Émilie Guerel à l’écoute d’une profession à bout de nerfs
Hier matin, la députée de la 7e circonscription du Var a rencontré restaurateurs et hôteliers. L’objectif de cette réunion : faire remonter leurs difficultés au ministre de l’Économie
L «aissez-nous travailler ! Tous essentiels ». Si la banderole, accrochée au mur des bureaux du GNI (Groupement national des indépendants) situés dans la ZAC des Playes à Six-Fours, est résolument revendicative, la rencontre entre des restaurateurs et hôteliers de l’ouest Var et la députée de la 7e circonscription est détendue. Pourtant, de l’aveu même de Jean-Charles Ruggia, le président du GNI pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, restaurateurs, hôteliers, traiteurs, et autres patrons de discothèque sont « en survie ».
À l’initiative de cet échange avec les professionnels d’un secteur durement touché par la crise sanitaire et contraints à la fermeture depuis des mois, la parlementaire déclare d’entrée qu’elle est là avant tout « pour écouter et faire remonter les problématiques jusqu’à Bruno Le Maire », le ministre de l’Économie. Et comme pour mieux convaincre l’auditoire de son réel intérêt, elle confie : « Je sais vos difficultés. J’ai un beau-frère restaurateur à Fréjus qui risque de mettre la clé sous la porte ».
Et des difficultés, les professionnels varois du tourisme n’en manquent pas. Premier à prendre la parole, Michel, qui gère un hôtel 4 étoiles à Sanary, évoque le problème de la taxe de séjour. « Elle est forfaitaire sur la commune et calculée sur la période qui va du 15 juin au 15 septembre. On me demande de payer 21 000 euros, comme une année normale, alors que mon établissement a été contraint de fermer 5 mois en 2020 et que je n’ai collecté que 13 000 euros de taxe de séjour. Le système devient fou », se plaint l’hôtelier. Et le problème se répète avec la taxe foncière. « En janvier, ma banque a voulu prélever la totalité de la taxe foncière alors que Bruno Le Maire a annoncé un abattement de 50 %. On ne comprend plus rien », déplore Michel. En réponse, Émilie Guerel se veut rassurante : « Il y a un manque de réactivité de la Direction générale des finances publiques, mais tout rentrera dans l’ordre ».
« On a déjà fait beaucoup »
Propriétaire d’un restaurant à SixFours, Lucie touche 10 000 euros d’aide par mois. « C’est déjà bien, mais quand on a 6 000 euros de crédit sur le dos et 2 500 euros de loyer, ce n’est vraiment pas beaucoup. Je suis patronne et je gagne moins de 1 000 euros par mois pour vivre », lâche la jeune femme. Après 3 mois et demi de fermeture, Lucie, qui avoue s’être mise en maladie pour la première fois de sa vie, n’en peut plus. « On a juste besoin de travailler », lance-t-elle à la députée.
D’une manière générale, tous vantent les aides de l’État. « Attention au vocabulaire qu’on emploie. Ce ne sont pas des aides, mais des indemnisations. Il ne faut pas oublier qu’on est des victimes avant tout », tient à corriger Alain Monteiro, vice-président du GNI dans le Var. Certains déplorent néanmoins le mode de calcul de certaines de ces indemnisations. C’est le cas de Jeffrey, restaurateur sur le port de Toulon. « Les aides, c’est très bien, mais leur mode de calcul n’est pas logique. Certains restaurateurs, qui n’ont ouvert que cet été, touchent plus que les restaurateurs qui ouvrent habituellement à l’année », peste-t-il.
Lucie évoque une autre « injustice » .« Je continue de payer la licence IV alors que je ne l’utilise pas. Ne pourrait-on pas faire quelque chose ? », demande-t-elle. « Idem pour la Sacem », ajoute Christiane Thibault, présidente du GNI pour le Var.
Émilie Guerel prend note et relance le débat pour savoir si les restaurateurs ont eu recours au « click and collect ».« Avec le couvre-feu à 18 h, c’est moins rentable », fait remarquer un professionnel dans la salle. « Laissez-nous travailler. Qu’on puisse au moins rouvrir les terrasses », lâche un autre, « révolté » contre les contraintes subies. Et d’argumenter : « On nous oblige à fermer, mais le virus circule toujours. Les restaurants ne sont pas responsables de l’épidémie ».
La réouverture. Les professionnels l’espèrent autant qu’ils la redoutent. « On entend parler de protocole renforcé. On a déjà fait beaucoup. Si on perd encore des places, qu’on n’est pas en mesure de couvrir nos charges, autant rester fermés », avertissent-ils. Pour bien enfoncer le clou, Jean-Charles Ruggia ajoute : « À partir du moment où l’on rouvre, l’État devra poursuivre son accompagnement quelque temps ».
Décidément, Émilie Guerel va en avoir des choses à raconter à Bruno Le Maire