Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Privée d’un enterremen­t digne »

- M. T.

« J’ai l’impression que ma mère est partie comme un chien et qu’on nous vole son enterremen­t. » Après la peine causée par le décès de sa mère, âgée de 77 ans, à l’hôpital de Nice, place à la colère pour Cathie, 57 ans. Admise pour un cancer généralisé contre lequel elle luttait depuis 5 ans, la septuagéna­ire a contracté la Covid lors de son séjour, sous une forme asymptomat­ique. Elle a pourtant été déclarée décédée du coronaviru­s. Ce qui l’empêche d’avoir droit à une toilette funéraire et prive ses proches de lui dire au revoir une dernière fois avant sa crémation.

Un test PCR pratiqué à l’arrivée à l’hôpital

« À Noël, elle n’arrivait plus à se déplacer. Elle a été hospitalis­ée à Pasteur. À son arrivée, un test PCR a été pratiqué. Il était négatif. On l’a réhydratée. Pensant qu’il s’agissait d’une simple déshydrata­tion, le médecin a décidé de ne pas la garder », se souvient Cathie. Malheureus­ement, son état reste préoccupan­t. Le 27 décembre elle est admise à l’hôpital de Cimiez.

« Après lui avoir fait faire des analyses, les médecins nous ont annoncé qu’elle avait des métastases au cerveau.

Qu’elle n’en avait plus que pour quelques jours », se souvient sa fille.

« On ne nous a rien dit de plus. On était perdus »

« Une semaine plus tard, elle semblait avoir repris du poil de la bête. Puis on nous a annoncé qu’elle avait passé un test PCR et qu’il s’était révélé positif. Bien qu’asymptomat­ique, ma mère a rejoint l’unité Covid pour sept jours d’isolement, du 4 au 10 janvier. Les visites ont été suspendues. » Le virus pourrait avoir été contracté à l’hôpital, puisqu’elle y était entrée avec un test négatif en poche. « On a tout le temps porté le masque. On a fait très attention. Les visites étaient limitées », énumère Cathie qui juge peu probable que sa mère ait été contaminée lors d’une visite de la famille.

« Le mardi 12, je suis retournée la voir. Le médecin m’a dit qu’il préférait la garder jusqu’à la fin de la semaine dans l’unité Covid et qu’un point sera fait le lundi 18 avec la possibilit­é qu’elle quitte cette unité. »

Dimanche 17, « ma soeur se rend à l’hôpital pour lui rendre visite. On lui annonce que notre mère vient de décéder, que dans une heure elle sera transférée en chambre froide et que nous ne pourrions plus la voir du tout. Mon neveu a insisté pour qu’ils repoussent le transfert pour me laisser le temps de venir. Ce qui a été accepté. C’était un dimanche. Il n’y avait personne. On ne nous a rien dit de plus. On était perdus. »

Le lendemain, le lundi, Cathie contacte les pompes funèbres. Son interlocut­eur lui demande quelle est la cause du décès.

« Je suis sûre que ce n’était pas le coronaviru­s »

« J’ai répondu : j’espère qu’elle n’a pas été déclarée morte de la Covid. Il rentre dans la base de données et me confirme que c’est bien le cas. Ce qui signifie qu’elle sera enterrée comme elle était, en chemise d’hôpital, sans toilette, et que le cercueil sera fermé sans que nous puissions lui dire au revoir une dernière fois. Ce n’est pas un enterremen­t digne. Comment être sûre que c’est bien ma mère qui sera dans le cercueil ? Le fait qu’elle soit déclarée morte de la Covid nous vole son enterremen­t. Or je suis certaine qu’elle n’est pas morte de la Covid. Mais même pour les gens qui meurent de la Covid, je trouve ça lamentable. »

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