Victime d’une balle perdue dans son salon, à Nice
Sans le double vitrage, elle n’aurait pas survécu. Dans un quartier de l’est de Nice, Hayette a été blessée au cou dans son propre salon par une balle perdue tirée depuis l’immeuble d’en face
Àun centimètre près, sans le double vitrage sécurisé, la balle lui aurait traversé la gorge ! La quarantaine, travailleuse sociale à Nice, Hayette vit depuis samedi dans l’angoisse. Elle n’ose plus ouvrir les volets de son appartement niçois où elle demeure avec son mari et ses cinq enfants. Samedi à 18 heures, alors qu’elle vaquait à ses occupations, une balle perdue de gros calibre l’a atteinte à la base du cou avant de se ficher dans la table du salon.
Une histoire de fou. L’appartement du 5e étage dans lequel Hayette demeure, n’a pas de vis-à-vis immédiat… sinon les deux tours qui surplombent l’église de Bon Voyage. À plus de 200 mètres à vols d’oiseau. Et les premières constatations des experts de la police scientifique semblent bien démontrer que le tir proviendrait de la tour Mercantour, théâtre comme une grande partie de ce quartier est de Nice de violences récurrentes liées au contrôle du trafic de stupéfiant.
Sauvée par le double vitrage
Samedi, en rentrant d’une visite chez une amie, Hayette n’imaginait pas un instant qu’elle finirait sa soirée aux urgences. « Avant de m’occuper du repas, je décide de me poser une minute, raconte-t-elle. Les volets du salon ne sont pas fermés. J’ai soif. Je prends une bouteille d’eau en verre sur la table. Je fais sauter le bouchon et là, je ressens une douleur violente et une brûlure terrible à la base du cou ».
Hayette pense d’abord à un accident domestique. « Sur l’instant j’ai cru que le bouchon de la bouteille avait explosé ». Il n’en est rien. Kamel, son mari, alerté par le bruit de deux détonations venant de l’extérieur de l’appartement, trouve son épouse assise, hébétée sur le canapé. « Elle se tient le cou qui est en sang. Je vois immédiatement l’impact d’une balle qui a littéralement pulvérisé le double vitrage. Des éclats de verres ont comme giclé partout dans la pièce ».
« Les voyous s’entraînent avec leurs armes »
La police alertée est très rapidement sur place. Hayette est sans délai transférée aux urgences de l’hôpital Pasteur. Sa blessure au niveau de la carotide est superficielle : la balle ralentie par le double vitrage l’a miraculeusement effleurée avant de s’encastrer dans la table du salon. Les vitres eussent été ouvertes, Hayette n’aurait pas survécu.
Une enquête a immédiatement été ouverte pour « tentative d’homicide » et « mise en danger de la vie d’autrui ».
Mais cette « histoire de fou » met de nouveau en lumière la descente aux enfers de tout un quartier, gangrené par le trafic de drogue. La balle perdue provenait manifestement d’un lieu de deal identifié du quartier. Dans l’immeuble d’où semble provenir le tir, une septuagénaire nous confirmait avoir entendu samedi, à l’heure des faits, « deux ou trois détonations qui n’avaient rien à voir avec celles d’un feu d’artifice. Ça arrive souvent, les voyous du quartier s’entraînent avec leurs armes ». Sous le choc, Hayette vit depuis dans l’angoisse permanente. « Je sais que je n’étais pas directement visée, mais c’est terrible. Je ne me sens plus en sécurité chez moi ! »