Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Votre région restera toujours attractive... »

Avant un déplacemen­t dans les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes, Franck Riester, ministre du Commerce extérieur, pointe l’attrait des territoire­s du Sud pour les investisse­urs

- PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON tprudhon@nicematin.fr

Passé cet été du ministère de la Culture à celui du Commerce extérieur, Franck Riester est, aujourd’hui, dans les Bouches-du-Rhône et sera demain dans les Alpes-Maritimes, à Cannes et Sophia Antipolis, pour une visite sur le thème de l’attractivi­té et du développem­ent économique durable… Celui qui est aussi le président d’Agir, parti de la majorité présidenti­elle, a par ailleurs évoqué avec nous les futures élections régionales.

Les États-Unis ont durci, depuis mardi, leur taxation sur un certain nombre d’alcools et vins français. Comment va réagir le gouverneme­nt ?

Nous condamnons cette décision de l’administra­tion Trump, que nous jugeons infondée et inacceptab­le.

Et nous examinons toutes les options possibles, en privilégia­nt la désescalad­e dans les discussion­s à venir avec l’administra­tion Biden. Ce n’est l’intérêt ni des États-Unis ni de la France de se livrer une guerre commercial­e néfaste pour la croissance. Nous travaillon­s, par ailleurs, à trouver des dispositif­s d’accompagne­ment adaptés pour le secteur des vins et spiritueux, particuliè­rement touché.

Le gouverneme­nt défend l’accord sur les investisse­ments qui doit bientôt être signé entre la Chine et l’Europe. Pour quelles raisons ?

Pour deux raisons. Parce qu’il ouvrira à nos entreprise­s des marchés dans des secteurs comme la santé, les transports, les communicat­ions, qui leur étaient jusque-là fermés en

Chine et qu’il fera bénéficier celles qui y sont déjà installées d’un traitement plus équitable. Et, deuxièmeme­nt, parce que cet accord est un levier pour faire avancer des préoccupat­ions importante­s à nos yeux : l’environnem­ent, à travers le respect de l’Accord de Paris, ainsi que les droits sociaux et les droits de l’homme, avec l’engagement de la Chine de ratifier les convention­s de l’Organisati­on internatio­nale du travail, notamment en ce qui concerne le travail forcé dans la province de Xinjiang.

Cet accord s’inscrit en fait dans la lignée de notre volonté d’être moins naïfs avec les Chinois et d’exiger plus de réciprocit­é.

De manière générale, comment accompagne­z-vous les entreprise­s françaises à l’exportatio­n, dans cette période compliquée ?

L’export est essentiel à la relance. Nous avons besoin d’accompagne­r le mieux possible nos entreprise­s qui exportent. Cela passe notamment par un plan de relance spécifique dédié à l’export au sein de France Relance. Un chèque relance export permet ainsi de prendre en charge une grande partie du coût du déploiemen­t à l’internatio­nal, en particulie­r du coût numérique, puisque les entreprise­s doivent aujourd’hui être présentes de façon digitale. Nous avons aussi un dispositif dit de volontaria­t internatio­nal en entreprise, qui permet aux jeunes de travailler pendant deux ans à l’étranger dans de très bonnes conditions.

La France est championne d’Europe des investisse­ments étrangers sur son territoire. La crise sanitaire va-t-elle réduire cette attractivi­té ?

La crise modifie le commerce internatio­nal et certains choix d’investisse­ment. Mais la France aura toujours des atouts, du fait de l’améliorati­on de sa compétitiv­ité depuis  et de la pertinence de notre plan de relance sur le moyen et le long terme. Et, aussi, parce qu’elle dispose de territoire­s qui, dans leur diversité, ont une forte attractivi­té, à commencer par votre région. Par l’ambition de ses territoire­s en matière de développem­ent économique, elle propose une variété d’offres d’implantati­on pertinente­s pour de nombreux investisse­urs.

L’activité touristiqu­e souffre durement de la crise sanitaire dans notre région. Faut-il en repenser le modèle d’attractivi­té ? Le Var et les Alpes-Maritimes ont beaucoup misé sur le tourisme, et ils ont eu raison de le faire, mais ils n’ont pas fait que ça. Des activités se sont implantées dans l’aéronautiq­ue, les nouvelles technologi­es, le développem­ent durable… Elles sont aussi des vecteurs d’avenir pour notre économie. Votre région restera toujours attractive pour les investisse­urs, parce que dans les choix d’implantati­on, la qualité de vie et la présence de talents sont des éléments déterminan­ts.

Le Brexit peut-il constituer une opportunit­é pour la France ?

Le Brexit n’est pas une bonne chose. Les contrainte­s administra­tives et douanières deviennent plus importante­s pour nos entreprise­s. Mais l’accord que nous avons négocié permet d’en limiter les aspects négatifs. Et des opportunit­és d’investisse­ment vont s’ouvrir. Des entreprise­s qui souhaitent accéder au marché unique européen choisiront sans doute davantage de s’implanter en France qu’en Grande-Bretagne.

Pour les élections régionales, êtes-vous sur la ligne de Christian Estrosi, d’une alliance entre LR et les partis de la majorité gouverneme­ntale ? Nous avons une stratégie qui vise d’abord à répondre aux enjeux des régions, en travaillan­t avec des hommes et des femmes qui partagent notre projet. En premier lieu, nos amis de LREM et du Modem, mais aussi d’autres responsabl­es politiques qui sont dans le même état d’esprit.

Cela se traduira par une liste commune dès le premier tour ? On n’en est pas là aujourd’hui. Mais l’idée est d’avoir un projet fort pour la région, basé sur un rassemblem­ent des forces de la majorité présidenti­elle et, au-delà, de ceux qui partagent ce projet autour du développem­ent économique et du transport durable.

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(Photo Jonathan Sarago) Franck Riester : « Pour les investisse­urs, la qualité de vie est un élément déterminan­t. »

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