Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« L’intérêt de l’enfant doit rester la priorité »

Michèle Tabarot, députée LR des Alpes-Maritimes

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Quelles sont les problémati­ques rencontrée­s par les candidats à l’adoption ?

Leur parcours est de plus en plus compliqué. En dehors des adoptions intrafamil­iales, il y a de moins en moins d’enfants adoptés. À l’internatio­nal, le nombre d’adoptions par des Français est passé de   en  à moins de  en . Les pays donnent désormais la priorité aux adoptions nationales. En France, il y a environ   pupilles de l’État, dont  à  sont adoptés chaque année. Les autres ont des besoins spécifique­s, soit parce qu’ils sont malades, âgés ou membres de fratries, et sont placés en établissem­ents ou en familles d’accueil.

Nous avons ainsi   agréments en cours de validité, dont une grande partie ne se conclura malheureus­ement pas par une adoption.

Vous avez voté contre la propositio­n de loi visant à réformer l’adoption. Pourquoi ?

Parce que plusieurs dispositio­ns de ce texte ne correspond­ent pas à ma vision des choses. L’adoption doit être tournée vers l’intérêt supérieur de l’enfant. Il n’y a pas de raison de remettre en cause certains dispositif­s qui fonctionne­nt bien aujourd’hui. Je ne m’explique pas pourquoi on veut interdire à des grands-parents le droit à l’adoption simple de leurs petits-enfants lorsqu’ils les ont élevés. De même, pourquoi veut-on interdire aux organismes autorisés pour l’adoption le droit de recueillir des enfants en France ? Elles assument ce rôle depuis  et, même si aujourd’hui cette mission est limitée, c’est une porte ouverte à des parents qui veulent confier leur enfant à une institutio­n mais ne veulent pas se tourner vers l’ASE (aide sociale à l’enfance) pour des raisons personnell­es.

Certains amendement­s que vous avez déposés ont été adoptés ? Lesquels ?

J’ai en effet porté plusieurs amendement­s sur ce texte pour tenter de l’améliorer. Deux d’entre eux ont été satisfaits. Avec le premier, les agréments pourront continuer à être délivrés pour l’adoption d’un ou de plusieurs enfants simultaném­ent. La propositio­n de loi allait supprimer cette faculté qui est pourtant essentiell­e pour permettre l’adoption de fratries et ne pas séparer les frères et soeurs. Le second amendement fait que la situation des enfants placés de moins de  ans sera examinée au moins deux fois par an au lieu d’une seule, afin de voir quel est le meilleur projet de vie pour eux.

Cette propositio­n de loi fait l’objet d’une procédure accélérée. Pour quels motifs selon vous ?

Je ne comprends pas cette décision. Elle nous prive d’un vrai débat de fond. La propositio­n de loi initiale posait de nombreux problèmes et ses dispositio­ns les plus importante­s ont dû être réécrites dans la précipitat­ion en commission, puis en séance. On ne peut pas improviser une réforme aussi importante et refuser de prendre le temps d’en parler alors que ses enjeux sont majeurs.

Vous êtes à l’origine de la précédente réforme de l’adoption en . Quelles avancées aviez-vous permises ?

Cette réforme, que j’ai portée avec mon collègue Yves Nicolin, a notamment permis la création de l’Agence française de l’adoption qui visait à renforcer l’informatio­n et l’accompagne­ment des candidats à l’adoption dans leurs démarches à l’étranger. Cela répondait à un véritable besoin car trop de parents s’engageaien­t dans des démarches individuel­les risquées. Notre loi a aussi permis d’engager une réforme de l’agrément, avec une harmonisat­ion des pratiques dans tous les départemen­ts, ainsi que le doublement de la prime d’adoption ou encore le renforceme­nt du suivi des enfants après l’adoption… Nous étions guidés par la volonté de penser d’abord à l’intérêt de l’enfant ce qui doit rester la priorité de toute réforme de l’adoption.

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