Var-Matin (La Seyne / Sanary)

La Seyne : le «couple violeur» lourdement condamné

Les jurés sont allés au-delà des réquisitio­ns de l’avocat général, condamnant lourdement Roland H. et Katia B. pour des viols commis sur la fille de cette dernière

- V. W. 1. Le prénom a été modifié pour préserver son anonymat. V. W.

Les monstres, ça n’existe que dans les films, les contes et les cauchemars. Les cours d’assises jugent des hommes, des salauds, des bourreaux, des innocents parfois, mais pas des monstres. » Hier, la cour d’assises du Var a donc jugé un homme et son ex-compagne.

Et si Roland H. et Katia B. ne sont évidemment pas des monstres, comme a tenu à le rappeler Me Romain Callen lors de sa plaidoirie, ce qu’ils ont fait subir à Elena

(1) pendant des années, entre 2008 et 2016 à La Seyne (lire nos éditions précédente­s), est abject.

« Rencontre diabolique »

Pour cela, mais aussi en ce qui concerne Roland H. pour des faits d’agressions sexuelles et de corruption sur le frère d’Elena, les jurés ont décidé de les condamner à dix-huit et quatorze ans de réclusion criminelle. La cour est allée au-delà des réquisitio­ns de l’avocat général, qui avait invité le tribunal à prononcer des peines de quinze et dix ans à l’encontre des deux accusés. Ce choix s’explique sans doute par le sentiment d’horreur qui se dégage de ce dossier. D’un côté, un septuagéna­ire qui a rejeté tout au long de l’audience le terme de « viol », évoquant son amour – « sans doute sincère dans son esprit » – envers la victime mineure, de cinquante ans sa cadette. De l’autre, une mère incestueus­e et aussi active dans les viols qu’elle est apparue passive lors de son procès. La « rencontre diabolique » entre ces deux êtres a débouché sur l’indicible que les jurés ont pu saisir à travers les 270 photos et vidéos conservées par Roland H. comme preuve du consenteme­nt des deux femmes. Comment, dès lors, ne pas avoir à l’esprit cette main d’homme sur le sexe de la jeune fille, âgée tout au plus de 12 ans, quand Roland H. évoque un sentiment d’amour réciproque ?

« Les barrières de l’interdit » ont sauté

Marchant sur des oeufs et sans jamais chercher à minimiser les faits, la défense a tenté de trouver une explicatio­n à ces actes. Intervenan­t aux intérêts de Katia B., Mes Lisa Archippe et Elsa Poncelet ont rappelé l’importance du contexte. De l’enfance cabossée de leur cliente, violée à 12 ans et abusant de l’alcool dès son adolescenc­e. Soumise à Roland H. et immature, « elle n’a pas su dire non ».

« La participat­ion active de la mère a fait sauter les barrières de l’interdit, a souligné Me Christophe Lopez, assurant la défense de Roland H. Dès lors, on se tire vers le bas. » Fruits de leur histoire mais surtout acteurs de leurs propres turpitudes, Roland H. et Katia B. n’avaient aucune excuse aux yeux du tribunal. Certaineme­nt pas des monstres, mais à coup sûr des criminels.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Si Roland H. se donne le temps de la réflexion, Katia B. a déjà fait savoir qu’elle ne fera pas appel de la décision
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Si Roland H. se donne le temps de la réflexion, Katia B. a déjà fait savoir qu’elle ne fera pas appel de la décision

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