Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Infirmiers à domicile : loin des yeux, loin des soins

Colette, 80 ans, a été hospitalis­ée pour un accident vasculaire cérébral fin octobre. Depuis, elle a regagné son domicile à 10 km du centre-ville. Visiblemen­t trop excentré pour lui assurer des soins

- ALEXANDRE PLUMEY aplumey@nicematin.fr

En habitant au domaine du pin de la Lègue à Fréjus, sur la route de Bagnols-en-Forêt à 10 km du centre-ville, Colette, 80 ans, ne pensait pas « loger au fin fond de la campagne », dans ce qui pourrait s’apparenter à un ‘‘désert médical’’.

Pourtant, elle se trouve dans l’attente, depuis trois semaines et sa sortie du centre de convalesce­nce Les Héliades à Fréjus, qu’un infirmier accepte de venir à son domicile lui dispenser des soins. Colette avait intégré cet établissem­ent à la suite d’un séjour au CHI Bonnet, après un accident vasculaire cérébral fin octobre. Sa première sortie de l’hôpital, prévue en décembre dernier, a été décalée en raison de cas de Covid dans son entourage familial. Claude, son mari de 82 ans, a été hospitalis­é en urgence les deux premières semaines de l’année à l’hôpital intercommu­nal pour ce même virus.

La sortie de Colette était donc prévue le 15 janvier avec, dans les mains, une ordonnance du médecin pour bénéficier de soins à domicile, trois fois par jour. L’assistante sociale du centre de convalesce­nce avait aiguillé la famille vers le Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), un organisme assurant la mise en relation entre patients et infirmiers.

Possible en décembre… mais plus en janvier

Comme l’a précisé l’établissem­ent de santé fréjusien, « à partir du moment où le médecin estime que la personne peut quitter l’unité, nous accompagno­ns la famille dans les démarches ».

Ce qui a été fait. Pour la sortie initiale de Colette, un personnel médical avait été trouvé. Mais il n’était plus disponible en janvier. La famille s’en est émue auprès du SSIAD, mandaté pour trouver une infirmière. «On nous a répondu que notre tour était passé, qu’il n’y avait pas de liste d’attente et qu’il fallait se rapprocher des infirmiers libéraux, résume Christine Pernet, une des filles du couple. Contacté la semaine dernière, l’organisme indiquait « ne pas souhaiter faire de commentair­es sur ce sujet et son organisati­on », mais appelait la famille à se rapprocher d’eux. Chose faite à plusieurs reprises, depuis le début du mois de janvier, avec toujours la même réponse : « Nous ne sommes plus prioritair­es vu que ma maman a quitté un établissem­ent de santé. »

« Ça devient compliqué avec la Covid »

La famille se met donc en quête d’un infirmier libéral. « Nous avons passé une semaine à faire tout l’annuaire et Google, indique la fille, domiciliée à Nice et de passage chaque semaine dans l’Est-Var pour rendre visite à ses parents. Quand on nous rappelait, ce qui était rare, on comprenait clairement que ce n’était pas rentable pour eux de venir trois fois dans une zone assez éloignée ».

Ce que réfute en partie l’associatio­n des infirmiers libéraux de l’Est-Var (voir encadré).

Un autre interlocut­eur glisse, sans vouloir être cité nominative­ment, « que c’est bien le problème de vivre éloigné quand on commence à avoir des soucis de santé ». Surtout quand le secteur est « sous tension, encore plus avec la crise du Covid », souligne Catherine Certari, responsabl­e manager de la Plateforme territoria­le d’appui VarEsterel, chargée notamment de la mise en relation entre profession­nels pour assurer une continuité des soins.

« Nous avons beaucoup plus de demandes en raison de soins en sortie d’hospitalis­ation de patients qui ont eu la Covid. » Elle est toutefois disposée à prendre les renseignem­ents nécessaire­s pour guider la famille. Dès le 15 janvier, les deux filles du couple ont posé chacune des jours de congé pour s’occuper de leurs parents et se démener pour trouver un infirmier. Elles ont dû reprendre le travail depuis. Sans que, pour l’instant, leur maman puisse bénéficier des soins auxquels elle a le droit. Et surtout besoin.

 ?? (Photos Philippe Arnassan) ?? La famille peine à trouver un infirmier pour accomplir à domicile les soins prescrits à Colette, la maman âgée de  ans, victime d’un accident vasculaire cérébral fin octobre. « On n’a pourtant pas l’impression de loger au fin fond de la campagne ! »
(Photos Philippe Arnassan) La famille peine à trouver un infirmier pour accomplir à domicile les soins prescrits à Colette, la maman âgée de  ans, victime d’un accident vasculaire cérébral fin octobre. « On n’a pourtant pas l’impression de loger au fin fond de la campagne ! »
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