Il fonce sur les policiers municipaux niçois puis frappe l’un d’eux au visage
La scène est filmée de loin, de nuit, mais les images sont éloquentes. On y voit trois policiers municipaux tenter de maîtriser autant d’individus. L’un d’eux prend le dessus. Il met un agent à terre. Il lui assène alors de violents coups de poing au visage. Un policier le repousse en actionnant sa bombe lacrymogène. Cette scène a été partagée sur les réseaux sociaux, et relayée par le conseiller municipal niçois d’opposition Philippe Vardon (RN). Elle raconte une partie de ce qui s’est passé à Nice, quartier de l’Ariane, dans la nuit de lundi à mardi.
Cette affaire en deux temps démarre sur un simple contrôle routier. Contrôle visant à faire respecter le couvrefeu.
Les douze coups de minuit viennent de résonner. Une Volkswagen T-Roc arrive à vive allure sur le pont où s’est positionné un équipage de la police municipale. «Les policiers se placent à l’intersection pour lui intimer l’ordre de s’arrêter, raconte Richard Gianotti, le directeur de la police municipale de Nice. Le conducteur marque un temps d’arrêt. Il regarde les agents. Puis il enclenche la marche arrière et recule à vive allure. Se voyant acculé, il fonce en direction des collègues pour forcer le passage. » Les agents s’écartent à temps. Aucun n’est blessé. Le T-Roc s’engouffre sur l’A8, direction Nice-Nord. Vers 1 h du matin, le centre de supervision urbaine (CSU) repère le petit SUV. Les policiers municipaux n’ont pas engagé de course-poursuite. Mais vers 2 h 15, en sillonnant le quartier, ils retombent sur la Volkswagen, boulevard de l’Ariane.
Agent blessé à l’oeil
Il y a là trois occupants, dont deux hors de l’habitacle. Les policiers municipaux viennent interpeller le conducteur. Mais l’intéressé se rebelle. « Des coups très violents sont portés à l’encontre d’un de nos agents », témoigne Richard Gianotti. Blessé au visage, le policier est conduit à l’hôpital par les sapeurs-pompiers. Il présente des ecchymoses à la face et une possible lésion à l’oeil – il devait subir des examens de la cornée hier.
Sur la vidéo postée sur les réseaux sociaux, on voit l’agresseur prendre la fuite à pied. Un policier lui ordonne de s’arrêter, menaçant de faire usage de son arme. Mais l’individu disparaît dans la nuit.
La police nationale arrive en renfort. Aucune interpellation. Dans la confusion, les occupants du T-Roc ont déguerpi eux aussi. Le véhicule, en revanche, est toujours là. Il appartient à un individu défavorablement connu de la police. Le voilà visé par une enquête pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de la force publique. Enquête confiée à la sûreté départementale, précise Parvine Derivery, adjointe au procureur de la République de Nice. Le parquet a, en outre, retenu le refus d’obtempérer et les violences volontaires. Les trois policiers municipaux ont déposé plainte.
« Remise en cause régulière de l’autorité »
« Fusillades, attaques de policiers ou pompiers, incendies : ça n’arrête plus », a commenté l’opposant Philippe Vardon, en twittant la vidéo de cette « interpellation qui dégénère ». De son côté, Richard Gianotti constate que « les forces de police sont régulièrement soumises à des faits de rébellion ou de violences. D’autant plus quand on intervient dans des quartiers difficiles. La remise en cause de l’autorité est régulière, hélas, sur des contrôles routiniers. »
Cette nouvelle agression a blessé un fonctionnaire âgé de 30 ans, qui compte huit ans de service. «Detels événements laissent des traces. Ce n’est jamais anodin », remarque le patron des municipaux.
Ses hommes le savent, eux aussi : leur métier les expose à la violence de la société. Voilà pourquoi Christian Estrosi, le maire de Nice, réclame qu’ils aient accès aux fichiers des délinquants, insiste Richard Gianotti. « Cela nous permettrait de travailler en sécurité. En l’occurrence, identifier sa plaque d’immatriculation nous aurait permis d’être préparés. »