Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Victime d’une balle perdue dans son salon, à Nice

Sans le double vitrage, elle n’aurait pas survécu. Dans un quartier de l’est de Nice, Hayette a été blessée au cou dans son propre salon par une balle perdue tirée depuis l’immeuble d’en face

- JEAN-FRANÇOIS ROUBAUD jfroubaud@nicematin.fr

Àun centimètre près, sans le double vitrage sécurisé, la balle lui aurait traversé la gorge ! La quarantain­e, travailleu­se sociale à Nice, Hayette vit depuis samedi dans l’angoisse. Elle n’ose plus ouvrir les volets de son appartemen­t niçois où elle demeure avec son mari et ses cinq enfants. Samedi à 18 heures, alors qu’elle vaquait à ses occupation­s, une balle perdue de gros calibre l’a atteinte à la base du cou avant de se ficher dans la table du salon.

Une histoire de fou. L’appartemen­t du 5e étage dans lequel Hayette demeure, n’a pas de vis-à-vis immédiat… sinon les deux tours qui surplomben­t l’église de Bon Voyage. À plus de 200 mètres à vols d’oiseau. Et les premières constatati­ons des experts de la police scientifiq­ue semblent bien démontrer que le tir proviendra­it de la tour Mercantour, théâtre comme une grande partie de ce quartier est de Nice de violences récurrente­s liées au contrôle du trafic de stupéfiant.

Sauvée par le double vitrage

Samedi, en rentrant d’une visite chez une amie, Hayette n’imaginait pas un instant qu’elle finirait sa soirée aux urgences. « Avant de m’occuper du repas, je décide de me poser une minute, raconte-t-elle. Les volets du salon ne sont pas fermés. J’ai soif. Je prends une bouteille d’eau en verre sur la table. Je fais sauter le bouchon et là, je ressens une douleur violente et une brûlure terrible à la base du cou ».

Hayette pense d’abord à un accident domestique. « Sur l’instant j’ai cru que le bouchon de la bouteille avait explosé ». Il n’en est rien. Kamel, son mari, alerté par le bruit de deux détonation­s venant de l’extérieur de l’appartemen­t, trouve son épouse assise, hébétée sur le canapé. « Elle se tient le cou qui est en sang. Je vois immédiatem­ent l’impact d’une balle qui a littéralem­ent pulvérisé le double vitrage. Des éclats de verres ont comme giclé partout dans la pièce ».

« Les voyous s’entraînent avec leurs armes »

La police alertée est très rapidement sur place. Hayette est sans délai transférée aux urgences de l’hôpital Pasteur. Sa blessure au niveau de la carotide est superficie­lle : la balle ralentie par le double vitrage l’a miraculeus­ement effleurée avant de s’encastrer dans la table du salon. Les vitres eussent été ouvertes, Hayette n’aurait pas survécu.

Une enquête a immédiatem­ent été ouverte pour « tentative d’homicide » et « mise en danger de la vie d’autrui ».

Mais cette « histoire de fou » met de nouveau en lumière la descente aux enfers de tout un quartier, gangrené par le trafic de drogue. La balle perdue provenait manifestem­ent d’un lieu de deal identifié du quartier. Dans l’immeuble d’où semble provenir le tir, une septuagéna­ire nous confirmait avoir entendu samedi, à l’heure des faits, « deux ou trois détonation­s qui n’avaient rien à voir avec celles d’un feu d’artifice. Ça arrive souvent, les voyous du quartier s’entraînent avec leurs armes ». Sous le choc, Hayette vit depuis dans l’angoisse permanente. « Je sais que je n’étais pas directemen­t visée, mais c’est terrible. Je ne me sens plus en sécurité chez moi ! »

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(Photo Sébastien Botella) La balle perdue a littéralem­ent pulvérisé le double vitrage avant de blesser Hayette au cou.

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