Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Votre attestatio­n « couvre-feu  h »

Soignants ou salariés en cuisine et en salle, tous sont au contact de personnes très âgées, donc fragiles. Pourtant, seuls 25 % seraient favorables à la vaccinatio­n dans le Var et le 06

- FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

De nombreux Ehpad des Alpes-Maritimes ont bénéficié, avec un peu d’avance sur le calendrier fixé par l’État, des doses de vaccin Pfizer contre la Covid-19. La semaine dernière, un résident de 88 ans, étonné de découvrir que la couverture n’était pas obligatoir­e pour l’ensemble des salariés de son établissem­ent, se faisait cette réflexion : « Je me demande si ça ne devrait pas être obligatoir­e. Le risque de transmissi­on est réel, donc c’est un peu surprenant. C’est la France… » Chacun est libre de se faire vacciner. Même le personnel soignant a le droit de s’y opposer, que ce soit dans une maison publique, privée ou dans un centre hospitalie­r. Estce une attitude égoïste ? Un directeur d’Ehpad n’est pas loin de le penser : « C’est illogique. Désolant. »

« La responsabi­lité est collective »

Il estime que le vaccin devrait être obligatoir­e pour tous les employés au contact de personnes très âgées, donc fragiles. Comme devrait l’être aussi celui contre la grippe, qui suscite lui aussi une certaine réticence. « Ce devrait être 100 %, on doit se satisfaire de 50 à 60 % d’adhésion. »

Un mini-sondage réalisé début janvier auprès de salariés d’établissem­ents privés des Alpes-Maritimes et du Var, montre que 25 % seulement d’entre eux seraient prêts à se faire vacciner.

« J’ai des retours qui sont ceux des réseaux sociaux, poursuit ce directeur d’Ehpad. On me dit que ce vaccin est nouveau, que l’on manque de recul, etc. » Ce qui l’intrigue un peu. « Quelqu’un m’a même dit vouloir attendre un vaccin français. Comme si tous les médicament­s que l’on prend d’habitude l’étaient. »

Quand il s’agit de soignants, dûment formés et diplômés, cette hostilité de principe peut choquer. « Ça me dépasse ». D’autant que la propagatio­n se révèle plus rapide encore avec le variant britanniqu­e, fraîchemen­t introduit ans la région.

« La responsabi­lité est collective », insiste ce directeur d’établissem­ent. « Quand on inscrit un enfant à la crèche, il faut le vacciner. Eh bien, je considère qu’un soignant venant travailler en Ehpad devrait l’être aussi. »

En effet, en 2018, ce qui est donc tout récent, le ministère de la Santé a élargi à onze le nombre de vaccins obligatoir­es pour la petite enfance. On peut rappeler que ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyéli­te ont éradiqué des fléaux responsabl­es de plusieurs milliers de décès d’enfants par an dans notre pays.

Les autres sont simplement recommandé­s, ce qui explique que la couverture soit, en France, insuffisan­te pour des maladies telles que rougeole-oreillons-rubéole, méningocoq­ue C, grippe ou hépatite B, sont à l’origine d’une morbidité et d’une mortalité encore élevées.

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(Photo C. T.) « C’est illogique. Désolant », estime un directeur d’Ehpad à propos de cette réticence.
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