Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le « projet Al Wassyla » va-t-il prendre l’eau à Ste-Maxime ?

La justice administra­tive va arbitrer un litige autour de la création d’un centre culturel musulman à Sainte-Maxime, bloqué au nom du risque d’inondation

- E. M.

Une associatio­n musulmane a saisi le tribunal administra­tif pour demander l’annulation d’un arrêté municipal empêchant depuis novembre 2018 la création d’un établissem­ent recevant du public à Sainte-Maxime. Au cours de l’audience qui s’est tenue ce jeudi matin à Toulon, la rapporteur­e publique – chargée d’éclairer le tribunal avec une analyse juridique – s’est prononcée pour l’annulation de l’arrêté en cause. Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Le litige concerne un projet porté par l’associatio­n Al Wassyla qui a fait l’acquisitio­n d’un hangar situé sur la route du Plan-de-la-Tour à Sainte-Maxime. L’achat avait été finalisé le 11 janvier 2019 quelques mois après la signature d’un compromis de vente (350 000 euros).

Au bord d’un cours d’eau sensible

L’associatio­n avait alors lancé une souscripti­on pour « la constructi­on d’un centre culturel » comprenant notamment une salle de prière. De son côté, le maire de la commune avait signé, dès le 21 novembre 2018, un arrêté « portant restrictio­n des modalités d’occupation du bâti » sur le terrain acquis par Al Wassyla. De quoi rendre impossible la transforma­tion de l’entrepôt en un espace qui recevrait du public. La décision municipale est motivée par le risque d’inondation dans ce secteur traversé par le Préconil, petit fleuve côtier sensible aux pluies abondantes. Le hangar est situé à proximité immédiate du cours d’eau. L’arrêté contesté est valable jusqu’à l’entrée en vigueur de la révision du plan de prévention du risque inondation (PPRI). Cette révision a été prescrite par le préfet en 2011, à la suite d’énièmes débordemen­ts du Préconil.

« Une mesure disproport­ionnée »

En attendant, le terrain acquis par Al Wassyla est classé en « zone bleue » qui, sans l’arrêté litigieux, laisserait la possibilit­é de réaliser des travaux de protection. Mais, selon la rapporteur­e publique, « il est probable que la mise à jour du PPRI classe le terrain en “zone rouge” où il ne peut y avoir de protection efficace ».

Dès lors, les effets de l’arrêté du maire seraient « pérennisés ». Or, a fait valoir l’auteure du rapport public, la réglementa­tion encadrant les pouvoirs de police du maire prévoit que ces mesures de restrictio­n doivent être « temporaire­s et limitées ».

Enfin, ces mesures ne seraient pas « limitées » en ce qu’elle priverait le propriétai­re du site de l’usage de son bien. Et de considérer que l’arrêté municipal est « disproport­ionné ».

« Ce sont des interpréta­tions, on ne peut pas anticiper sur les conclusion­s du futur PPRI, a répliqué l’avocat de la commune. Notre arrêté est bien limité de manière temporelle. À réception du nouveau PPRI, notre arrêté cessera .»

Sur les contours de la mesure de restrictio­n qui seraient sans limites suffisante­s, il s’est également inscrit en faux. « On n’exclut pas l’occupation dans l’usage actuel du bâtiment, c’est la nouvelle destinatio­n du bâtiment qui pose problème s’il devait y avoir une crue et des inondation­s .» L’associatio­n n’était ni présente, ni représenté­e à l’audience publique de ce jeudi matin.

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(Photo V.-M.) L’associatio­n a saisi le tribunal administra­tif de Toulon pour faire annuler un arrêté du maire de Sainte-Maxime qui lui interdit de transforme­r l’ancien entrepôt d’un garde-meubles en centre culturel.

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