celui-ci va donner de l’argent au rugby profession­nel en vingt ans. Chaque année, le rugby lui donne en moyenne  millions d’euros… Si on fait la moyenne sur vingt ans, on atteint , ou

, milliard. Et là, je ne parle pas du foot. L’État est le premier à percevoir les charges des salaires élevés. L’État aide le sport. Quand on annonce  millions pour le sport… ce n’est rien du tout.

Est-ce plus compliqué de faire venir des joueurs étrangers ?

Il y a toujours des arrivées, mais c’est compliqué. Souvent il s’agit de jokers, mais les visas pour sortir des pays sont compliqués à recevoir aujourd’hui, ça a été le cas avec Ma’a Nonu. Le marché internatio­nal est un peu bloqué, pas l’européen.

L’état actuel du marché ?

Le marché est plus calme que les années passées. J’ai la chance d’avoir beaucoup de mes joueurs qui ont été négociés avant cette période. Le hasard – et pas seulement – a fait que l’on a beaucoup négocié de joueurs avant la Covid. Nous en avons très peu en fin de contrat. Nous nous retrouvons chanceux. En revanche, nous récupérons beaucoup de joueurs qui se retrouvent sur le marché, qui sont, eux, en fin de contrat et qui s’inquiètent.

 ?? (Photo DR) ?? Pascal Forni explique pourquoi « les contrats ne seront pas en augmentati­on cette année ».
(Photo DR) Pascal Forni explique pourquoi « les contrats ne seront pas en augmentati­on cette année ».
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France