Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Comment trouver des renforts dans le Var ?

- C. MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

« Même en payant le prix fort de l’intérim », les établissem­ents ne parviennen­t plus à trouver le personnel soignant et paramédica­l qui leur manque, soulignait Hervé Ferrant, patron de l’hôpital privé gériatriqu­e Les Sources à Nice, lors de la « Rencontre Santé Matin » de novembre dernier. Quelles solutions, alors, pour les établissem­ents, hôpitaux ou Ehpad, confrontés à une pénurie de personnels encore plus marquée depuis le début de la crise sanitaire, les arrêts maladies liés aux clusters aggravant un taux d’absentéism­e déjà élevé dans des services à flux tendu ?

■ Des solutions proposées par l’État

Première piste : l’Agence régionale de santé (ARS) a mis en place une plateforme de renfort pour soutenir les équipes soignantes. Destinée aux établissem­ents de santé, médico-sociaux et aux laboratoir­es médicaux, cette plateforme « Renfort RH Crise » met en relation des profession­nels volontaire­s avec les structures demandeuse­s. Mais de nombreux chefs d’établissem­ents ne tentent même pas leur chance. « Elle est prise d’assaut, j’avoue qu’on n’a même pas essayé », glisse l’un d’eux.

Dans le même esprit, le gouverneme­nt a mobilisé la réserve sanitaire. Animée par Santé Publique France, elle regroupe des profession­nels de santé volontaire­s et mobilisabl­es rapidement (médecins, soignants, technicien­s de laboratoir­e, manipulate­urs radio… souvent des jeunes retraités). Les effectifs déployés restent cependant modestes, si l’on en croit les chiffres publiés sur le site de Santé Publique France : 89 réserviste­s sont ainsi déployés, cette semaine, sur l’ensemble du pays (DOM-TOM compris).

■ Les libéraux à la rescousse

La plupart du temps, les directions d’établissem­ents s’appuient sur des solutions de proximité. Les CPTS (communauté­s profession­nelles territoria­les de santé), qui regroupent les acteurs de la médecine de ville, fournissen­t très régulièrem­ent des renforts ponctuels. La CPTS Dracénie Provence Verdon a ainsi prêté main-forte aux Ehpad de Salernes et Draguignan frappés par des clusters en fin d’année.

« Un arrêté ministérie­l permet aux infirmiers libéraux d’intervenir dans les structures. La CPTS fait le lien entre ces profession­nels et les établissem­ents, indique Cindy Pugliese, coordinatr­ice de cette CPTS. De mémoire, quatre infirmiers sont intervenus à Salernes, huit à Draguignan. »

■ Les services d’hospitalis­ation à domicile sur le pont

Les services d’hospitalis­ation à domicile (HAD) jouent aussi ce jeu de la solidarité. Ces hôpitaux « hors les murs » prennent en charge, à domicile et dans les Ehpad (qui sont le domicile des résidents), des patients nécessitan­t des soins techniques ou d’infirmerie. Depuis le début de la crise, ces prises en charge en Ehpad se sont multipliée­s, la plupart du temps pour des patients Covid, à la fois pour éviter d’inutiles hospitalis­ations et pour épauler les équipes débordées des établissem­ents. « L’Ehpad de Tourves, par exemple, nous a appelés un samedi matin il y a quelques semaines, raconte Jean-Bernard Perdigal, directeur général de l’associatio­n Santé et Solidarité du Var, basée à La Garde et principal opérateur HAD dans le Var. Ils avaient entre 15 et 20 patients Covid et des personnels malades. Il ne leur restait qu’une infirmière sur quatre. »

Ce type d’interventi­ons s’est multiplié ces derniers mois. Avec ses 180 salariés, dont 80 % de soignants, Santé et Solidarité du Var accompagne actuelleme­nt 400 patients chaque jour, dont 150 en Ehpad. « Par comparaiso­n, en 2019 nous étions à 280/290 patients par jour. Le nombre de patients pris en charge en Ehpad a doublé, souligne Jean-Bernard Perdigal. Ce volume d’activité est porté par la situation dramatique dans ces établissem­ents. » « Plus il y a de clusters, plus on sollicite l’HAD, constate Jean-Bernard Perdigal. Alors que nous peinons nous aussi à recruter du personnel soignant. Heureuseme­nt, des profession­nels libéraux nous aident sur les prises en charge à domicile, hors Ehpad. »

Face à cette pénurie généralisé­e de personnels, aggravée par la pandémie, c’est finalement la seule solution : la solidarité entre soignants. Jusqu’à quel point ? «Nos limites sont humaines », dit simplement Jean-Bernard Perdigal.

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(Photo Frank Muller) L’associatio­n Santé et Solidarité du Var gère un service d’hospitalis­ation à domicile. Depuis le début de la crise, elle a multiplié les interventi­ons dans les Ehpad.

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