Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Olivier Merle le loup sort les crocs !

C’est son premier roman policier et on prend une claque. Un scénario fou avec une certaine idée de la crêpe bretonne qui mérite d’être adapté au cinéma.

- ALAIN MAESTRACCI amaestracc­i@nicematin.fr

L’éditeur annonce « le premier polar – magistral – d’Olivier Merle » . On se dit bon, magistral, encore des mots... Eh bien non, l’éditeur ne nous a pas vendu du vent ! Colossal même, dironsnous. Ça part bien et puis l’auteur prend le temps de développer les différents personnage­s et d’un coup, feu d’artifice ! Et là, on ne lâche plus le livre. Pour un coup d’essai... enfin vous connaissez l’expression.

Olivier Merle n’en est pas à son premier roman. En 2013, il a même reçu, pour Electropol­is, le prix Charles-Exbrayat. Il convient également de rappeler qu’il est le fils de l’écrivain Robert

Merle. « J’ai, explique-t-il, toujours aimé écrire. Il faut dire que, grâce à mon père, j’ai côtoyé très jeune l’univers d’un romancier. Je ne peux pas nier le fort impact de sa passion sur mes propres aspiration­s. » Olivier Merle est géologue. C’est sa profession qui l’a « obligé à mettre ce plaisir d’écrire entre parenthèse­s» . Mais aujourd’hui, gagné par le virus, il n’arrête plus. Nous avions déjà parlé de son précédent roman, Libre d’aimer (XO Éditions, 2019), qui évoquait l’amour de deux femmes sous l’Occupation.

Là, il a enfin osé le thriller avec Dans l’ombre du loup. Pourquoi maintenant ? « Depuis plusieurs années, je ressentais une très forte envie de tenter cette nouvelle aventure. Jamais je ne me suis senti enfermé dans un genre et, si le roman historique a sans doute été celui que j’ai le plus pratiqué, j’avais déjà écrit aussi un roman d’anticipati­on, un roman préhistori­que et un d’amour. À mon sens, le romancier aime surtout raconter des histoires et aucun genre ne devrait a priori le rebuter. Or, la liberté offerte par le roman policier par rapport au roman historique, m’a moi-même bluffé et à tout point de vue. J’y ai pris un plaisir immense et la constructi­on de l’intrigue – qui ne se fait pas en un jour et évolue parfois au cours du roman – m’a passionné. J’ai découvert que mon imaginatio­n et la part rationnell­e de mon esprit – je suis un scientifiq­ue comme vous savez – se sont accordées sans aucune difficulté et

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La liberté offerte par le roman policier m’a bluffé”

se sont même stimulées l’une l’autre. L’écriture de ce roman fut donc pour moi un moment de pur bonheur. » Et la lecture aussi, que du bonheur. Au fait, nous n’avons pas encore évoqué l’intrigue !

Univers provincial

Ça commence comme l’affaire Dupont de Ligonnès. Le même scénario mais en Côte d’Ivoire. Et puis on revient en France, en Bretagne. À Rennes plus précisémen­t. L’auteur, qui vit depuis plus de vingtcinq ans en Auvergne, explique ce choix breton car il est tout simplement né à Rennes, ville qu’il a quittée à l’âge de trente-huit ans. « Curieuseme­nt, dit-il, alors que je n’y habiterai plus, elle est restée “ma ville”. »

C’est là que l’on va retrouver le commandant Grimm à la police judiciaire et sa petite équipe de flics. Mais aussi, un univers provincial comme Chabrol les aimait et surtout les filmait si bien.

Il y a donc des notables, surtout un. Un chef d’entreprise, très imbu de lui-même, cassant, fort peu sympathiqu­e. Il reçoit des lettres anonymes et comme c’est un notable, le commissair­e et le procureur demandent à Grimm d’enquêter en douce sur ces lettres. Une affaire banale en apparence. Mais les apparences sont souvent trompeuses. Une fois cette trame posée, ça s’accélère et c’est carrément addictif. Bien évidemment, on n’en dira pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir. Et comme l’expliquait l’auteur, son imaginatio­n a en effet été sans limite. Le talent d’Olivier Merle c’est d’avoir pris soin et le temps – plus de cinq cents pages – de s’intéresser aux différents personnage­s. Aux policiers et, surtout, au commandant qui est visiblemen­t un excellent flic mais qui, comme chacun d’entre nous, a ses problèmes perso : psychologi­ques avec une lubie de la défense de l’environnem­ent qui ennuie son entourage, et familiaux aussi...

Les personnage­s sont si attachants qu’on a l’impression de les connaître, que ce sont presque nos voisins... C’est la raison pour laquelle on espère bien, on ordonne presque à Olivier Merle d’écrire au moins une nouvelle aventure de cette petite équipe de flics bretons. Sous nos applaudiss­ements bien sûr !

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