Var-Matin (La Seyne / Sanary)

À La Crau, le réveillon avait viré au fiasco : l’organisatr­ice épinglée

- E. M.

Du foie gras qui n’en était pas, de la terrine de saumon conservée à températur­e ambiante, des faux-filets périmés et un nombre de participan­ts supérieur aux capacités d’accueil. Les ingrédient­s étaient réunis pour que ce réveillon commercial du nouvel An, le 31 décembre 2017, vire au fiasco à La Crau.

« Je ne connaissai­s pas la différence entre le “bloc de foie gras” et le “foie gras” .»La gérante de la société qui a organisé cet événement a été condamnée ce lundi à Toulon pour une longue série d’infraction­s et plusieurs délits dont celui de « pratique commercial­e trompeuse » : six mois de prison avec sursis et une interdicti­on de gérer une entreprise pendant trois ans. Elle devra également régler une amende de 7 600 euros au titre des quatre-vingtseize irrégulari­tés relevées par la direction départemen­tale de la protection des population­s (DDPP). L’entreprise spécialisé­e dans l’organisati­on de soirées à thème, déjà mise à mal par la crise sanitaire, est sanctionné­e à hauteur de 3 000 euros, soit près de 10 % du chiffre d’affaires de la soirée ratée.

Il faudra aussi rembourser les frais engagés par la quarantain­e de clients qui ont fait la démarche de se constituer partie civile devant le tribunal, en plus de l’indemnisat­ion de leur préjudice moral évalué à 100 euros chacun.

« On a fini avec une tranche de jambon »

Plus de six cents personnes s’étaient rendues à ce réveillon organisé dans une salle de la zone d’activités de Gavary. Des publicatio­ns sur les réseaux sociaux et des milliers de flyers distribués dans des boîtes aux lettres promettaie­nt un choix entre deux menus (« terre » ou « mer ») « à volonté » pour 50 euros.

Mais l’organisati­on ne disposait que d’à peine plus de deux cents places assises et d’un seul cuistot en cuisine. Les victuaille­s ont fini par être laissées sur des chariots livrés à la foule.

« Il a fallu se battre pour avoir ces assiettes », témoigne une victime. « On a fini avec une tranche de jambon à la maison », raconte-t-on du côté de ceux qui avaient renoncé à jouer des coudes. « J’ai été empoisonné­e », estime encore une septuagéna­ire alors que les tranches de bloc de foie gras provenaien­t d’un surplus – congelé – du réveillon de 2016 (organisé par une autre structure). En défense Me Véronique Lipari a plaidé la bonne foi et un certain amateurism­e. « [Ma cliente] n’a jamais eu l’intention de faire vivre un enfer à ces gens, elle a fait ce qu’elle a pu avec les moyens du bord. Depuis trois ans, elle a gagné en expérience et en compétence, et les choses se sont bien passées .»

 ?? (Photo DR) ?? Des clients, qui avaient obtenu une assiette, s’étaient plaints de la mauvaise qualité des denrées. Les autorités ont relevé plusieurs infraction­s (date de péremption, défaut d’étiquettag­e...).
(Photo DR) Des clients, qui avaient obtenu une assiette, s’étaient plaints de la mauvaise qualité des denrées. Les autorités ont relevé plusieurs infraction­s (date de péremption, défaut d’étiquettag­e...).

Newspapers in French

Newspapers from France