Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Adeline Cotton : « J’avais besoin du contact peau à peau »

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicematin.fr

Marie-Josée Cotton est décédée le 7 janvier de la Covid, à Draguignan. Elle avait 74 ans. Sa fille Adeline a vécu chacune des étapes de la maladie, les allers et retours entre la maison et l’hôpital, et d’un service à l’autre, les difficulté­s respiratoi­res qui s’amplifient et prennent le dessus sur les autres pathologie­s, dont souffre sa maman. Marie-Josée présentait une forte comorbidit­é. Puis c’est la réanimatio­n, le test Covid positif, qui oblige toute la famille à le faire. Christian, l’époux de Marie-Josée, est lui aussi positif, mais « quasiment asymptomat­ique » précise sa fille.

« Ma mère allait mieux, alors elle a rejoint le service postcovid. Le médecin nous a dit qu’on avait droit qu’à deux visites par semaine, pendant une heure. C’était difficile pour ma mère, car la télévision dans sa chambre était en panne. » Deux jours plus tard, c’est la rechute. Marie-Josée s’étouffe, repart en réa. Elle passe deux jours difficiles puis elle va mieux. « On a repris espoir car elle mangeait un peu, se levait. Le service réa a vraiment été très gentil. Je pouvais aller la voir. »

Mais dans la nuit du 31 décembre, elle est plongée dans un coma artificiel et intubée. Adeline met de côté son commerce et brave toutes les contrainte­s. « Chaque jour j’appelais le service pour programmer ma visite. C’était bien organisé mais difficile. De toute façon si je ne le faisais pas, je ne pouvais pas pénétrer dans l’hôpital. Un garde était posté à l’entrée et vérifiait que mon nom figurait bien sur la liste. » Commence alors le rituel de protection. Adeline est conduite dans une pièce où, en plus du masque, elle doit enfiler une blouse blanche et des gants, porter d’énormes lunettes et une charlotte. « Quand on ressort, on doit tout jeter dans un sac spécial, sauf les lunettes qu’on dépose dans une bassine avec des produits décontamin­ants. » L’essentiel était d’être auprès de sa maman.

« À la fin, j’ai enlevé mes gants un court instant. J’avais besoin de la caresser, j’avais besoin du contact peau à peau. Je lui ai pris la main. J’ai enlevé le masque, pour l’embrasser, sentir son odeur. » Puis le dernier jour est arrivé. « Elle est partie en une heure, tranquille­ment ». Très vite, après le décès, arrive une infirmière. « Elle nous a dit qu’ils allaient l’habiller et que les proches avaient une heure pour la voir. Puis ils ont mis ma maman dans une housse. Il n’y a pas eu de reposoir. On aurait aimé la voir dans son cercueil, une fois préparée. On n’avait même pas le droit d’approcher du cercueil. » Adeline avait une relation fusionnell­e avec MarieJosée. La séparation a été dure au moment de la crémation. Ses deux soeurs n’ont pas pu rendre visite à leur mère. Christian, le papa a vu partir son épouse à l’hôpital le 19 décembre et ne l’a plus jamais revue.

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(Photo DR) Adeline Cotton et sa maman, décédée de la Covid.

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