Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Féfé gentleman conteur !

Le rappeur-chanteur prête sa voix reconnaiss­able à une toute nouvelle version audio des aventures d’Arsène Lupin. L’ancien du Saïan Supa Crew se réjouit de pouvoir surfer sur la déferlante Lupin provoquée par la série Netflix… Et a plein de nouvelles idée

- AMÉLIE MAURETTE amaurette@nicematin.fr Gentleman cambrioleu­r, Le Parisien

Avec Lupin, la série Netflix aux plusieurs dizaines de millions de téléspecta­teurs (1), le gentleman cambrioleu­r bénéficie d’un sérieux retour de hype. Comme Omar Sy dans la série, le public semble fasciné par Arsène, héros créé par Maurice Leblanc en 1905. En librairie, à côté des éditions classiques, une nouvelle fait un carton (2). Et tombant à pic, combinant Lupin-mania et engouement pour la lecture audio, Kobo Original vient de sortir sa version du Gentleman Cambrioleu­r (lire ci-dessous).

Au micro : Féfé, l’ancien du Saïan Supa Crew qui, décidément, n’est jamais là où on l’attend. En plein confinemen­t, le rappeur-chanteur des Hauts-de-Seine avait déjà prêté sa voix, c’était pour un « remix littéraire » de Madame Bovar y dans une série de podcasts pour les plateforme­s de télécharge­ment. On l’a aussi entendu dans le projet audio L’Affaire Frankenste­in cet automne. Et son blase à côté de Flaubert et Leblanc, Samuel Adebiyi, de son vrai nom, « adore l’idée » !

Ce livre audio, conséquenc­e du succès de la série ?

Pasdutout! (rires) Je l’ai enregistré en décembre… C’est Kobo qui m’a mis sur ce plan, et je dois dire que c’est bien tombé !

Vous faites partie de ceux qui ont lu Arsène Lupin enfant ?

Non, je connaissai­s le personnage, mais pas l’oeuvre. En fait j’avais découvert l’univers à travers un dessin animé qui en était adapté et un héros qui lui ressemblai­t… (rires) [Edgar, le détective cambrioleu­r, à tous les coups, ndlr].

Vous comprenez cet engouement autour du livre ?

J’ai découvert la finesse d’Arsène Lupin et c’est vrai que le personnage est incroyable. Un peu Robin des bois, sauf qu’il ne rend pas vraiment aux pauvres. (rires) Le gentleman, l’art de voler… C’est plutôt cocasse. Je n’ai pas encore vu la série avec Omar mais je pense que c’est ça aussi qui plaît, ce côté… pas chevaleres­que mais presque. Le voleur pas méchant, j’aime bien.

Vous commencez à vous spécialise­r dans le récit audio, qu’est-ce qui vous plaît tant ?

Et ben, je vais être franc : c’est que je commence à me rapprocher doucement du doublage, qui est une de mes passions inconnues alors que je l’ai depuis toujours. Je crois que j’ai toujours voulu faire ça. Je ne suis pas un acteur mais j’ai toujours rêvé d’être caché et d’utiliser ma voix. Je faisais ça quand j’étais petit, avec des amis, c’était encore le temps des magnétosco­pes et on enregistra­it les images pour les doubler. Faire ça, c’est un peu une manière de faire mes armes. C’est aussi une manière de (re)découvrir des classiques. Et d’utiliser ma voix d’une autre manière également. C’est hyper intéressan­t.

Ce n’est pas un travail de comédien, plutôt de conteur ?

Exactement, c’est vraiment une histoire que je conte. Il y a un peu de comédie dans les dialogues mais c’est vraiment un exercice de placement de voix, c’est aussi ça qui m’intéressai­t. En travaillan­t avec Les Liseuses [le label de production], on m’a dit que ma voix se prêtait bien à ce genre d’exercice, qu’elle était particuliè­re… Je ne sais pas, on ne s’entend jamais vraiment. Mais faire ça, c’est une manière d’étendre mon art !

Votre passé de rappeur vous facilite ce travail de diction ?

C’est exactement ça. Un exercice de diction et de compréhens­ion de ce qu’on dit. Et ce qui m’intéresser­ait encore plus, c’est de faire de la musique derrière.

Ça pourrait être un nouveau projet ?

Totalement. J’y réfléchis très fort en ce moment. Je cherche toujours des choses nouvelles àfaireetça,ça me donne énormément d’idées. Et puis, j’ai toujours pensé à écrire un livre sans jamais oser… Eh ben, en fait, arriver au livre par l’audio m’a donné le courage de me dire que c’était peut-être possible. Ça désacralis­e. Je me dis : si je peux le narrer comme je parle là, pourquoi pas l’écrire aussi ? Je n’ai pas besoin d’être un prix Goncourt, j’ai le droit de m’exprimer autrement.

Le livre audio ferait-il le même effet au lecteur ? En attirant à lui des gens qui pensaient que la littératur­e n’était pas pour eux ?

J’espère ! J’ai l’espoir, en tout cas, que ça amène au livre des gens qui ne liraient pas. D’ailleurs, quand je réfléchis à écrire un livre, j’aimerais l’écrire pour le plus grand nombre, pas seulement pour ceux qui ont l’habitude, pour ceux aussi qui viennent de milieu comme le mien, de banlieue. Quand j’ai fait Madame Bovary par exemple, j’avais l’espoir, oui, que des gens qui trouvaient ça très poussiéreu­x se mettent dedans par l’audio.

Et niveau musique alors ?

Je travaille sur un prochain album déjà et d’autres choses embryonnai­res. Je vais ressortir un album c’est sûr, peut-être pas cette année, on va attendre encore un peu parce que c’est mal parti. Mais j’en ai besoin. Cette période est très difficile mais elle donne des idées. Il y a beaucoup de choses à écrire, il se passe tellement de choses dans le monde… Et comme la musique accompagne notre société, j’ai encore des choses à dire. C’est le moment où jamais de s’exprimer. Je ne vous cache pas que dans le milieu de la musique, c’est catastroph­ique. C’est dur de ne pas pouvoir se projeter. Peut-être que ce qui se passe va radicaleme­nt changer l’industrie de la musique, je ne sais pas si on va revenir à ce qui se faisait avant. Mais on aura toujours besoin de musique, c’est la seule chose à laquelle je me raccroche.

‘‘

J’ai toujours pensé à écrire un livre sans jamais oser…”

1. Soixante-dix millions de comptes auront vu la série vingt-huit jours après sa mise en ligne, d’après des projection­s de Netflix dévoilées par 20 minutes le 19 janvier dernier.

2. Hachette Romans en partenaria­t avec Netflix qui a été déjà imprimé à 70 000 exemplaire­s a relaté le même jour.

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