Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sinistré par Alex, il se bat pour être aux JO de Tokyo

Alexandre Ayache, dresseur équestre à Lantosque (06), est qualifié pour les Jeux olympiques. Les énormes dégâts qu’il a subis mettent en péril sa participat­ion. Un élan de soutien s’est créé

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

A «u début, je me suis dit : “Le pauvre, il ne va pas s’en sortir”. » C’était en 2003. Le maire de Lantosque, Jean Thaon, se souvient de ce gamin de 20 ans venu y fonder son centre équestre. Au final, Alexandre Ayache s’en est sorti. Et même très bien. Le voici qualifié pour les JO de Tokyo, cet été, avec l’équipe de France de dressage équestre. Le fruit «du courage, de la déterminat­ion, des compétence­s, du talent », salue Jean Thaon.

Mais voilà. L’avenir d’Alexandre Ayache, 38 ans, est à nouveau incertain. La crise de la Covid, puis la tempête Alex sont passées par là. Sa propriété a subi d’énormes dégâts. Les devis atteignent 600 000 euros. Son assurance n’en a pris en charge que la moitié. Et sa participat­ion aux Jeux est en sursis.

Course contre-la-montre

« On est qualifiés, on a les chevaux, on est vice-champions de France : on a tout », explique Alexandre Ayache. Tout, sauf les moyens financiers d’assumer de tels frais. Tout, sauf le temps. L’athlète a besoin d’aides et vite. «Ça se joue dans les jours à venir. Sinon, la messe est dite. » Une fois encore, Alexandre entend forcer le destin. Le sien n’était tracé en rien.

Père policier, mère assistante maternelle à la DDASS : les parents de ce Niçois avaient « des revenus de la classe moyenne, moyenne » .Pasde quoi l’amener à l’équitation lorsque, enfant, Alexandre s’éprend de ce sport alors très élitiste. « Ils se sont saignés pour me payer un cours par semaine en club. »

Mais sa passion saute tous les obstacles. Premier poney à l’âge de cinq ans. Débuts au club hippique de Nice dans la plaine du Var. « Formation sommaire jusqu’à 14-15 ans ». Puis un club, un premier cheval, un deuxième qu’il emmène au Grand Prix. Un bac pro en ferronneri­e. Puis son premier concours internatio­nal en 2010, les Mondiaux 2014 et les JO, déjà, en 2016 à Rio, comme réserviste. La clé : « Beaucoup de travail et de remise en question. » Quand Alexandre Ayache a acquis avec ses parents ces sept hectares à Lantosque, « il n’y avait rien. Une vieille maison et trois boxes. » Ses talents de dresseur et son investisse­ment « jusqu’au dernier centime » font fructifier l’affaire, avec sa femme Grete (« mon coach, mon miroir ») et son sponsor Karim Barak. À présent, son centre équestre abrite trente-cinq chevaux et fait la « fierté » de Lantosque, dixit son maire, qui souligne son poids économique.

C’était sans compter la pandémie. Ni la tempête qui a dévasté la Vésubie.

« En douze heures, une vie à terre »

Alexandre Ayache a réussi à sauver la vie de tous ses animaux. La sienne et celle de sa femme, aussi. Alors qu’ils allaient porter secours, «la route est tombée derrière nous. À cinq minutes près, on y était... ». Mais chez lui, il n’a pu que constater les dégâts. « En douze heures, toute une vie était par terre. »

La tempête a emporté 150 à 200 mètres carrés de toiture du manège. Elle a arraché la dalle, bougé les talus, déraciné des chênes bicentenai­res. Elle a failli emporter une série de boxes, menace de faire basculer son écurie. « Les terrains sont encore en train de bouger. On se dit : ça va s’arrêter quand ? » L’athlète est inquiet. Avec son équipe, il a déjà réparé la plupart des dégâts. Mais cela ne suffira pas. Et son rêve olympique se heurte à un dilemme cruel. « Ou j’entraîne mes chevaux, ou je fais les travaux. Quel est le plus urgent ? Sauver ma famille ou aller aux Jeux ? » La réponse est dans la question.

«Sionvaaubo­ut…»

Mais l’athlète n’est « pas du genre à baisser les bras » .Et il n’est pas seul.

Le comité départemen­tal d’équitation des Alpes-Maritimes et l’associatio­n HervéGourd­el l’aident à se remettre en selle. Une cagnotte Leetchi a été lancée (1). La Fédération Française d’Équitation lui a versé une aide. Alexandre Ayache en espère d’autres, notamment du Départemen­t. Il salue cet élan de générosité, de « chouettes personnes. C’est dans les moments difficiles qu’on s’aperçoit qu’il y a des gens formidable­s, sur qui on peut compter. On n’oubliera pas de les remercier le moment venu. » Son rêve de gosse est encore possible : emmener aux JO «sastar» Zo What et sa doublure, Double Dutch. Alexandre Ayache fait une promesse : « Si on arrive à aller au bout, c’est sûr, je ne vais décevoir personne ! » 1. /www.leetchi.com/c/alexandre-ayacheense­mble-allons-aux-jeux

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(Photos C. C.) L’athlète avec «sastar» : Zo What, Hollandais âgé de  ans, , m pour  kg.

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