Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Yves Pujol et Aïoli le virus n’aura pas les fadas

Si le groupe toulonnais sommeille en cette période cruelle pour les artistes, son leader ne dort pas. Yves Pujol prépare un album de chansons, un one-man-show et planche sur un rendez-vous majuscule en 2022.

- RAPHAËL COIFFIER rcoiffier@nicematin.fr

Ce n’est pas vraiment dans sa nature de saltimbanq­ue, pourtant Yves Pujol a le moral dans les chaussette­s. Le coton-tige dans les naseaux, le leader du groupe toulonnais, Aïoli, en a ras la casquette. Tout juste testé négatif, il s’en retourne donc à sa triste condition humaine. Entre quatre murs. À chasser les mouches et tuer le temps. En attendant les beaux jours... Dépressif, le biquet ? Allez, c’est une blague. Non, une galéjade comme on dit dans le Sud. Le Tino Turner de la rade se fouette, matin et soir, à la positive attitude. Écoute Lorie et reprend, sous la douche, les standards de Patrick Topaloff. Un bon moyen de survivre à la morosité... « Il faut tenir le coup encore trois mois, hein. On va aller vers le mieux. » Adepte de la méthode Coué, après avoir été longtemps adepte de la méthode couette, l’humoriste s’active pour déjà caler des dates de résurrecti­on. Convaincu que le public sera au rendez-vous de la déconne... « Quand on sera sorti de tout ça, les gens auront envie de respirer. De vivre. De rigoler. De retrouver leur liberté. Eh ben, on sera là ! » Fidèle au poste frontière du rire. Où il n’y a rien à déclarer. Sinon le lâcher prise en communion. « J’ai hâte car on n’a pas bossé depuis mars. Il y a juste eu une minuscule parenthèse estivale. Je croise les doigts pour que les communes pensent à nous... »

Comme Aïoli a pensé à elles. Les soutenant après les incendies, les inondation­s. « Pourvu qu’elles jouent le jeu avec les artistes locaux. C’est vital .»

Cette fois, Pujol rit jaune. Il en appelle à la solidarité pour, demain, fouler les planches. En live .En chair et en os. Car le streaming , ce n’est pas sa came au camelot au sang chaud.

« Je ne veux pas donner l’habitude aux gens de nous regarder en chaussons devant un écran. Ça peut être sympa, comme ça, une fois, mais ça ne doit pas devenir la norme.

Je n’ai pas de souci avec ça, mais, moi, j’ai besoin d’un échange. D’une réponse. Mon métier, c’est jouer avec le public. Jouer et écrire... » Écrire. Écrire. Il en a le loisir depuis des mois. Et pas que des cartes de voeux. À pépé. À mémé. Il noircit des carnets. Pas à la Balzac. Plutôt à la Blanche. Des sketches impertinen­ts. Légers. Familiers.

« Et pas trop sur le Covid .»La Covid, Yves, la Covid. Même si au final, ça fait toujours aussi mal... « Bon, je ne disais pas trop sur le virus. Il ne m’inspire pas plus que ça et, dans la vie, il y a plein d’autres conneries à raconter. »

Pour un nouveau one-man-show en gestation. Une longue gestation. Mais le bébé n’en sera que plus beau à la sortie sous les sunlights des tropiques sudistes.

« On sera prêt le jour J. Quand tout va bouger. Quand on en aura fini avec ce calme plat. Et ça va envoyer du lourd, croyez-moi ! » En salle et sur les platines vu que le groupe déluré prépare un nouvel album de dix à douze titres pour cet été. Clafi de tubes. « Ya pas de hasard, on est du Var. » Une étiquette revendiqué­e jusqu’aux confins des campagnes. Voire même jusqu’à la capitale tant Aïoli ne craint dégun...

Sur le petit écran, la pastille Pujol – excellente pour les bronches et la déprime – devrait également tourner pour France 3, en février si on ne lui casse pas les « alibofi » (inutile de traduire, tout le monde aura compris le sens de ce mot), une douzaine de modules de la série Parlez-vous le sud ? « C’est une belle surprise. On a fait presque trente millions de vues. C’est génial et ça me plaît de perpétuer le vocabulair­e de chez nous. Cet argot qui pourrait se perdre... » Ce tendre boucan et ses complices du premier apéro anisé ne chôment donc pas. D’autant, qu’en coulisses, ils fomentent un coup

‘‘ Je ne veux pas donner l’habitude aux gens de nous regarder en chaussons devant un écran...”

‘‘ On sera prêt le jour J. Quand tout va bouger. Et ça va envoyer du lourd, croyez-moi !”

de maître. Magistral. Géantissim­e. Allez, n’ayons pas peur des mots, abracadabr­antesque : les trente ans d’Aïoli !

Voilà qui ne nous rajeunit pas. Mais rire étant bon pour le coeur et les rides, il y a fort à parier que le Zénith de Toulon sera garni aprèsdemai­n. C’est-à-dire le 25 novembre 2022. Que voulez-vous, avec la crise sanitaire, le rapport au temps n’est plus le même qu’avant... « Ça va être un truc de ouf. Avec des vidéos, des guests, des cuivres. Je ne peux pas en dire davantage. »Le cuisinier en chef d’Aïoli remettra le couvert sur le sujet prochainem­ent. Pour l’instant, le nez à la fenêtre, il guette l’éclaircie. Propice à un retour aux sources. Avec ou sans Manon. De toute façon, tant qu’il y aura de la cagole à moquer, Yves Pujol nous fera poiler...

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